Pour développer l'utilisation du GPL carburant (GPLC), il faut agir sur la taxe et donner des signaux au consommateur. Telle est la conclusion que le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, a livrée à la presse en marge de la journée d'étude sur la distribution des produits pétroliers qui a eu lieu à l'hôtel El Aurassi. « Les carburants propres seront dorénavant avantagés sur les plans prix et fiscalité pour la période 2005-2009 en étroite coordination entre les administrations des ministères de l'Energie et des Mines, des Finances et de l'Environnement », a indiqué le ministre à l'ouverture des travaux. « Les prix des produits pétroliers seront à cet effet établis de façon à inciter les promoteurs à développer les infrastructures nécessaires à la satisfaction des besoins nationaux et à encourager la consommation des carburants peu polluants tels que les essences sans plomb, le GPLC et le gaz naturel combiné de préférence à d'autres carburants », a précisé le ministre. Avec la libéralisation progressive des prix des produits pétroliers qui s'annonce, et pour ne pas provoquer de heurts sur un marché délicat, l'Etat envisage d'agir sur la fiscalité pour atténuer les effets de cette libéralisation et orienter la consommation vers des carburants comme le GPL, dont l'utilisation reste très faible comparativement à certains pays et aux réserves importantes dont dispose l'Algérie. Mais la composante coût et marge sera préservée pour permettre de plus grands investissements et pérenniser l'activité afin d'assurer une sécurité de l'approvisionnement du marché et aussi garantir la viabilité des entreprises qui interviennent dans le secteur. Intervenant au début de la rencontre, le PDG de Sonatrach, Mohamed Meziane, a noté que la demande en produits pétroliers a plus que doublé ces vingt dernières années, tirée par les carburants, notamment le gasoil, et elle est appelée à croître avec la croissance attendue et le développement du niveau de vie des citoyens. Il a déclaré que Sonatrach s'engagera à développer sa capacité de raffinage pour répondre à la demande et satisfaire les exigences du marché international. Au vu du bilan de la consommation énergétique nationale en 2004, Le GPLC, pourtant promu au rang de carburant de l'avenir au début des années 1980, est encore faiblement utilisé. Selon les chiffres fournis par l'Agence nationale pour la promotion et la rationalisation de l'utilisation de l'énergie (APRUE) et présentés par Karima Aït Saïd, chef de projet études et planification, l'utilisation du GPLC représente 6% du bilan transport. Ce même bilan est marqué par une croissance importante du gasoil. La répartition modale des consommations énergétiques du secteur montre que 86% du bilan national des transports sont le fait de la circulation des automobiles, dont 47% sont des consommations de gasoil et 7% des consommations de GPLC. Le même type de constat a été fait par le président de l'Association des installateurs des GPLC, Benyoucef Arachiche, qui a considéré que les résultats atteints depuis 1983 étaient décevants puisque le nombre de véhicules qui roulent au GPL ne dépassent pas les 100 000. Pour surmonter les obstacles, il a préconisé « un engagement des pouvoirs publics à instaurer et à maintenir à long terme une fiscalité favorable au GPLC tel que cela est pratiqué par tous les pays où il y a une volonté politique à développer l'utilisation du GPL comme carburant ». L'autre proposition consiste à élaborer un système de financement de la conversion à travers soit des crédits remboursables, soit des aides financières. L'orateur a cité l'exemple de la Grande-Bretagne où les utilisateurs de GPL sont exemptés de la vignette et bénéficient de certaines réductions au niveau des taxes. Même la reine d'Angleterre s'est mise de la partie pour donner l'exemple, puisque, selon M. Arachiche, elle utilise une Roll Royce équipée au GPL. Si en Algérie le nombre de véhicules convertis au GPL est à peine estimé à 100 000, en Italie il serait de 1 350 000, en Pologne de 840 000 et en France de 200 000. Dans son intervention à l'ouverture de la journée, le ministre a fait un bilan exhaustif depuis l'ouverture du secteur aval à l'investissement privé en 1997. Le privé a investi en lançant 134 stations-services, 3 centres de stockage et de distribution des carburants, 43 centres de stockage et de distribution des lubrifiants, 9 centres enfûteurs GPL, 4 unités de formulation de bitume, 85 extensions de stations-services de GPLC, 1 unité de régénération des huiles usagées et 1 unité de formulation et de distribution des lubrifiants. Le nombre de nouveaux projets en cours de réalisation serait d'environ 500 et générerait près de 10 000 emplois supplémentaires, selon le ministre.