Les élèves, tous paliers d'enseignement confondus, et les étudiants sont les autres victimes collatérales de l'épidémie de coronavirus. La fermeture des établissements scolaires, des centres universitaires et des instituts de formation professionnelle entame sa quatrième semaine. L'aggravation de la situation sanitaire a conduit les pouvoirs publics à prolonger la période des vacances de printemps, dans le sillage de la reconduction de la mesure de confinement de la population. Si, d'une manière générale, les enfants accueillent toujours dans la joie chaque journée de repos qu'on leur offre en dehors du week-end, la réussite scolaire et universitaire dans un monde impitoyable où il n'y a de place que pour l'excellence place les parents dans un état d'esprit anxiogène permanent. Pour eux, vacances ne riment pas forcément avec décrochage et jeûne scolaire durant la période des vacances. La situation exceptionnelle et grave que traverse le pays a chamboulé tous les plans établis par les familles. Le confinement sanitaire, que les Algériens découvrent pour la première fois sous la contrainte d'un virus ravageur, a créé au sein des familles des rapports nouveaux, avec des centres de préoccupation autres, concentrés sur l'actualité : la pandémie de coronavirus, devenue le sujet incontournable qui meuble les discussions et les longues veillées familiales. Oubliés cette fois-ci les révisions, cahiers et livres scolaires ! La pression habituelle exercée par les parents sur leur progéniture pour les révisions pendant les vacances scolaires, surtout ceux en classes d'examen, devient presque incongrue dans ce contexte de lutte pour la survie qui amène les parents à couver leurs enfants plus que d'ordinaire, à éviter les conflits avec eux. Quand on voit le choc des images et le nombre effroyable des victimes du coronavirus dans le monde, tout devient dérisoire, secondaire. Mais la vie doit continuer et l'espoir doit être de mise. De nombreux parents ont fait du confinement un mal (nécessaire) pour un bien en tentant de bonifier au maximum le surcroît de temps libre pour accompagner la scolarité de leurs enfants. La programmation par le Centre national de l'enseignement à distance et la diffusion, depuis dimanche, par les chaînes de la Télévision nationale de cours au profit des trois classes d'examen, du primaire, collège et lycée, ont été accueillies avec enthousiasme par les parents et les élèves. «Les cours sont de bonne facture», témoigne un parent, cadre retraité. Cependant, limitée aux seules classes d'examen, l'initiative a suscité une grande déception au niveau des autres classes d'enseignement. Les élèves exclus de l'enseignement public à distance se sont rabattus sur les chaînes YouTube qui ont fait l'effort de généraliser l'offre de soutien scolaire gratuit. Pour leur part, certaines écoles privées ont concocté également des programmes de rattrapage scolaire en envoyant, via internet, à leurs élèves cours et devoirs et en établissant une certaine réactivité avec eux pour la correction des devoirs. La formule a le mérite d'exister, même si elle comporte beaucoup d'imperfections pour la compréhension des cours. Les étudiants ne sont pas mieux lotis. Un étudiant à la faculté de médecine d'Alger avoue ne pas savoir où trouver les ressources physiques et intellectuelles pour assimiler l'avalanche de cours envoyés sur le Net par ses enseignants afin d'être prêt pour les prochains examens. Les conséquences du coronavirus sur tous les plans – psychologique, social, économique – risquent d'être plus douloureuses encore que la pandémie.