Un polar. Des contes. Un thriller politique. Cet été, ne partez pas en vacances sans un livre. Et si vous ne savez que choisir, la rédaction d'El Watan Week-end a sélectionné ses coups de cœur disponibles en Algérie… Ce que la guerre fait aux hommes Au fin fond de la France tranquille, dans un village où tout le monde se connaît, où de terribles secrets de famille dorment sous la brume hivernale et l'ennui, dans ce décor presque paisible du présent, éclate un passé cruel, sans fard, ravageur, qui ne laisse aucune âme en paix. Cet été, ne partez pas en vacances sans Des hommes, le dernier roman de Laurent Mauvignier, édité chez Barzakh. Lors d'une réunion de famille et de voisins, Feu-de-bois, semi-clochard colérique et alcoolique, exclu de l'assemblée, se venge en s'attaquant à la seule famille algérienne du village. Pourquoi agresser ses paisibles voisins qui vivent ici depuis des années ? Feu-de-bois, son cousin et d'autres « anciens d'Algérie » vomissent alors leur passé. La guerre les a brisés. D'un coup. Sans aucune salvation. Ils ont tout vu, tout fait : ont vu, commis ou subi des horreurs. Là-bas, loin, sous le soleil, un pays en guerre qu'ils découvrent jeunes, presque naïfs, la peur au ventre. On leur explique qu'ils deviendront, là-bas, des hommes. Ils reviennent de l'enfer en se demandant ce qui reste d'humain en eux. Un roman puissant, certainement un des plus grands romans sur ce que la guerre fait aux hommes. Par : Adlène Meddi Les âmes perdues de Sami Tchak Sami Tchak confirme à nouveau, dans ce roman, qu'il est un des rares écrivains africains qui, en abandonnant ses personnages aux jeux dangereux de leur luxure, sait introduire le lecteur dans un univers surréaliste. Filles de Mexico est le dernier ouvrage édité chez APIC et disponible dans toutes les librairies de la capitale. Sami Tchak plonge le lecteur dans les abysses infernaux des pulsions sexuelles dans lesquels s'abîme le protagoniste principal du récit, Djibril Nawo, un écrivain français d'origine togolaise, au cours de ses périples dans les bas-fonds de la mégalopole mexicaine. Il suscite le mépris chez les uns, la fascination et le désir chez les autres. Des bas-fonds aux quartiers huppés, Djibril arpente la ville et croise une multitude de personnages, inquiétants, attachants ou simplement étranges. La rencontre avec Deliz Gamboa sera cruciale : le charme de cette poétesse colombienne n'a rien à voir avec celui des prostituées mexicaines. Filles de Mexico est une œuvre provocante qui se fait également guide touristique des capitales de pays où les inégalités sociales sont « normales ». Par : Faten Hayed Suspense en Palestine Matt Rees est un journaliste installé à El Qods occupée, ancien correspondant de presse pour le Time Magazine. En créant le personnage de Omar Youssef, Matt Rees a rejoint les grands du polar. Son terrain d'enquête : la société palestinienne, sur laquelle Omar Youssef, héros atypique et charismatique, pose un regard passionné et inédit. La qualité de l'intrigue et un sens aigu du suspense ont fait le reste. Le Collaborateur de Bethléem, premier tome de la triologie, inaugure les enquêtes de ce vieux professeur d'histoire idéaliste, transformé en détective privé pour éviter la mort à l'un de ses anciens élèves, qu'il sait innocent des crimes dont on l'accuse. Torturé dans sa jeunesse et révolté par la corruption qui l'entoure, il nous fait voir la violence permanente qui traverse ces territoires occupés. Après Une tombe à Gaza, dans Meurtre chez les Samaritains, le Hercule Poirot du Proche-Orient mène sa troisième enquête à Naplouse, après la mort du fils du prêtre des Samaritains. Vous ne pourrez qu'être séduits par ce héros malgré lui. (En Livres de poche). Par : Kamel Boudjemil Le Grain magique, pour tout oublier Amachahou ! C'est ainsi que commence tout conte kabyle qui se respecte. Le conteur doit entendre en retour Ahou !, signe de concentration de ses auditeurs et leur signal de départ. Et le lecteur a le droit légitime de ne pas commencer son histoire s'il n'entend pas ce mot magique... Taos Amrouche nous invite à découvrir les contes et les légendes kabyles en appréciant l'univers magique qui l'entoure à travers les mots de la langue de Voltaire. Si magique qu'il peut vous faire oublier où vous êtes en le lisant, vous faire oublier les impacts de balles, les bombes ou la violence extérieure... A jamais, ce livre sera associé à un feu de cheminée et à un jeune-vieil homme qui me racontait d'une voix apaisante l'histoire d'ogresses mangeuses d'enfants, au point où je n'en avais pas peur, non ! J'avais juste envie de trouver la porte qui mènerait vers cet autre monde qui paraissait si beau ! Ce livre est toute mon enfance et lui ressemble tant : du chaos, de la tendresse et de l'amour. Je parie que si vous le commencez, vous ne pourrez plus vous arrêter… Alors Ahou ! (Editions Mehdi) Par : Yasmine Bouchène Le passé devant soi, premier roman éblouissant Le Rwandais Gilbert Gatore aime susciter l'intrigue, se jouer parfois des sentiments des lecteurs et basculer dans la fantaisie. « Cher inconnu, bienvenue dans ce récit. Je dois t'avertir que si avant de mettre un pied devant l'autre, il te faut distinguer le sentier incertain qui sépare les faits et la fable », écrit-il dès l'entame de son roman, Le Passé devant soi, paru aux éditions Chihab à Alger. Ceux attachés à la logique et au bon sens risquent de se tromper de chemin dans cette œuvre romanesque à l'écriture aussi éblouissante qu'émouvante. Si le livre peut paraître « politique », il reste attaché à la valeur essentielle de la littérature, l'humain dans ses tourments, ses joies et ses peines. Le Passé devant soi, qui est déjà un titre mélancolique, s'inspire de la guerre civile du Rwanda. Il y a comme une volonté de Gilbert Gatore, 29 ans, de se libérer de quelque chose de terrifiant, de lourd et de sombre, mais sans le montrer. Rien que pour cela, ce roman, le premier de ce jeune diplômé des sciences po Paris, mérite d'être lu. Par : Fayçal Métaoui La Politique sous les draps Une plongée dans l'univers underground londonien, Politique est un roman qui traite de la vie moderne et des problématiques contemporaines. C'est l'histoire de Moshe, la trentaine, acteur juif intello, en proie à sa judéité, relativisant le tout et vaguement mou. Mais il rend tout de même heureuse sa petite amie Nana, une étudiante blonde en architecture d'1,80 m, à la découverte de sa sexualité. En effet, Nana couche aussi avec Anjali, une jolie petite actrice de publicité, raide, dingue de films bollywoodiens, à la recherche d'explications sur son homosexualité, mais pas trop quand même. Anjali est également « très amie » avec Moshe. L'auteur saupoudre son ouvrage de propos confus sur la morale, les mœurs, la société, le cinéma comme on peut le faire tous les jours selon nos humeurs. Au lecteur, aucun détail n'est épargné. Ames sensibles s'abstenir. Deux originalités composent ce bouquin : d'abord la comparaison de situations d'extrême orgasme avec celles vécues par des hommes politiques dans l'exercice de leurs fonctions. Ensuite, cette manière - à tout bout de champ – de faire plonger le lecteur dans des situations saugrenues. Le roman d'Adam Thirwell a été adapté en 2007 au cinéma par Christophe Honoré, Les Chansons d'amour. Par : Zouheir Aït Mouhoub
