Des observateurs avertis estiment anormal qu'en situation d'état d'urgence, la police nationale vogue sans pilote. Quatre mois après l'assassinat de Ali Tounsi, son poste reste curieusement vacant. L'on en est toujours à s'interroger sur le suspense qui entoure la nomination du nouveau patron de la DGSN. Comment un poste dont l'importance stratégique dans le puzzle des services de sécurité du pays n'est plus à démontrer est resté sans chef ? Des observateurs avertis estiment anormal qu'en situation d'état d'urgence, la police nationale vogue sans pilote !Le maintien d'un intérimaire – Abdelaziz Affani – n'est pas pour rassurer, sachant qu'il ne peut engager ou prendre d'importantes décisions. Il est évident qu'un intérimaire est désigné pour gérer les affaires courantes. Mais au-delà, laisser tout un corps comme la police, avec ses 200 000 hommes, sans chef pendant une aussi longue durée dénote l'approximation avec laquelle est gérée l'une des institutions les plus importantes du pays. D'où la question : pourquoi un si long retard dans la nomination d'un successeur au défunt Ali Tounsi ? L'un des rares, sinon peut-être l'unique même à s'être exprimé sur le sujet, en l'occurrence Daho Ould Kablia, ministre de l'Intérieur, dans l'un de ses déplacements à l'intérieur du pays la semaine dernière, lève un coin de voile. Le département de l'Intérieur, dont dépend la Direction générale de la Sûreté nationale, a tout simplement fait savoir que « la désignation du directeur général de la Sûreté nationale fait partie des prérogatives du président de la République. » Soit. Mais alors, y aurait-il des difficultés pour que ce poste trouve acquéreur pour que l'on s'y attarde aussi longtemps ? Il n'empêche qu'il s'agit là d'un poste sensible. Voire un élément-clé dans l'architecture du pouvoir. A telle enseigne que d'aucuns se demandent si telle nomination (celle du patron de la police) ne requiert pas là aussi le fameux consensus des différents cercles décisionnels. En tout cas, il reste que le retard dans la nomination d'un DGSN reste énigmatique, tandis que l'affaire de l'assassinat de Ali Tounsi continue de soulever nombre de réactions. Les avocats du présumé assassin, le colonel Chouaïb Oultache, ont jeté, hier, un pavé dans la mare. Deux plaintes ont été déposées auprès du procureur du tribunal de Bab El Oued, à Alger. Une pour « faux » contre le juge chargé d'instruire cette affaire et l'autre pour « faux témoignages » contre les deux médecins légistes. Cette confusion cacherait-elle une velléité de « bâcler » l'enquête ?