Le bureau exécutif national du Mouvement de la société pour la paix (MSP) a livré, hier, son évaluation de la situation politique d'après le scrutin du 12 décembre avertissant contre la reproduction de la gestion du président déchu Abdelaziz Bouteflika, tout en qualifiant le discours d'Abdelmadjid Tebboune prononcé à l'issue de son élection de "rassembleur". Une appréciation très mitigée.C'est ce qui ressort d'emblée de cette première déclaration du parti d'Abderrezak Makri, quelques jours après le déroulement d'une élection présidentielle boycottée par près de 60% des électeurs. Pour le MSP, le discours de Tebboune est susceptible de "réduire les tensions et d'ouvrir des horizons de dialogue et même d'aboutir à un consensus". Sa crainte est que "les Algériens ont déjà entendu des discours similaires contredits par des mesures appliquées sur le terrain". Sans préjuger de ce qu'il va arriver réellement cette fois-ci, le MSP reste prudent en exigeant des gages de bonne foi. Des préalables, dont la libération des détenus d'opinion, des manifestants, la libération du champ médiatique, la levée des restrictions imposées à la société civile, ainsi que l'intensification de la lutte contre la corruption. Le Mouvement de la société pour la paix appelle également "le système politique actuel à faire une lecture réaliste" des conditions du déroulement du dernier scrutin présidentiel, soutenant que celles-ci ont mis à nu "des divisions entre les partisans de l'élection et ceux qui la rejettent pouvant menacer l'harmonie sociale et l'unité du peuple algérien". Le MSP estime que le dialogue à engager "doit être transparent, responsable et crédible pour corriger les erreurs du passé et parvenir à un consensus global incarnant la volonté populaire". Se proposant d'être partie prenante de la résolution de la crise, cette formation politique conseille au nouvel occupant du Palais d'El-Mouradia de "créer un environnement politique rassurant, de réunir toutes les compétences nationales et surtout de reconnaître la profondeur de la crise et de tenter de surmonter les antagonismes du passé", précisant que la plateforme d'Aïn Benian élaborée par des personnalités politiques et des partis, dont le MSP, "a fourni de nombreuses solutions réalistes préservant le cadre constitutionnel tout en garantissant l'organisation de l'élection présidentielle dans des conditions consensuelles à moindre coût". Le bureau national exécutif du MSP pense, en outre, que "le mouvement populaire doit poursuivre son action pacifique, loin des manipulations", rappelant dans la foulée qu'il n'a pas présenté de candidat, ni soutenu aucun des cinq postulants à la présidentielle, "pour rester fidèle aux aspirations du hirak".