Les deux attentats ont été perpétrés à moins d'un kilomètre à vol d'oiseau des frontières tunisiennes. Au moment où les forces de sécurité algériennes ratissent la région, leurs homologues tunisienne sont en alerte maximale. Alors que les dépouilles mortelles des 5 victimes de l'attentat d'avant-hier, perpétré dans la région de Chetabïa, n'ont pas encore été mises en terre, 2 autres personnes ont perdu leur vie, hier, dans l'explosion d'une bombe artisanale dans la région de Berzeguene, située sur l'axe Houidjebet-Oum Ali-El-Ma Labiod, dans la wilaya de Tébessa. Hier, vers 10 heures du matin, à une soixantaine de kilomètres au sud de la ville de Tébessa, une autre bombe artisanale explosera au lieu-dit Oued Smaya, dans la région de Berzeguene, relevant de la commune d'El-Ma Labiod. Deux personnes d'une même famille, comme ce fut le cas pour les 5 victimes de l'attentat de dimanche, seront tuées sur le coup. Les deux victimes, originaires de la localité de Bekkaria, se rendaient à Berzeguene pour inspecter leur lopin de terre. Il s'agit de Tahar Bouguerra, âgé de 65 ans, paysan et membre des GLD, ainsi que son fils Mohamed, âgé de 16 ans. Hier, 15h30 ; la tension était encore perceptible à l'hôpital Allia de Tébessa, notamment devant la morgue. Après les proches des 5 victimes de l'attentat de dimanche matin qui ont récupéré, la veille, les corps des leurs, c'est au tour des parents des victimes de l'attentat du matin d'investir les lieux, les larmes aux yeux et la colère à peine contenue. L'aîné des Bouguerra est là, c'est lui qui a procédé à la reconnaissance du corps de son père et de celui de son frère cadet. “On avait du mal à reconnaître mon père, car son corps était complètement déchiqueté par l'intensité de la déflagration”, nous dira son fils cadet, âgé de 18 ans, et qui n'arrêtait pas de pleurer la mort “prématurée” de son père. Sur le terrain des opérations, l'avancée des services de sécurité est difficile. En effet, l'opération de ratissage déclenchée au lendemain de l'attentat de dimanche, au niveau de la bande frontalière sud-est et sud du pays, a permis à ces derniers de localiser le groupe terroriste à l'origine de l'attentat. Les forces combinées, appuyées par une unité héliportée, ont entamé leur avancée vers les positions de ce qu'on pourrait qualifier de l'une des plus sanguinaires phalanges du GSPC, à savoir katibet El-Feth El-Moubine que certaines sources avaient pourtant donné pour éradiquée après la neutralisation, en 2007, de ses deux “émirs” Khemissi Chaïb alias El-Atrous et Hassouna, dit Feraoun. Lors de cette avancée, les artificiers procédaient au déminage de la région. Quatre bombes artisanales placées par les terroristes afin de ralentir le mouvement des troupes ont été désamorcées hier. Elles s'ajoutent aux 4 autres qui ont été désamorcées la veille. On peut lire la signature des “takfiristes” du GIA qui semaient des mines le long des territoires où ils agissaient afin de faire le maximum de victimes, y compris au sein des populations civiles. Une véritable politique de la terre brûlée pour réaliser le maximum de panique dans ces territoires enclavés. Toujours, selon nos sources, une unité de l'ANP a accroché, hier matin, des terroristes dont certains auraient été abattus ou blessés, si l'on se fie aux importantes traces de sang relevées sur les sentiers battus de cette région fortement boisée. Ainsi, en moins de 24 heures, les groupes islamistes activant pour le compte de la nébuleuse terroriste ont assassiné 7 personnes dont 5 civils. Ils ont, dans la nuit de samedi à dimanche, égorgé un berger et 300 têtes ovines qui faisaient vivre sa famille et une partie des villageois. Le lendemain, soit dimanche matin, 4 autres personnes, membres de la même famille, seront tuées suite à l'explosion d'une bombe artisanale enfouie sous terre par les terroristes qui continuent d'écumer les maquis de Tébessa considérés, autrefois, seulement comme base de repli et d'entraînement des groupes terroristes du GSPC. Hier, c'est un paysan et son fils qui seront assassinés, alors qu'ils se rendaient à leur lopin de terre, leur source de survie pour eux aussi. Lynda Nacer/MaÂlem Hafid