L' enquête de l'ONS sur l'emploi en 2006 indique que 53,1% de la population active n'est pas affiliée à la Cnas. Edifiant!... L'Office national des statistiques vient de jeter un pavé dans la mare. Plus de la moitié de la population active n'est pas affiliée à la sécurité sociale soit 53,1%. Les salariés hommes sont relativement plus nombreux avec une proportion de 51%. Les femmes, quant à elles, représentent un taux de 38,1%. Tayeb Louh, ministre du Travail et de la Sécurité sociale est mis dans l'embarra, lui qui a annoncé le 4 février 2007, que le taux de travailleurs non déclarés à la sécurité sociale est à hauteur de 27%. Cette nouvelle enquête nationale de l'ONS sur l'emploi en 2006 vient lever les équivoques sur une problématique livrée au bon vouloir des politiques. L'équation devient ainsi à moitié résolue. C'est-à-dire que le calcul du taux de chômage devra impliquer «les salariés» de l'informel, dont les non déclarés à la sécurité sociale. De ce raisonnement découlera un taux de chômage plus élevé que celui de 12,3% annoncé contre toute logique. L'Office national des statistiques, dans cette nouvelle édition, ira encore plus loin. La proportion des salariés du monde rural non déclarés à la sécurité sociale est la plus importante avec, au tableau, 60,7%. Tandis que les travailleurs du monde urbain, exerçant dans l'informel, représentent 41,4%, fait remarquer l'ONS, ajoutant que cette situation concernerait l'emploi dans le secteur agricole. Pis encore, l'ONS révèle que 70% de l'ensemble des employeurs et indépendants et 76,9% des salariés non permanents ne sont pas affiliés à la Cnas. Cela devra, à coup sûr, donner des sueurs froides au ministre du Travail qui ne cesse de louer le travail de son inspection du travail. Cette institution a-t-elle failli à ses responsabilités? Selon les statistiques du ministère, sur un total de 190.572 entreprises, petites et moyennes, seulement 82.010 enquêtes d'inspection ont été menées. Le nombre d'entreprises est nettement plus élevé que le nombre de visites d'inspection effectuées. Le différentiel est de taille. Si chaque entreprise a fait l'objet au moins d'une seule visite, les 108.562 autres ont échappé à l'inspection du travail. Un simple calcul révèle que 7 salariés sur 10 ne sont pas permanents, soit un taux de 76,5%. Plus des deux tiers, soit 68,5%, des employeurs et indépendants ne sont pas affiliés à la sécurité sociale. Un chiffre qui, décidément, pourrait faire grincer des dents. Car, selon toute vraisemblance, tout travail non couvert par la sécurité sociale, entre dans le chapitre de l'informel qui alimente le «réservoir» du chômage. Le sexe féminin est le plus exposé au danger. Selon l'enquête de l'ONS, sur l'ensemble des femmes occupées comme employeurs et indépendants, 92,7% ne sont pas affiliées à la sécurité sociale. Les secteurs d'activité qualifiés de défaillants sont l'agriculture, le bâtiment et les travaux publics (BTP). 89,7% et 78,3% sont des proportions respectives des travailleurs de l'agriculture et du BTP qui sont non affiliés à la sécurité sociale. Viendront ensuite les secteurs de l'industrie et du commerce et services avec respectivement 53,5% et 34,5% de travailleurs non affiliés dans les deux secteurs. Faut-il rappeler dans la foulée, que l'enquête de l'ONS a été réalisée durant la période de novembre à décembre 2006. La période de référence est la dernière semaine d'octobre 2006 et ce, sur un échantillon de 14.921 ménages ordinaires répartis sur tout le territoire national. Selon une enquête nationale de l'ONS sur l'emploi en 2005, 49,1% de la population active, à septembre de l'année considérée, n'était pas affiliée à la sécurité sociale.