L'Union européenne va déployer une nouvelle mission navale, à l'est des côtes de la Libye, pour empêcher les livraisons d'armes aux belligérants de ce pays, ont annoncé hier plusieurs ministres des Affaires étrangères à l'issue d'une réunion à Bruxelles. «L'UE va déployer des navires dans la zone à l'est de la Libye pour empêcher le trafic d'armes, mais si cette mission devait provoquer un afflux de bateaux de migrants, elle sera arrêtée», a précisé le chef de la diplomatie italienne, Luigi di Maio. «Il s'agit d'une mission pour lutter contre le trafic d'armes. L'opération Sophia n'existe plus», a-t-il insisté, en référence à une mission de l'UE qui visait aussi à combattre le trafic de migrants souhaitant rejoindre les côtes italiennes et maltaises. L'unanimité des 27 Etats de l'UE était nécessaire pour lancer cette nouvelle mission. Elle a été trouvée, lorsque l'Autriche a levé ses réserves après avoir obtenu satisfaction sur ses demandes, a expliqué son ministre Alexander Schallenberg. «La mission Sophia en Méditerranée est terminée», a-t-il confirmé. Le chancelier autrichien, Sebastian Kurz, considérait Sophia comme «un billet d'entrée en Europe pour des milliers de migrants clandestins». «Le consensus est pour une opération militaire, pas pour une mission humanitaire et les navires croiseront dans une autre zone que celle de Sophia», a affirmé M. Schallenberg. «Si un effet d'appel d'air est constaté, si les passeurs de migrants l'utilisent, alors les navires seront retirés», a-t-il insisté. Selon Heiko Maas, le chef de la diplomatie allemande, «cet accord est positif, parce qu'il permet à l'Union européenne de contribuer au contrôle de l'embargo avec une nouvelle mission». L'opération Sophia décidée par l'UE en 2015, au plus fort de la crise des réfugiés, avait une double mission : lutter contre les trafiquants d'êtres humains et contrôler le respect de l'embargo de l'ONU sur les armes à destination de la Libye. Son mandat a été prolongé jusqu'au 31 mars 2020, mais elle n'est plus opérationnelle en mer depuis le printemps 2019, et n'était poursuivie qu'avec des moyens de surveillance aériens et satellitaires. Les Etats membres ont en effet retiré leurs navires à cause du refus de l'Italie de laisser débarquer sur son territoire les migrants sauvés en mer, faute d'accord entre les Etats de l'UE pour les prendre en charge.