Le collectif des enseignants de la Faculté d'économie et des sciences de gestion de l'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou est revenu, hier, à la charge pour, non seulement réaffirmer son plein engagement dans le mouvement révolutionnaire du 22 février, mais aussi réclamer l'annulation de l'élection présidentielle du 12 décembre prochain qu'il qualifie de "pièce de théâtre misérable et de mauvais goût". "Nous, collectif des enseignants de la fac d'économie, pleinement engagé dans le mouvement révolutionnaire en cours, demandons l'annulation de la présidentielle du 12 décembre 2019", lit-on dans le communiqué de ce collectif, qui a développé tout un argumentaire à l'effet de motiver sa demande. De prime abord, le collectif, connu pour être très actif dans le mouvement populaire, explique qu'il ne voit dans cette échéance électorale qu'"un 5e mandat aggravé par un climat de terreur et par une atmosphère carcérale à l'échelle nationale". Elle n'est, a-t-il ajouté, qu'"une énième fourberie visant à venir à bout du mouvement révolutionnaire et à conforter une nouvelle dictature en faveur du nouveau clan en gestation, tout en maintenant la matrice idéologico-institutionnelle du système". Pour les rédacteurs du document, il est aujourd'hui plus que jamais clair que "le clan qui défend bec et ongles cette parodie électorale n'a d'autre motivation que de garder les leviers du pouvoir politique à travers un président potiche en vue d'un contrôle systémique du pays". Autrement dit, soutiennent ces universitaires, si cette élection présidentielle était réellement l'expression de la volonté du peuple, et si elle se voulait propre et honnête, elle se déroulerait naturellement sans heurts, sans menaces, sans emprisonnements et sans marches de soutien. "Mais force est de constater qu'il n'en est rien. Imposée par la force, encadrée par des médias aux ordres et portée par le système et sa clientèle, cette élection n'est qu'une misérable pièce de théâtre à ciel ouvert et de mauvais goût, qui plus est antidémocratique par ses candidats fourbes, antirépublicaine par ses moyens mafieux et antipopulaire par ses objectifs contre-révolutionnaires", analysent ces universitaires, qui estiment que le nouveau clan au pouvoir tente de reproduire l'histoire à l'identique, de détourner le fleuve pacifique de la révolution du 22 février et d'utiliser de façon éhontée une combinatoire non seulement machiavélique, mais surtout, alertent-ils, "porteuse de tous les dangers". Tout en considérant que "toutes les conditions de sa disqualification et de son invalidation sont réunies", le collectif n'a pas hésité à réaffirmer sa conviction que la solution est dans l'amorce d'un véritable processus de transition en vue d'une nouvelle Algérie démocratique et sociale. "Cette période de transition sera assurée par des Algériennes et des Algériens intègres", a plaidé le collectif, non sans exiger également la libération immédiate et inconditionnelle de tous les détenus politiques et d'opinion.