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Trois journalistes placés sous contrôle judiciaire Poursuivis pour «atteinte à l'unité nationale» et «diffusion de publications pouvant porter atteinte à l'intérêt national»
Le directeur de publication de Sawt Al Akhar, Mohamed Laamari, son rédacteur en chef, Mouhoub Rafik, et la journaliste Meriem Chorfi, ont été placés, jeudi, sous contrôle judiciaire par le tribunal de Sidi M'hamed pour «atteinte à l'unité nationale» et «diffusion de publications pouvant porter atteinte à l'intérêt national». Selon des avocats, leur présentation devant le juge d'instruction est en lien avec la Une de la veille dans laquelle le journal évoque des «erreurs» dans les résultats d'analyses relatives au coronavirus faites par l'Institut Pasteur. Or, l'instance judicaire n'a pas eu recours aux dispositions du code de l'information, mais à celles du code pénal, ajoute-t-on de même source. Le parquet ne s'est pas prononcé sur l'affaire jusque-là. Ainsi, selon le collectif d'avocats qui s'est constitué dans cette affaire, les trois journalistes sont poursuivis sur la base de l'article 79 du code pénal qui stipule que «quiconque, hors les cas prévus aux articles 77 et 78, a entrepris, par quelque moyen que ce soit, de porter atteinte à l'intégrité du territoire national, est puni d'un emprisonnement d'une durée d'un à 10 ans et d'une amende de 3000 à 70 000 DA». Cette affaire commence à susciter des réactions, d'autant qu'elle intervient après la mise en détention préventive, le 29 mars dernier, du journaliste Khaled Drareni. Des journalistes ont, ainsi, signé hier une déclaration dans laquelle ils estiment qu'«il s'agit d'une nouvelle atteinte caractérisée contre le métier de journalisme que l'on s'acharne à traiter comme une activité délictueuse, voire comme un crime». «Le métier d'informer s'exerce dans le cadre de la loi organiqu – qui n'est pas des plus libérales – du 12 janvier 2012 relative à l'information. Il est encadré par l'article 50 de la Constitution algérienne, qui dispose notamment que le délit de presse ne peut être sanctionné par une peine privative de liberté», ajoute-t-on encore. Tout en rappelant que les erreurs présumées de l'Institut Pasteur, évoquées dans l'article, ont été relevées en premier par deux députés, les journalistes signalent que «le recours aux dispositions du code pénal pour des affaires liées à l'activité de journalisme revient à remettre en cause la lettre et l'esprit de la Constitution», en poursuivant que «Khaled Drareni, Sofiane Merakchi, Saïd Boudour et Mustapha Bendjama sont victimes de ce contournement de la Constitution, un abus de pouvoir selon les juristes». Sur un autre plan, il est utile de signaler qu'une vingtaine d'ONG, algériennes et étrangères, ont lancé un appel au chef de l'Etat pour la libération de Khaled Drareni, poursuivi lui aussi pour «incitation à attroupement non armé» et «atteinte à l'intégrité du territoire national». Elles réclament également que «soit mis fin au harcèlement des journalistes indépendants». Khaled Drareni a été arrêté alors qu'il couvrait une manifestation.