La situation économique du pays est déjà assez critique pour ne pas se plaindre de l'impact désastreux que ne manquerait pas d'avoir l'épidémie de coronavirus sur nos finances publiques, si elle devait durer trop longtemps. Le fait est que nos maigres recettes des hydrocarbures pour cette année risquent encore de se rétrécir davantage au vu des nouvelles tendances du marché pétrolier. Le Brent chutait de plus de 20% hier, retombant à son niveau de février 2016. Tout cela sur fond d'une guerre des prix et de l'échec des négociations de l'OPEP et de ses alliés, notamment la Russie qui refuse l'idée d'une nouvelle baisse de la production au niveau de l'OPEP+ et de reporter le fameux accord du maintien des prix dans la fourchette des 50-70 dollars qui prévaut depuis 2017. L'enjeu est, pour tout dire, assez crucial pour nos finances à partir du moment où cela aura une incidence certaine sur l'équilibre du budget de l'Etat, qui est déjà assez précaire. Avec une chute vertigineuse des prix du pétrole qui nous éloigne largement du prix de référence de 50 dollars le baril sur lequel sont assises nos prévisions budgétaires pour 2020, il est fort à parier que l'Exécutif sera mis en demeure de revoir sa copie. La loi de finances complémentaire, qui devait à l'origine intervenir incessamment pour corriger certaines options prises par l'ancien gouvernement Bedoui, qui ne sont pas du goût de l'actuelle équipe dirigeante, risque fort bien d'être impactée par la nouvelle donne mondiale caractérisée par l'effondrement des cours et la révision à la baisse de la croissance mondiale, le tout sur fond d'épidémie de coronavirus. C'est dire à quel point l'Algérie se retrouve dans une situation qui est pour le moins très compliquée. L'AIE a pris le soin d'alerter hier sur le risque d'instabilité que cela ne manquera pas d'occasionner pour les pays exportateurs dont le budget dépend largement de l'or noir. Bien que non cité par cette agence mondiale de l'énergie, qui défend les intérêts des grands pays consommateurs, notre pays n'en est pas moins concerné par cette catastrophe. Et pour cause, les prévisions budgétaires, si jamais les perspectives du marché ne s'améliorent pas, seront vite contrariées et le pays serait ainsi en proie à des problèmes supplémentaires qui vont s'ajouter à ceux déjà connus au niveau de la balance des paiements. Il serait question cette fois-ci évidemment de nouvelles difficultés qui seraient liées aux salaires des fonctionnaires. Car, il faut bien reconnaître que la marge de manœuvre du gouvernement sera bien plus étroite. La responsabilité politique est grande et le moindre faux pas peut mener le pays à la dérive. Le scénario de 1986 hante encore les mémoires. Alors que l'équation politique du pays intègre plusieurs autres inconnues. Parce que les revendications du peuple portées depuis au moins le 22 février dernier (le hirak) ne sont pas encore prises en charge, voire, bien au contraire, sont combattues de la manière la plus sournoise qui soit par les tenants d'un système moribond, l'instabilité politique du pays serait en passe d'être aggravée. Il est temps qu'on mette toute l'énergie du pays à rechercher de vraies solutions plutôt que de «se confiner» dans le déni entêté de la réalité, quitte à se laisser tenter par le diable de vouloir porter l'estocade à la liberté d'expression en général et à la liberté de la presse en particulier.