L'Algérie n'a pas subi de pressions ni de la France ni de l'Espagne concernant le Sahara-Occidental. Les diplomates ou responsables de ces deux pays qui sont venus à Alger, ces derniers jours, avaient apporté avec eux, seulement, des suggestions et des idées. » C'est ce qu'a déclaré, hier, Abdelaziz Belkhadem, ministre des Affaires étrangères, au forum de l'ENTV, à Alger. Le ministre a réaffirmé la position de principe d'Alger quant à ce dossier, qui privilégie « un règlement du conflit dans le cadre onusien », tout en rappelant le fameux plan Baker qui est toujours de mise. Précisant que le Sahara- Occidental n'est pas « une affaire » entre l'Algérie et le Maroc, mais elle concerne « les Sahraouis que notre pays soutient pour qu'ils aient leur autodétermination ». Revenant sur la venue du ministre marocain de l'Intérieur, M. Belkhadem, refusant toute médiation ou tutorat étrangers, a annoncé que « cela a pour but de développer le partenariat avec le Maroc, dans tous les domaines, sans aucune exception ». Il cite, entre autres, la lutte antiterroriste, le trafic frontalier et la libre circulation des personnes, avant d'enchaîner : « Nous sommes prêts à aller plus loin dans ce partenariat. » M. Belkhadem a évoqué, en outre, une commission bilatérale qui a déjà entamé son travail pour baliser le partenariat entre Alger et Rabat. « Notre objectif, c'est d'arriver à assainir les relations bilatérales », notera-t-il. Concernant l'Union du Maghreb arabe (UMA), M. Belkhadem se dit favorable à ce regroupement, mais qu'il n'y ait pas « de préalables ». Sur un autre chapitre, le premier diplomate algérien revient sur la visite de Michelle Alliot-Marie, ministre française de la Défense, la semaine dernière à Alger. Il a précisé que cela a été couronné d'« un accord militaire », mais qui est au stade « embryonnaire ». Cela étant, M. Belkhadem a nié tout déplacement de l'Armée nationale en France ou l'inverse. « C'est le président Chirac qui a invité son homologue Bouteflika pour prendre part aux festivités du 60e anniversaire du débarquement de Toulon. A cette occasion, nos forces navales participeront aux exhibitions militaires prévues », a-t-il indiqué, ajoutant que l'ANP « ne quittera jamais son territoire ». Interpellé sur l'arrivée massive de diplomates du nord du bassin méditerranéen dans notre pays, M. Belkhadem a refusé d'admettre l'idée d'« un pôle stratégique ». Il a ainsi indiqué que « notre pays ira partout où il trouve ses intérêts. Notre politique se base sur un échange d'intérêts. Nous ne ferons aucun accord tacite, au détriment d'un tel ou tel autre partenaire. Nous travaillons dans le sens d'entretenir nos relations avec tous nos partenaires ». Abordant le partenariat d'exception entre la France et l'Algérie, le ministre dit qu'il ne s'agit pas d'une nouveauté, car il y a eu auparavant des accords de bon voisinage avec l'Italie et l'Espagne. « Les intérêts communs que partagent Paris et Alger favorisent un tel accord, au vu d'abord de l'importance de notre communauté émigrée dans ce pays », a-t-il expliqué. Sur un autre sujet, celui des prisonniers algériens à Guantanamo, M. Belkhadem a précisé que les autorités algériennes n'ont pas été avisées de cette question. « Les seules informations que nous avons eues nous sont parvenues par le biais d'une lettre que l'un de ces prisonniers avait adressée à son épouse bosniaque, laquelle l'avait retournée à son beau-frère résidant à Alger. Ce dernier nous l'a transmise. Sinon, aucune autre famille nous a saisis », a-t-il indiqué. Depuis, a-t-il noté, l'Algérie a entamé des contacts avec les Etats-Unis à ce propos, en partant du principe qu'un « Algérien où qu'il se trouve reste sous la protection de son pays souverain ». Il n'a toutefois pas précisé le nombre de ces prisonniers en disant : « Il y en aurait peut-être huit. Je ne peux pas en être sûr. »