Le ministre des Finances, Abdelatif Benachenhou, a appelé, hier, à continuer dans la politique de tarification des ressources pour les ménages et les entreprises afin de réaliser un développement durable pour le pays. Intervenant devant les participants au séminaire international sur « Le financement du développement durable en Algérie », organisé au siège de son département, le grand argentier du pays a plaidé pour « le passage d'une situation où tout est financé par l'Etat à l'option de la participation de tous les acteurs économiques dans le financement du développement durable ». Option qui, selon lui, garantira une bonne gestion des ressources naturelles, assurera la protection de l'environnement et impliquera le marché dans le financement de l'économie. Le mode actuel de financement de l'exploitation des ressources naturelles n'est pas fondé sur la durabilité. Il faut donc le revoir de telle sorte qu'il assure un équilibre entre le budget de l'Etat et le marché » a-t-il déclaré. Dans cette optique, Abdelatif Benachenhou soutient qu'« il faut que les ménages, les entreprises et les exploitations agricoles prennent leur part de fardeau dans ce financement ». A cet effet, l'exemple des prix de l'eau a été cité. Pour le ministre, les prix de l'eau pratiqués actuellement doivent être revus. « Il est inacceptable que les tarifs de consommation d'eau soient dans l'état actuel », a-t-il lancé. Et d'ajouter : « Les paysans tunisiens payent l'eau sept fois plus cher que les paysans algériens et pour des récoltes plus meilleures. » L'objectif de cette politique, selon lui, est la réalisation du partage des responsabilités qui permettra à l'Etat de se consacrer à sa principale priorité : le développement humain. Un développement qui inclut, notamment, l'éducation, l'enseignement supérieur et la santé. « Il faut que les acteurs économiques partagent les risques des investissements, surtout dans le secteur des hydrocarbures », a-t-il ajouté. Pour lui, cela sera appliqué dans le cadre de la nouvelle loi régissant le secteur de l'énergie qui vient d'être adoptée par le Parlement. Sur sa lancée, le ministre a critiqué le mode actuel du financement de l'exploitation des ressources naturelles. « Il faut le revoir, car il n'est pas fondé sur la durabilité. Il faut maîtriser les coûts des investissements », a-t-il insisté. Evoquant la réforme économique, Abdelatif Benachenhou a déclaré qu'« elle s'achète » pour justifier cette nouvelle politique. « La réforme économique s'achète par le financement de l'assainissement des banques, mais aussi le financement du secteur public pour sauver ce qu'il y a à sauver », a-t-il souligné. Toutefois, cette réforme bute sur trois contraintes : les contraintes budgétaires, le poids des services de la dette extérieure et les poids budgétaires de la production ainsi que l'utilisation des ressources naturelles, « qui est plus importante ». Le pouvoir d'achat international n'a pas progressé Le ministre des Finances a profité de cette occasion pour répondre à ses détracteurs qui lui reprochent d'appliquer la restriction budgétaire en dépit de la hausse des prix du pétrole. Pour lui, même si le baril a atteint 55 dollars, la situation du pouvoir d'achat international des Algériens demeure la même que celle de l'an 2000 en raison de la flambée de l'euro. « Lorsqu'on sait que l'euro équivaut actuellement à 1,3 dollar, on constate que l'Algérie, qui achète en dollar et vend en euro, n'est pas en train de progresser en termes du pouvoir d'achat », a-t-il précisé. Ce fait pourrait, selon lui, influer négativement sur le financement de la réforme économique. L'autre facteur susceptible de compliquer la tâche de l'Etat dans le financement d'un développement durable est, pour M. Benachenhou, la forte croissance démographique. « Le taux de nuptialité a augmenté de 40% : de 158 000 mariages en 1998 à 240 000 en 2003 », a-t-il indiqué. Concernant la question du dessalement de l'eau de mer, M. Benachenhou a déclaré qu'il n'est pas contre, mais il faut maîtriser les coûts d'investissement, « car la marge entre la production et la cession de l'eau est assurée par le Trésor public ». Revenant sur la délocalisation de la ville de Hassi Messaoud, il a réaffirmé que des méthodes sont à l'étude avec l'aide des experts étrangers. Le ministre a mis l'accent sur la maîtrise de la croissance de la région d'Alger . Intervenant également lors de cette rencontre, Dahou Ould Kablia, ministre délégué chargé des Collectivités locales, a déclaré que « les élus locaux sont les premiers à supporter les conséquences de l'humeur des citoyens ». Il a annoncé que la question des réformes a été prise en considération dans la nouvelle loi sur les communes. Il propose la transformation du fonds commun des collectivités en une caisse de financement.