La baisse des prix a donc affecté le budget de l'Etat puisque la fiscalité pétrolière contribue à hauteur de 60 à 80% au budget de l'Etat. Les recettes provenant des hydrocarbures, qui représentent 96% des revenus externes de l'Algérie, ont drastiquement baissé tout au long de l'année 2014 et poursuivent leur baisse cette année. Si au début, le gouvernement a continué d'adopter une attitude rassurante face à l'effondrement du prix du pétrole, contraint, il a fini par admettre la réalité de la nécessité d'aller vers des mesures d'austérité. Un premier train de mesures d'austérité a d'ailleurs été adopté, comme le gel du recrutement dans la Fonction publique, le report des grands projets dont le caractère n'est pas urgent et des restrictions sur les dépenses de fonctionnement des administrations et institutions publiques. C'est le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui a fait cette annonce tout en faisant allusion à un gel des hausses de salaire. Abdelmalek Sellal a rassuré en outre que «le gel des recrutements ne concernera pas les secteurs stratégiques comme la santé, l'éducation et l'enseignement supérieur, précisant que la réalisation des projets relatifs à ces secteurs inscrits au titre du prochain plan quinquennal sera maintenue». Et afin de compenser la baisse des recettes pétrolières, le gouvernement compte sur le recouvrement de 60 milliards de dollars de créances fiscales en souffrance, comme l'a annoncé le ministre chargé des Relations avec le Parlement. «Les créances fiscales que les entreprises et administrations algériennes doivent à l'Etat s'élèvent à 60 milliards de dollars, soit l'équivalent d'une année entière de recettes pétrolières, principale ressource du pays», a déclaré M. Mahi, indiquant qu'il s'agit d'«une manne qui pourrait renflouer les caisses du Trésor public». Ce qui est certes vrai, mais il faudrait d'abord que le gouvernement réussisse à récupérer cette somme. Faut-il rappeler que le gouvernement est actuellement dans l'incapacité de collecter l'impôt dans d'autres secteurs notamment l'informel. Et si aucune rentrée d'argent ne vient réguler les recettes, l'Algérie sera obligé de puiser fortement dans le Fonds de régulation des recettes (FRR), autrement dit, le pays va commencer à dépenser son épargne. Pour le moment et à en croire, les premiers gestionnaires du pays, l'Algérie n'en est pas là. Selon le président de la République qui a qualifié la crise pétrolière de «sévère», il n'est cependant pas question de remise en cause de la politique d'investissements publics, qui demeure le moteur de la croissance et de la création d'emplois. Le chef de l'Etat a même décidé de maintenir son programme quinquennal (2015/2019) d'un montant de près de 250 milliards de dollars. En fait, il semblerait que le gouvernement a anticipé, depuis l'été dernier, sur la chute des prix du pétrole en prenant des mesures préventives pour faire face à cette éventualité et que l'Algérie qui a tiré les enseignements de la crise de 1986, a arrêté le budget de l'Etat et les dépenses publiques sur la base d'un prix référentiel à 60 dollars le baril. Malgré cela, il est attendu un effort du citoyen algérien afin de faire face à la crise. Car même si le Premier ministre a annoncé que «l'Etat algérien maintiendra le pouvoir d'achat du citoyen et consacrera la souveraineté de ses décisions économiques», il a insisté sur l'importance de rationaliser les dépenses publiques. Le chef de l'Etat, lui, a été plus clair en chargeant le gouvernement d'informer et de rassurer l'opinion publique sur les effets de cette crise sur l'économie nationale, et de mobiliser les Algériens contre «le gaspillage». Le gaspillage est malheureusement un phénomène qui a tendance à devenir un fait de société en Algérie notamment en ce qui concerne certains produits de large nécessité et soutenus par l'Etat comme le pain ou encore la consommation de l'énergie électrique, des carburants, de l'eau, et même des médicaments. La facture des achats de céréales pour l'année 2014 a dépassé les 2 milliards de dollars, celle des médicaments n'en n'est pas loin ! Il est donc attendu des Algériens de faire des efforts pour faire face à cette situation de crise, d'adhérer volontairement et pour le bien de tous à cette politique d'austérité afin d'alléger la charge financière du Trésor public, en ces temps durs de baisse des prix du pétrole. D'ailleurs, en application des recommandations du président de la République, le gouvernement a installé deux groupes de travail pour définir les mesures de rationalisation des importations et de lutte contre l'évasion des capitaux, comme l'a indiqué le ministre du Commerce, Amara Benyounès, dans un entretien à l'APS. Il est aussi question d'un programme national visant à promouvoir l'efficacité énergétique et à lutter contre le gaspillage d'énergie dans tous les secteurs. Ce qui est attendu du citoyen, c'est d'accompagner ces mesures en acceptant de rationaliser sa consommation des produits importés dont le coût en dollars est de plus en plus cher, notamment en ce qui concerne le pain ou encore les produits laitiers, mais aussi de réduire sa consommation d'énergie. Il est attendu du citoyen d'accepter cette période d'austérité et d'éviter des mouvements de protestations et de grèves, car, en plus de ces restrictions, le citoyen devra comprendre que l'Etat n'est pas en mesure d'aller vers de nouvelles augmentations de salaires. H. Y.