La nébuleuse terroriste paraît plus active, ces dernières semaines, dans certaines localités enclavées de la wilaya de Tébessa, devenues pour la plupart des zones de repli vu que ces monts sont difficiles d'accès. Les groupes tuent surtout des civils en recourant à l'attentat à la bombe et aux assassinats. Selon un observateur, « ces incursions sporadiques seraient comme un défi à la campagne d'éradication de ce fléau et une manière de montrer à l'opinion publique que la horde sanguinaire existe toujours ». Ceci au moment où l'on croyait à la décrue des actes de violences dans la région durant ce premier semestre 2010, surtout après que les services de sécurité eurent mis hors d'état de nuire les plus dangereux émirs de ces groupes appartenant à katibat El Haoual. En 2007, l'émir Atrous avait été abattu dans une embuscade ; un autre coup dur a été porté à ces sanguinaires par la capture d'un autre émir vivant, Khadhraoui, au lendemain de l'attaque à la RPG 7 contre un convoi de la gendarmerie qui assurait le transport des urnes lors de l'élection présidentielle, en avril 2009 ; trois autres émirs originaires de Tébessa, qui avaient rejoint le maquis en 1995, ont été abattus plus tard par les forces combinées dans le massif de El Malabiod. Actuellement, des terroristes activent dans la région sud de Bir El Ater et de Stah Guentis, entre les wilayas de Khenchela et Tébessa, en commettant des attentats à la bombe. Une vingtaine de personnes, entre civils et militaires, en ont fait les frais depuis mars 2009 ; le dernier attentat a été perpétré vendredi dernier à Gabel Boudjelal, faisant 2 morts et 2 blessés graves à la suite de l'explosion d'une bombe. Une semaine auparavant, 5 personnes, jeunes pour la plupart, ont été assassinées à bout portant lors d'une fête de mariage. Selon un ancien officier militaire spécialisé dans la lutte antiterroriste, « cette recrudescence dans la région de Tébessa n'est pas la preuve qu'il y a de nouvelles recrues dans les rangs des ces groupes qui appartiennent à la branche d'Al Qaîda, une filière qui facilite le recrutement de volontaires prêts à se donner la mort, mais une riposte aux pertes subies durant plusieurs mois déjà. Les quelques attaques enregistrées jusque-là contre des villageois désarmés montrent que ce groupe, qui ne compte pas plus de onze membres, est à bout de souffle ». Un GLD qui lutte depuis plusieurs années contre les groupes terroristes de la région estime quant à lui que « ce qui s'est passé à Tébessa ces derniers temps participe plus des règlements de compte ; la plupart des assaillants sont de la région de Tébessa ; ce sont des conflits tribaux concernant surtout le partage de butin, à l'exemple de l'assassinat perpétré contre un commerçant l'année passée ». Mais au-delà de la lecture qui peut être faite sur le regain d'activité terroriste dans la région, l'inquiétude est grandissante chez la population qui voudrait bien croire aux assurances des officiels sur le « dernier quart d'heure » de la bête immonde mais qui vit depuis au moins quelques semaines avec la menace des attentats et des embuscades.