Il faut rester mobilisé pour protéger, soigner et accompagner les patients souffrant de troubles psychologiques face à la pandémie Covid-19. Les troubles psychiques, pouvant rendre plus difficiles la compréhension et l'application des gestes barrières et de la distanciation sociale, et les fragilités somatiques de cette population imposent une vigilance accrue de la part des soignants pour compenser ces difficultés. Ils sont souvent en situation d'isolement social, présentent des risques de rupture de soins et peuvent avoir des difficultés à respecter les consignes de confinement et à effectuer les gestes barrières. Le contexte anxiogène et le confinement en lui-même peuvent être une source de fragilisation de l'état psychique de la personne. La très grande majorité des personnes souffrant de troubles psychiatriques est prise en charge en ambulatoire. Une adaptation de l'organisation, visant à assurer la continuité des soins psychiatriques dans ce contexte de crise sanitaire, est essentielle. Nous devons protéger nos patients souffrant de pathologie mentale du Covid-19, et à cette fin, deux situations sont possibles ; -Les patients souffrant de troubles sévères et les patients qui ne disposent pas de soutien social et familial doivent êtres hospitalisés durant cette période de pandémie, en leur garantissant toutes les mesures de sécurité et de protection contre la contamination. Les patients errants sont aussi des sujets exposés à des risques importants, il est de notre devoir de les prendre en charge, une structure doit être réservée afin de les accueillir et les prendre en charge. -Pour les patients bien stabilisés, suivis en ambulatoire, nous devons leur faire comprendre, grâce au lien de confiance, qu'ils doivent rester chez eux, se laver régulièrement les mains, éternuer dans leur coude, ou rester à plus d'un mètre des personnes lorsqu'ils sortent dans la rue pour s'approvisionner. La famille aussi doit jouer un rôle important pour veiller à l'application de ces consignes. Il faut surtout : Le maintien et le renforcement de l'offre de soins ambulatoires en privilégiant le recours aux prises en charge à distance, tout en maintenant la possibilité de consultations en structures de prise en charge ambulatoire ou en cabinet libéral. Rester vigilant quant au suivi somatique (en incluant l'évaluation régulière d'éventuels symptômes Covid-19) et au contexte social et familial du patient. Faciliter l'accès des patients à leurs traitements pour éviter les hospitalisations en urgence et prévenir notamment les rechutes de pathologies chroniques. L'accueil téléphonique doit être renforcé et organisé pour que les personnes en situation de détresse psychique puissent obtenir une réponse de façon à prévenir les décompensations et les prises en charge en urgence en situation de crise. Les visites des familles et des proches des patients sont interdites au sein de l'unité d'hospitalisation. Les communications téléphoniques ou vidéo avec les proches et l'entourage sont recommandées. Les sorties sont définitives, les autorisations de sortie de courte durée sont strictement interdites car il faut proscrire les allers-retours entre le domicile et l'hôpital.
Par Pr Messaoudi Abdelkrim Psychiatre, doyen de la Faculté de médecine de l'université de Tizi Ouzou