M'hamed Houaoura vient de signer aux éditions Dar El Gharb son deuxième livre intitulé La plume et le combat, témoignages sur les pulsations du journal d'un pays colonisé, l'Algérie. Dans cet entretien, l'auteur, vous donne, à vous lecteurs, quelques pistes de compréhension sur le sujet traité dans son ouvrage. – Après Yamina Oudaï, l'héroïne oubliée, vous revenez dans l'univers de l'écriture avec un livre intitulé La plume et le combat, consacré à des témoignages de figures de proue de la Révolution algérienne… Côtoyer des femmes et des hommes et entendre leurs histoires passionnantes, leur combat durant les moments difficiles traversés par notre pays pour arracher leur liberté, non pas avec des bombes ou des armes à feu, mais juste avec leurs stylos, leurs crayons, c'était extraordinaire. Chaque témoin avait d'ailleurs écrit son histoire. En plus, il y avait parmi ces intellectuels patriotes des Algériens issus de toutes les régions du pays, mais surtout des citoyens algériens d'origine européenne. Ces témoins auraient pu travailler et vivre dans l'opulence pendant que le peuple algérien menait sa lutte contre le colonialisme. Ces femmes et ces hommes armés de leur foi et leur courage avaient choisi le sacrifice pour l'indépendance de l'Algérie. Tout cela m'a captivé au plus haut point et m'a incité à rapporter leurs témoignages dans cet ouvrage. D'ailleurs, je ne suis pas le seul à écrire sur ce sujet. – Comment vous est venue l'idée de vous intéresser à ce thème et comment s'est fait le choix de ces quatre personnages historiques, dont Zahir Ihadadène, Lamine Bechichi, Pièrre Chaulet ou encore Evelyne Lavalette ? En effet, il s'agit du résultat de mes contacts avec des authentiques patriotes algériens. Chacun avait son récit particulier sur son combat pour l'indépendance de notre pays. Je voulais mettre l'accent sur le rôle du journaliste dans les moments difficiles. Ainsi, l'idée m'est venue de mettre en lumière le rôle du journaliste dans la lutte pour la libération de son pays est venue. Alors, suite à moult démarches personnelles et de contacts, je peux citer la moudjahida Zoubida Amirat, à titre d'exemple, qui m'a permis de prendre attache avec Evelyne Lavalette et Pierre Chaulet. J'ai pu rencontrer ces personnalités et enregistrer leurs témoignages. Dommage, j'aurai souhaité avoir plus de matières et témoignages. J'ai raté par exemple Réda Malek, car il était fatigué. Hélas, des témoins étaient décédés, d'autres trop âgés et ne pouvaient pas répondre à mes sollicitations en raison de leur état physique qui les en empêchait. Modestement, je n'ai pu consigner sur ce livre que quatre témoignages. – Comment avez-vous fait pour approcher et récolter tous ces témoignages auprès des personnes en question ? Comme je viens de le souligner, la tâche n'était pas aisée. Je considère que ces personnalités font partie des monuments du secteur de la communication et de l'information en dépit des faibles moyens mis à leur disposition. Il y a d'autres journalistes qui se sont sacrifiés et que je ne peux pas tous citer. La seule chose qui demeurera gravée dans mon esprit jusqu'à ma mort, c'est incontestablement leur très fort attachement à l'Algérie, leur intelligence, leur humilité, leur intégrité, leur pureté, leur courage, leur disponibilité pour transmettre l'histoire du combat de leurs frères et sœurs, leur richesse culturelle. Un honneur et une chance inouïe quand on les rencontre. Face à ces authentiques amoureux de l'Algérie, on se sent trop petit, de surcroît pour un auteur né lors du déclenchement de la guerre de Libération nationale. Un heureux hasard, n'est-ce pas ? – A travers votre ouvrage, vous avez tenté de mettre en exergue le réseau d'information et de communication appartenant à de puissants colons, tout en ne manquant de mettre l'accent sur l'aventure du mythique média révolutionnaire El Moudjahid ? Dans ce livre, j'écris dès l'entame de mon introduction que l'Algérie disposait d'une multitude de révolutionnaires visionnaires, en citant Boudiaf Mohamed, Abane Ramdane, Larbi Ben M'hidi, Benyoucef Benkhedda, qui avaient décidé malgré les difficultés de créer le 22 octobre 1955 le journal La résistance algérienne et fonder après le journal El Moudjahid au mois de juin 1956. Cette élite de la Révolution algérienne savait le rôle de la communication dans la lutte d'un peuple. Malgré tous les moyens colossaux du pays colonisateur en matière d'information, le combat du peuple algérien a été médiatisé. Pour l'anecdote, M. Ihadadène m'avait dit que le général de Gaulle et son Premier ministre recevaient chacun un exemplaire du journal La résistance algérienne, malgré toutes les difficultés dans la récolte de l'information et de l'imprimerie. De grands noms avaient contribué dans la confection du média algérien, le choix et la pertinence de leurs articles et aussi la distribution du journal. Un véritable exploit que seul un peuple qui croit à son combat peut réussir. – Votre livre La plume et le combat se veut aussi un hommage aux anciens routiers de la presse nationale, mais également à tous les journalistes assassinés durant la décennie noire… Le journaliste algérien s'est imposé bien avant 1954, durant la guerre de Libération nationale et après l'indépendance. Chaque période avait ses caractéristiques. Je ne suis pas un historien, mais j'essaye d'écrire et de rendre fidèlement des témoignages. J'ai rappelé le drame vécu par les journalistes décédés ou assassinés par les hordes criminelles. Le sacrifice de ces martyrs ne doit pas être effacé de notre mémoire. En outre, le journaliste algérien a contribué à l'institutionnalisation par l'ONU de la Journée mondiale de liberté de la presse (3 mai, ndlr). Zoubir Souissi du Soir d'Algérie et Belhouchet Omar du journal El Watan avaient participé à la réunion de Windhoek (Namibie). Le combat du journaliste est perpétuel. Je rapporte également quelques extraits de témoignages des journalistes européens, asiatiques, ayant vécu dans les maquis, ainsi que la solidarité des journalistes africains avec l'Algérie. Dans ce livre La plume et le combat, je voulais modestement relater quelques détails du combat mené par les quatre témoins durant une partie de la vie de leur patrie. Pour terminer, je remercie M. Ahcène Djaballah Belkacem, pour sa préface qui a donné une touche particulière à mon ouvrage.