Même si elle a été promulguée mercredi dernier, la loi sur la réforme de Wall Street appelée « Loi Dodd-Frank » du nom de ses principaux artisans ne pourra pas être appliquée dans l'immédiat. Selon plusieurs observateurs, ce texte de loi de 2300 pages a besoin de nouveaux textes réglementaires et de la création de nouvelles structures et notamment d'un organisme de protection des consommateurs de produits financiers au sein même de la Réserve Fédérale (la Banque centrale américaine). Cette nouvelle loi doit aussi empêcher, et c'est le plus important, « le sauvetage de grandes institutions financières aux frais des contribuables », comme cela s'est fait lors de la crise en 2008-2009. D'ailleurs, la première réaction du président américain, Obama, lorsque le vote a eu lieu, a été de déclarer que la réforme de la régulation financière approuvée au Congrès « allait mettre fin aux affaires louches qui ont mené le système financier américain à la crise de l'automne 2008 ». Il faut rappeler aussi que la crise du système financier américain s'est propagée dans le monde entier et qu'elle s'est élargie à la sphère de l'économie pour donner naissance à la plus grave crise économique mondiale depuis la dépression de 1929. La gestion de Wall Street n'a pas fait du tort uniquement aux Américains, mais elle a fait des victimes partout dans le monde. La principale critique faite aux Etats-Unis, justement, était le manque de régulation dans le système financier. L'élection du président démocrate Obama avait fait entrevoir de l'espoir dans le monde entier à ce sujet, vu que les Démocrates étaient pour la régulation au contraire des Républicains partisans du laisser-faire. Un laisser-faire qui pénalise les contribuables qui paient la casse commise par les grands spéculateurs au sein des institutions financières. En utilisant l'expression « affaires louches », le président Obama vise surtout les grands spéculateurs qui trouvent du soutien chez les Républicains au nom de la liberté d'entreprendre et du laisser-faire et qui font ensuite payer la facture par les contribuables. Juste après son adoption par le Congrès, le Président a été très explicite : « Grâce à cette réforme, les Américains ne seront plus jamais mis à contribution pour les erreurs de Wall Street. Il n'y aura plus de sauvetage avec l'argent des contribuables. » Pour Obama, le projet de loi est dirigé contre les pratiques abusives et peu scrupuleuses des organismes de prêts immobiliers et il considère qu'elle instaure la protection des consommateurs financiers la plus forte de toute l'histoire. Le projet de réforme a bénéficié d'une certaine majorité aussi bien au Sénat qu'à la Chambre des représentants avec respectivement 60 voix contre 39 et 237 voix contre 192. Pour ceux qui positivent le projet de réforme, la nouvelle loi va favoriser la transparence et la responsabilisation. Pour les puristes de l'ordre libéral, la réforme va accentuer la bureaucratie. Mais il est clair que cette réforme constitue une grande victoire du président Obama. Car il y a quelques mois, la situation n'était pas très favorable à ce genre de réforme qui touche les intérêts puissants à Wall Street, et ce, même si la promulgation de la nouvelle loi ne signifie pas encore que la régulation est là. Pour l'instant, les autorités américaines estiment que l'économie devrait continuer de croître lentement, selon une déclaration du secrétaire au Trésor, Timothy Geithner, et que les Etats-Unis ne devraient pas connaître de récession en double creux. Ce qui constitue une note optimiste en attendant de mettre en pratique la réforme qui mettra à l'abri le système financier américain.