Le président de la commission de l'Union africaine, Moussa Faki Mahamat, est revenu lundi, dans un entretien accordé à la chaîne d'information en continu France24, sur la pandémie de Covid-19, qui gagne du terrain sur le continent. D'emblée, Moussa Faki Mahamat espère que la communauté internationale aidera l'Afrique à faire face à la crise sanitaire et en appelle au multilatéralisme. «C'est un défi global qui doit avoir une réponse globale», a-t-il dit.Face à la pandémie qui progresse sur le continent, le diplomate tchadien a appelé la communauté internationale à agir «au-delà des bonnes intentions» et à apporter un soutien massif à l'Afrique, estimant qu'entre «100 et 150 milliards de dollars» sont nécessaires dans l'immédiat. «Le continent africain a besoin d'être soutenu rapidement et avec des liquidités, pour permettre tout d'abord de faire face à l'aspect sanitaire de la crise, mais aussi pour faire face à la situation humanitaire.» La pandémie de Covid-19 pourrait avoir des conséquences catastrophiques en Afrique, comme par exemple la perte de 20 millions d'emplois ou la hausse de l'endettement, anticipe une étude de l'Union africaine (UA) publiée lundi dernier. «Près de 20 millions d'emplois, à la fois dans les secteurs formel et informel, sont menacés de destruction sur le continent si la situation persiste», prévient cette étude, qui estime que les pays dont l'économie repose largement sur le tourisme ou la production pétrolière sont les plus à risque. Ce document de 35 pages avance deux scénarios, un qualifié de «réaliste» qui prévoit que la pandémie dure jusqu'en juillet et que l'Afrique «n'est pas trop affectée», et un «pessimiste» qui envisage que l'épidémie durera jusqu'à août et dans lequel le continent souffre plus. Dans les deux scénarios, la croissance économique en Afrique serait négative, de -0,8% et de -1,1% respectivement. Avant que la pandémie ne touche le continent, la Banque africaine de développement (BAD) tablait sur une croissance de +3,4% pour 2020. Lundi, 9198 cas de Covid-19 et 414 morts avaient été officiellement recensés dans 51 pays africains, selon le Centre africain de contrôle et de prévention des maladies (CDC). Mais si l'Afrique a été pour l'instant moins touchée par le nouveau coronavirus que la Chine, le sud de l'Europe et les Etats-Unis, elle en subit déjà les conséquences économiques à cause de ses liens commerciaux avec ces régions. Le continent africain pourrait voir ses importations et exportations baisser de 35%, soit d'environ 270 milliards de dollars (250 milliards d'euros). Ce qui serait une véritable catastrophe. Aussi, Moussa Mahamat Faki espère que la pandémie ne sera pas «l'oraison funèbre» du multilatéralisme, mais plutôt qu'elle sera «transformée en une sorte d'hymne au multilatéralisme et à la solidarité». Interrogé sur les propos du secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, qui redoute «des millions de morts en Afrique» à cause de la crise sanitaire, le diplomate estime que cette assertion est plutôt à prendre comme un avertissement, «un message très fort», afin que les Etats prennent la mesure du danger. Moussa Faki Mahamat explique par ailleurs que le confinement généralisé est une solution très compliquée à mettre en œuvre en Afrique, notamment dans les grandes villes. «Le confinement, c'est une recette qui ne peut pas être appliquée partout et de la même façon, il faut tenir compte des réalités sociologiques, économiques et culturelles des uns et des autres», affirme-t-il sur France24. «Sur notre continent, il serait très difficile d'appliquer un confinement intégral.» Enfin, Moussa Faki Mahamat redoute que les groupes terroristes qui agissent au Sahel et dans la région du Lac Tchad ne profitent de la crise sanitaire mondiale pour multiplier leurs actions violentes. Concernant la Libye, il admet que toutes les médiations sont pour l'instant gelées et que le forum de réconciliation voulu par l'Union africaine n'est pour le moment pas à l'ordre du jour.
L'Afrique de l'Est guettée par la famine Les criquets pèlerins de la deuxième vague, 20 fois plus gros que ceux de la première, ravageront bientôt les cultures au Kenya et dans plusieurs pays d'Afrique de l'Est, ont averti des experts de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). «La première génération de criquets se reproduit maintenant, ils ont pondu leurs œufs ; ils vont éclore en nymphes et en larves», a déclaré le représentant de la FAO au Kenya,Tobias Takavarasha, cité lundi par le journal Daily Nation. «C'est donc le moment de les maîtriser avant qu'ils ne commencent à voler et partant affecter la prochaine saison de plantation», a-t-il averti. Les scientifiques de la FAO estiment que les essaims en Afrique de l'Est seront 400 fois plus gros d'ici juin si les générations successives ne sont pas éliminées. La Fao estime que jusqu'à 20,2 millions de personnes vivant en Ethiopie, au Kenya et en Somalie pourraient être affectées par l'insécurité alimentaire due aux essaims.