La semaine dernière, les deux références européenne et américaine, le Brent et le WTI, ont chuté à des niveaux jamais vus depuis fin 2018. Le prix d'un baril de Brent à 30 dollars n'est plus à exclure. Cette hypothèse suscite l'inquiétude des pays de l'Opep, dont les économies dépendent d'une bonne rentabilité du baril de Brent, alors que les budgets sont déjà mis à rude épreuve par un marché pétrolier pour le moins capricieux. La propagation du nouveau coronavirus fait craindre un essoufflement de l'économie mondiale et, par conséquent, une chute de la demande de pétrole qui entraînerait à son tour une nouvelle dégringolade des prix. Les cours du brut, touchés de plein fouet par la panique suscitée par la propagation du coronavirus, ont encaissé la semaine dernière leur plus importante chute hebdomadaire depuis 2008 à New York et depuis 2016 à Londres. En effet, le baril de référence aux Etats-Unis, le WTI pour livraison en avril, a terminé vendredi en baisse de 4,9%, à 44,76 dollars. Sur la semaine, il a dégringolé de 16,1%. À Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison à la même échéance a plongé de 3,2%, à 50,52 dollars. Il a chuté de 13,6% sur la semaine. Tous deux sont à des niveaux jamais vus depuis fin 2018. Les contrecoups du coronavirus sur le marché pétrolier sont évidents et sérieux. Les analystes n'excluent point l'hypothèse d'un prix à 30 dollars le baril si l'épidémie venait à se propager davantage, à l'heure où l'Opep et la Russie peinent à s'entendre sur la nécessité de nouvelles coupes dans leur production. Avec cette nouvelle donne du coronavirus, l'Arabie saoudite espère maintenant convaincre la Russie, son plus grand allié non-Opep, de la nécessité d'adhérer aux nouvelles coupes pour faire face à la baisse de la demande provoquée par le virus Covid-19. Depuis la dernière rencontre du comité de suivi de l'Opep+, qui avait plaidé en faveur d'une nouvelle réduction de la production, la Russie fait attendre sa position, renvoyant sine die une réponse concertée à la rechute des cours du brut. Les ministres des 23 pays de l'Opep+ (membres de l'Opep et leurs alliés parmi les producteurs non-Opep, dont la Russie) devraient se rencontrer cette semaine pour tenter d'endiguer la dégringolade des cours et trouver, par la même occasion, une réponse aux risques que fait peser le coronavirus sur l'économie mondiale et le marché pétrolier. En tout cas, les 23 pays de l'Opep n'ont plus droit à l'échec et/ou aux demi-mesures car cela entraînerait une chute vertigineuse des prix. Les prix pourraient atteindre les 30 dollars à très court terme si l'Opep+ venait à rater son exercice qui consiste à convaincre la Russie d'adhérer aux nouvelles coupes de production, alors que sa conformité aux précédents quotas était médiocre, et à bien réussir le dosage de la nouvelle réduction, de sorte à ce qu'elle puisse calmer le marché sans susciter de remous au sein de l'Opep. Un exercice périlleux pour les pays de l'Opep, dont la rechute des cours fait craindre le pire pour leurs économies trop dépendantes des hydrocarbures.