L'élimination de la sélection nigériane de football au premier tour de la Coupe du monde en Afrique du Sud lui aura coûté cher. Dans une décision pour le moins qu'on puisse dire inacceptable, le chef de l'Etat nigérian, Goodluck Jonathan, vient de prononcer une suspension des Super Eagles de toutes compétitions pendant deux ans. « Le Président a ordonné le retrait du Nigeria de toutes les compétitions internationales de football pendant les deux prochaines années pour permettre au pays de réorganiser son football », indique un communiqué de Ima Niboro, conseiller spécial du chef de l'Etat. Le Nigeria s'est jeté tout simplement dans la gueule du loup. Si cette décision venait à être mise en application, le Nigeria s'attirera sans doute les foudres de la toute-puissante Fédération internationale de football (FIFA). Les règlements de cette dernière interdisent toute immixtion gouvernementale dans les affaires du football. Les sanctions seraient tellement sévères que le président nigérian n'aura même pas le temps « de réorganiser son football ». Sanctionner une équipe nationale ne fera nullement profiter le football nigérian. De pareilles décisions (à haut risque) ne se prennent pas à la hâte. Le dialogue entre spécialistes et responsables est le meilleur moyen pour trouver des solutions concrètes et efficaces. Un dialogue qui aurait permis plutôt de comprendre le pourquoi de la déchéance de l'équipe nigériane qui n'a pu réaliser ses objectifs de l'année en se contentant d'une troisième place lors de la CAN en terre angolaise et d'un séjour éclair en Afrique du Sud. Suivant la logique des autorités nigérianes, est-il possible de réorganiser le football, instrument de manœuvres politiciennes par excellence dans les pays du tiers-monde, en un laps de temps aussi court (deux ans) ? La réponse est simple : impossible ! Les nations qui dominent le football mondial sont en train de récolter les fruits de longues années de labour. L'Algérie semble avoir compris la leçon en engageant un gros chantier pour la professionnalisation de la discipline et la formation des jeunes talents. La machine, malgré toutes les incohérences constatées par les spécialistes a été mise en branle depuis peu. Les (bons) fruits seront cueillis toutefois à long terme. En attendant, nos émigrés, produits de l'école de football française, maintiennent temporairement le wagon sur rail.