– Qu'est-ce qui vous a motivée à organiser cet événement ? Nous avons constaté que le nombre de filles dans tous les paliers de notre université est bien plus supérieur au nombre des garçons. Cela ne s'applique d'ailleurs pas uniquement à l'USTHB, mais à toutes les universités algériennes. Les élèves, les lycéens et les universitaires sont constitués pratiquement de 60% de filles. En revanche, une fois arrivé en graduation et dans le domaine de la recherche professionnelle, le nombre est inversé, puisque nous retrouvons plus de garçons que de filles. Une fois que la fille décroche sa licence ou son master, elle ne cherche plus à s'investir dans la recherche. Nous avons donc conclu qu'il y a un problème. – Comment avez-vous procédé pour étudier ce phénomène ? Nous avons fait appel à des femmes chercheuses, des femmes responsables dans le domaine de la recherche scientifique et dans le domaine professionnel pour organiser une rencontre et des débats telles que le professeur Messaid Hasna Amina, directrice de l'Ecole nationale supérieure de management de Koléa et enseignante chercheuse en Economie au CREAD qui s'est étalée sur la question de savoir comment s'investir davantage dans la recherche. Nous avons fait appel au recteur de l'USTHB afin de nous donner les chiffres et les bilans des étudiants et étudiantes de l'université et nous avons également fait appel au professeur Leila Guellouz, experte en management et IT, qui nous a rejoint de l'université d'El Manar de Tunis. Nous avons fait appel à cette dernière pour avoir une idée sur la situation de la recherche scientifique dans les universités tunisiennes, mais aussi dans tout le Maghreb et le continent africain. – Selon vous, à quoi est dû le désintéressement des femmes à la recherche ? Les étudiantes, une fois diplômées, commencent à travailler pour quelque temps. Après, elles abandonnent ou changent de voie professionnelle. Le nombre de femmes qui changent de profession est encore supérieur à celui des hommes. D'après quelques sociologues, ceci est dû au fait que la femme, par sa nature, a des obligations en tant que mère. De ce fait, les charges que subit une mère de famille chercheuse réorientent sa trajectoire professionnelle et ne lui permettent pas de s'investir dans la recherche. Il est nécessaire de souligner que le milieu universitaire n'est pas des plus favorables. La mère de famille chercheuse se voit donc obligée de faire un choix entre ses enfants et sa carrière professionnelle. C'est la raison pour laquelle, en organisant cette rencontre-débat, nous avons voulu encourager nos jeunes étudiantes à s'impliquer et à être plus nombreuses dans les domaines de la science. Nous avons également tenu à présenter l'expérience de quelques femmes de notre génération qui n'ont pas abandonné la recherche scientifique, dans l'espoir que cela puisse servir d'exemple aux jeunes étudiantes de la nouvelle génération.