Le collectif des enseignants de la Faculté des sciences économies, commerciales et des sciences de gestion (FSECSG) de l'université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou estime que la réactivation des structures issues du mouvement populaire est une nécessité révolutionnaire. Ainsi, dans un communiqué rendu public, les mêmes universitaires appellent aussi «le peuple à poursuivre pacifiquement son combat en redoublant de vigilance et à réactiver les structures issues du mouvement (collectifs et syndicats autonomes de journalistes, d'avocats, de travailleurs et travailleuses, d'enseignants, de médecins, de chercheurs, de commerçants, d'étudiants…)». Ils invitent également, à travers le même document, «les différentes composantes du mouvement à garder l'unité de la révolution et l'unité dans l'action et faire face aux manœuvres du pouvoir, à sa volonté de division et de normalisation, à transcender les sujets clivants, à être au-dessus des considérations partisanes, régionales et claniques». «En résumé, le mouvement révolutionnaire du 22 février 2019 aura réussi à transformer la société algérienne de fond en comble. Le peuple, conscient du bien-fondé de sa cause, de l'efficience du caractère pacifique de sa révolution, des victoires remportées sur les manœuvres de division du pouvoir, des hypocrisies des capitales occidentales qui soufflent le chaud et le froid sur les demandes politiques des peuples des pays du Sud, sur leur droit de disposer d'eux-mêmes, est, de ce fait, résolument décidé de mener sa révolution à son terme», lit-on, en outre, dans le même texte dont les rédacteurs soulignent que «le changement de système, le passage à une nouvelle république démocratique et sociale n'est pas une vue de l'esprit, comme certains milieux réactionnaires le laissent entendre, mais un choix révolutionnaire de tout un peuple ; un choix historique irréversible. L'histoire, cette fois -ci va cesser de bégayer. N'en déplaise à ceux qui, plutôt que de vaquer à leurs inoccupations, à leur passivité, se réveillent, comme par enchantement, à la faveur du mouvement, pour le brocarder. N'étant militants d'aucune cause sinon la cause de leurs gourous-promoteurs, passent leur temps à mesurer statistiquement le mouvement (flux-reflux), à clamer urbi et orbi qu'il n'a pas de chefs, qu'il n'a pas de projet politique. Certains, pourtant avertis, sont allés jusqu'à dire que le mouvement est le produit de la haine», ajoutent-ils tout en mettant en exergue les raisons du mouvement populaire en cours. Pour les mêmes enseignants, le hirak est «le produit de l'arrivée aux limites d'un système, lequel est traversé par des incohérences, des contradictions et des luttes claniques qui bloquent l'histoire de tout un pays. Sur le terrain concret, le peuple, après plus d'une année de mobilisation, a libéré l'histoire du pays, en libérant l'expression, en brisant les murs de la peur, en se réappropriant l'espace public, en posant les grands principes devant encadrer le projet politique de l'Algérie nouvelle. Aujourd'hui, les différentes composantes du mouvement doivent saisir ce moment dialectique de manière à ce que la révolution ne soit pas détournée, de manière à ce que les aspirations du peuple deviennent une réalité», souligne aussi le même communiqué qui parle de nouvelles perspectives politiques et démocratiques qui s'ouvrent pour le pays à la faveur de la dynamique citoyenne enclenchée, à l'échelle nationale, depuis le 22 février 2019. Ces perspectives, expliquent les enseignants de la faculté d'économie de Tizi Ouzou, «préfigurent la redéfinition et la mise en place de nouvelles modalités devant réglementer le champ politique et de pouvoir, en rupture radicale avec les procédés féodaux de l'ancien régime».