Makri, qui avait refusé d'engager son parti dans le scrutin du 12 décembre en raison de l'absence de conditions requises, considère aujourd'hui qu'il faut accorder «toutes ses chances» au nouveau Président afin de dégager un consensus national visant à sortir le pays de la crise qu'il traverse depuis des années. Après moult tergiversations, le Mouvement pour la société et la paix (MSP), dirigé par Abderrazak Makri, a annoncé officiellement son intention de prendre part au dialogue initié par le nouveau locataire d'El Mouradia, Abdelmadjid Tebboune. Makri, qui avait refusé d'engager son parti dans le scrutin du 12 décembre en raison de l'absence de conditions requises, considère aujourd'hui qu'il faut accorder «toutes ses chances» au nouveau Président afin de dégager un consensus national visant à sortir le pays de la crise qu'il traverse depuis des années. Faut-il rappeler qu'au lendemain du discours d'investiture de Tebboune, le parton du MSP s'est montré prudent quant à la main tendue au hirak par le pouvoir. Le MSP a qualifié le discours de rassembleur, mais il a affirmé que les Algériens ont déjà entendu des gouvernants des discours similaires, pour voir se concrétiser tout le contraire sur le terrain. Il dira à cet effet que son parti sera prudent et jugera sur la pratique. Aujourd'hui, le MSP ne veut pas manquer cette occasion et veut même contribuer aux réformes s'il est sollicité. Hier, lors d'une conférence de presse animée au siège de son parti, Makri a justifié ce revirement de situation par la concrétisation des revendications populaires, notamment le départ des 3B (Bouteflika, Bedoui et Bensalah). «Nous considérons que les facteurs qui ont empêché l'amorce d'un dialogue ne sont plus là, d'où notre disposition à adhérer au processus de dialogue et à contribuer aux réformes», a précisé le président du MSP, qui se dit être partisan de la conciliation. A la question de savoir si le MSP apportera son appui au Président mal élu ? Makri répond par un «oui», arguant que Tebboune est élu par une partie du peuple algérien, donc il est le Président de tous les Algériens ! «Mise à part la manière avec laquelle il a été élu, une partie des citoyens a voté pour lui, il est pour nous le Président de tous les Algériens. S'il agit correctement, nous le soutiendrons, s'il se trompe, nous le conseillerons, et s'il fait mal les choses, nous nous opposerons à lui avec les moyens légaux», a-t-il suggéré. S'agissant de la participation du MSP au prochain gouvernement, le MSP n'a pas été consulté pour sa constitution. «Pour le moment, aucune proposition ne nous a été faite», dit-il, précisant que sa position vis-à-vis de la future équipe gouvernementale qui sera annoncée prochainement est la même que celle qu'il a adoptée vis-à-vis du Président. «Nous sommes un parti de l'opposition, mais cela ne nous empêchera pas de travailler avec Tebboune. Il est du devoir de chaque Algérien de donner sa chance au nouveau Président dans l'accomplissement de sa tâche», insiste Makri, qui propose au nouveau président de faire attention dans sa démarche consensuelle en évitant les «bourdes commises par ses prédécesseurs», notamment dans la sélection de son entourage et de son cercle proche en débusquant «les corrompus et les opportunistes qui pourraient offrir leurs services». Sur le hirak, Makri pense que le mouvement populaire né le 22 février a permis de réaliser des avancées, mais il aurait pu atteindre tous ses objectifs s'il n'y avait pas les interférences idéologiques. «Le processus de changement n'est pas terminé et le hirak doit se poursuivre, et son rôle après le scrutin doit être d'accompagner les réformes, de maintenir un rapport de force qui garantisse l'intérêt général. Il y a au sein du hirak des gens sincères, aptes à le représenter dans le dialogue national», croit savoir Makri.