En politique, comme en tout, chasser le naturel, il revient au galop. Les partis islamistes ne comptent pas rester en marge du nouveau pouvoir. Abdelkader Bengrina se dit "certain" que le nouveau gouvernement comptera des ministres de son parti, tandis que le MSP, lui, répond favorablement à l'offre de dialogue du chef de l'Etat. Dans une conférence de presse animée à l'issue de la tenue de la réunion du bureau politique de son parti, Abderrezak Makri, président du Mouvement de la société pour la paix, estime que les conditions d'un dialogue "sont réunies" avec les nouvelles autorités depuis le départ des "Trois B". "Nous considérons que les facteurs qui ont empêché l'amorce d'un dialogue ne sont plus là avec notamment le départ des trois B exigé par le hirak comme préalable. Nous annonçons donc notre disposition à adhérer au processus de dialogue et à contribuer aux réformes", a estimé le président du parti islamiste, qui vient de revenir d'un Forum des partis islamistes tenu en Malaisie. Le patron du MSP, qui a refusé de participer à l'élection présidentielle, trouve même des vertus au nouveau chef de l'Etat. Il estime que "nonobstant la manière avec laquelle il a été élu, une partie des citoyens a voté pour lui et nous le considérons de ce fait comme le président de tous les Algériens. S'il agit correctement, nous le soutiendrons, s'il se trompe, nous le conseillerons et s'il fait mal les choses, nous nous opposerons à lui avec les moyens légaux". Habitué au double langage, Makri estime que le hirak doit "se poursuivre" parce que "les vrais changements" n'ont pas encore été "accomplis". "(…) Le processus de changement n'est pas achevé et le hirak doit donc se poursuivre et son rôle après l'élection présidentielle doit être d'accompagner les réformes, de maintenir un rapport de force qui garantisse l'intérêt général et d'aider au succès des réformes. Il y a au sein du hirak des gens sincères aptes à le représenter dans le dialogue national", a-t-il précisé tout en s'attaquant à des "déviations" idéologiques du hirak. De son côté, le candidat malheureux à l'élection présidentielle de décembre dernier a annoncé la participation de son parti au prochain gouvernement. Il a évoqué, dans une contribution publiée sur les réseaux sociaux, "une participation attendue" de son parti, El-Bina, au prochain gouvernement d'Abdelaziz Djerad. Il annonce que le sujet sera discuté lors d'une réunion de son conseil consultatif. Mais il laisse planer le doute sur le timing de cette entrée au gouvernement. "Nous n'avons discuté avec personne sur les priorités du travail ou de la formation du gouvernement, ou discuté des ministères qui devraient être affectés au mouvement El-Bina", a-t-il indiqué, tout en réclamant "la satisfaction des revendications de la jeunesse du 22 février pour construire une Algérie nouvelle, loin des pratiques du passé" et la mise en place d'un "projet économique et social ambitieux et participatif" qui redonne de "l'espoir" aux chômeurs. Une offre de service qui risque d'être entendue.