Intervenant dimanche à Club des Pins, à Alger, à l'ouverture de la réunion gouvernement-représentants des collectivités locales, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a donné des instructions fermes aux chefs des exécutifs des wilayas pour lutter contre le gaspillage et rationaliser la dépense publique. Il a cité, à cet égard, le recours injustifié aux longs cortèges officiels de véhicules observés lors des visites sur le terrain des ministres et des walis, ainsi que les «zerdate» organisées traditionnellement pour l'occasion, tout en appelant à bannir la tentation à la ripaille et à la folklorisation devant laquelle succombent nos responsables. La rationalisation de l'utilisation des moyens de l'Etat à travers une politique de réduction de son train de vie a toujours figuré en bonne place dans les plans d'action des gouvernements successifs mais sans jamais avoir été suivie d'effet. Même lorsque la crise s'est durablement installée dans le pays, des agents de l'Etat, à tous les niveaux de responsabilité, ont continué à se comporter, dans leur gestion de l'argent public, avec la même mentalité dépensière et laxiste qu'au temps béni des vaches grasses. Les niches du gaspillage de l'argent public sont connues et identifiées. Les budgets de fonctionnement des institutions de l'Etat, des ministères, des administrations et des entreprises publiques ont littéralement explosé durant les années fastes. Avec la même boulimie, on continue encore, aujourd'hui, en dépit de la crise, à dépenser sans compter, à gaspiller outrageusement. L'Etat, qui est censé donner l'exemple aux citoyens en matière de rationalisation de l'utilisation des deniers publics, refuse de s'administrer une cure d'amaigrissement en renonçant aux dépenses de confort et de prestige. Des économies d'échelles insondables peuvent être faites dans la gestion des deniers publics au niveau de nos collectivités locales, des universités, entreprises, dans la politique de l'emploi, dans les missions à l'étranger en mettant un terme aux voyages de complaisance, en matière d'octroi des subventions au mouvement associatif, au niveau de nos missions diplomatiques à l'étranger, du train de vie de l'Etat d'une manière générale… En temps de crise, les pays qui ont le souci de la morale publique n'hésitent pas à donner l'exemple en opérant des coupes sombres, jusque dans les salaires du président de la République, des ministres, des parlementaires, des hauts fonctionnaires de l'Etat et des patrons des grandes entreprises publiques. Le plan d'austérité touche même le corps diplomatique, qui réduit ses effectifs au niveau des représentations diplomatiques, consulaires et cultuelles à l'étranger, là où l'intérêt du pays le commande. Mieux, des ambassades sont temporairement fermées et leurs personnels rapatriés. Des actifs de patrimoine immobilier détenus à l'étranger sont mis en vente pour renflouer les caisses de l'Etat. Chez nous, on fait tout le contraire. Plus le pays s'enfonce dans la crise, plus les dépenses de l'Etat s'envolent et le déficit du budget du Trésor public se creuse davantage. Depuis l'apparition de la crise, les budgets de certains secteurs toujours bien lotis dans le budget de fonctionnement annuel de l'Etat ont été maintenus à leur niveau maximum habituel, quand ils n'ont pas connu de hausse. Mieux : l'organigramme du gouvernement s'est même offert le luxe de s'enrichir de nouveaux postes ministériels et de secrétaires d'Etat, dans une conjoncture économique et financière difficile où le bon sens et la raison commandaient la mise en place d'un Executif resserré pour réduire les dépenses de fonctionnement de l'Etat. Si véritablement les nouveaux dirigeants du pays ont à cœur de rationaliser les dépenses de l'Etat, le premier geste hautement symbolique qui s'impose à eux, c'est de libérer la résidence d'Etat de Club des Pins – un gouffre financier pour le Trésor public – de ses pensionnaires, entre ministres et cadres de l'Etat, qui y résident aux frais du contribuable, avec la perspective d'ouvrir son accès au public.