Hormis l'inscription d'un CHU qui est toujours au stade de l'étude, et quelques petites opérations de replâtrage, aucun autre élément ne peut inciter à pareil satisfecit. Le constat de «satisfecit» relevé par le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière à l'issue de sa visite de travail et d'inspection dans la wilaya de Béjaïa a étonné plus d'un. L'étonnement est d'autant plus légitime lorsqu'on sait qu'en 2006, l'ancien ministre, Amar Tou, avait qualifié la situation de ce même secteur de «catastrophique». Que s'est-il passé entre-temps pour que l'on arrive présentement à ce nouveau constat? Hormis l'inscription d'un CHU pour la wilaya, qui est toujours au stade de l'étude, aucun autre élément ne peut inciter à une aussi meilleure appréciation, n'était les petites opérations de replâtrage effectuées au CHU. Une structure qui n'existe que sur le plan législatif sachant que même l'assiette de terrain n'a même pas encore été retenue. A ce titre, le ministre de la Santé s'est engagé à dépêcher une commission neutre d'Alger pour trancher pour l'un des deux terrains proposés, Oued Ghir ou Boukhlifa. Encore un appel à Alger afin de régler une problématique de terrain à Béjaïa. «Le choix de la commission sera le mien», a déclaré Abdelmalek Boudiaf qui a procédé par la même occasion à l'inauguration du service de cardiologie avec cette promesse d'affecter des cardiologues. Il en sera de même pour le scanner de l'hôpital d'Akbou qui verra incessamment un radiologue prendre ses fonctions mettant fin à «un hors service» de plusieurs mois. Deux nouveaux hôpitaux de 60 lits sont accordés à la wilaya de Béjaïa. L'un sera implanté à Adekar et l'autre à Beni Maouche, a annoncé le ministre qui a promis également cinq ambulances pour la wilaya de Béjaïa. Elles s'ajouteront aux huit autres opérationnels sur le terrain. A Souk El Tenine, le ministre s'est enquis de la situation d'avancement des travaux de réalisation d'un hôpital de 60 lits qui ont atteint un taux de 43%. Lors de la visite d'une clinique privée où une technique chirurgicale de cardiologie lui a été présentée, le ministre a abordé la relation entre le secteur privé et public qui, dira-t-il, est «complémentaire», affichant sa volonté de «l'institutionnaliser», pour la régir à travers des textes de lois. Quant aux rapports avec la Caisse nationale des assurances sociales (Cnas), Boudiaf s'est engagé à régler les problèmes liés au remboursement des frais médicaux allant jusqu'à évoquer la possibilité de placer cette structure sous la coupe du ministère de la Santé. Le décor implanté au niveau de CHU Khellil-Amrane avant l'arrivée du ministre indiquait déjà la volonté des responsables locaux de cacher une réalité amère vécue dans la secteur. Les nouveaux fauteuils ont disparu juste après le départ du ministre alors que le service des urgences renouait avec sa saturation et les gardes-malades retrouvaient leur place dans les services. Cette réalité n'a pas été constatée par la délégation ministérielle. Comme le ministre n'a pas su également que les patients de Béjaïa souffrent énormément du laisser-aller, du manque de praticiens spécialisés, des pénuries répétitives de médicaments et de consommables, des équipements souvent inopérants et une capacité de prise en charge insuffisante. Les malades se retrouvent automatiquement orientés vers les cliniques et les laboratoires privés, une connivence d'intérêts entre le privé et les établissements publics. La situation est curieusement la même dans les cinq secteurs sanitaires de la wilaya. Sur les 105 professeurs dont a bénéficié le CHU Khellil- Amrane, seuls six seulement sont opérationnels. Conséquences: les évacuations sur les CHU limitrophes sont monnaie courante. Le seul centre d'oncologie implanté à l'EPH d'Amizour est mal doté en médicaments, ce qui ralentit son fonctionnement. A la clinique publique d'accouchement de Targa Ouzemour, la situation n'est pas aussi brillante qu'on pourrait le penser concernant notamment la prise en charge des parturientes qui se retrouvent parfois à trois dans même lit sans compter les décès que l'on ne peut ignorer. Voilà ce que doit constater le ministre.