Selon l'Opep, «la gravité de l'effondrement devrait entraîner une contraction plus forte de la demande de pétrole», en particulier au cours du 2e trimestre, qui s'étendra aux 3e et 4e trimestre de l'année en cours. Malgré la coupe décidée par l'Opep+, les prix du pétrole, après une brève reprise due à l'effet d'annonce, ont repris leur baisse sur les marchés internationaux. Il est vrai que l'accord n'entrera en vigueur que dans deux semaines, mais la réalité est la : le coup de frein de l'économie mondiale à cause de la pandémie du nouveau coronavirus risque de maintenir encore très longtemps les prix du pétrole dans des niveaux plus bas. Jeudi matin, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin valait 28,19 dollars à Londres, en hausse de 1,81% par rapport à la clôture de mercredi, tandis qu'à New York, le baril de WTI américain pour mai gagnait 0,70% à 20,01 dollars. L'accord entériné dimanche dernier par les membres de l'Organisation et leurs principaux partenaires non-Opep, à leur tête la Russie, portant sur une baisse massive de leur production sur deux ans et débutera avec une coupe de 9,7 millions de barils par jour pour mai et juin afin de rééquilibrer le marché et relancer les prix du brut, n'a visiblement pas atténué les effets du ralentissement de la cadence de l'activité économique, dans le cadre des mesures prises par les pays à travers le monde pour endiguer la propagation du Covid-19. L'expert en pétrole et ancien Pdg de Sonatrach, Nazim Zouioueche, cité par l'APS, a expliqué, dans une récente déclaration, que l'accord de baisse de production Opep+ «aura un impact de courte durée sur les prix du pétrole, qui baisseront à nouveau suite à la crise sanitaire due à la pandémie du coronavirus qui continuera d'influer sur l'activité économique mondiale, d'où le maintien de la baisse sur la demande pétrolière». «Les cours du pétrole reposent essentiellement sur la règle de l'offre et la demande qui fixe la fluctuation des cours en Bourse», avait précisé l'expert pour lequel «il n'y aura pas d'équilibre des prix internationaux sur le marché, sauf en cas de réduction du stock mondial et de reprise de l'activité et de la croissance économique à travers le monde à une cadence normale». Avant-hier, l'Opep a parlé dans son rapport mensuel d'«un choc historique, brutal, extrême et d'ampleur planétaire» pour le marché pétrolier. Les perspectives s'assombrissent de plus en plus et le document élaboré par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole le dit clairement : «Le creux saisonnier typique des raffineurs, à la fin du premier trimestre de chaque année, est exacerbé par une destruction sans précédent de la demande de pétrole en raison de la propagation mondiale du Covid-19.» L'Opep, qui indique que «la demande de pétrole au deuxième trimestre de l'année en cours a été révisée à la baisse de près de 12 millions de barils/jour en glissement annuel, avec 60% de pertes provenant des carburants de transport, principalement de l'essence et du carburéacteur». Le rapport explique que «les mesures de confinement mises en œuvre par divers gouvernements ont inclus des interdictions de grande envergure, des restrictions de voyage et des exigences de distanciation sociale, qui affectent actuellement plus de 40% de la population mondiale». «Ces restrictions ont, précise la même source, entraîné une chute de la consommation de carburant, au milieu de la constitution des stocks de produits, endommageant gravement les marchés de kérosène». Selon l'Opep, la gravité de l'effondrement devrait entraîner une contraction plus forte de la demande de pétrole, en particulier au cours du deuxième trimestre 2020, s'étendant aux troisième et quatrième trimestres de l'année en cours. L'Organisation souligne également que les défis pour les marchés de produits devraient se poursuivre, car «la chute de la demande pourrait inciter davantage de raffineurs à réduire, voire à arrêter leurs activités en raison de facteurs économiques défavorables, du manque d'espace de stockage ou de la disponibilité réduite du personnel». «Les marges pourraient continuer de baisser, comme en témoigne l'Asie en février, si la demande ne reprend pas rapidement», prédit le rapport, qui ajoute que «les entrées mondiales de raffineries ont chuté de 4,6 millions de barils/jour pour atteindre 76,6 mbj». Selon l'Opep, «malgré des réductions de 20 à 30% dans la plupart des usines, les stocks d'essence sont en hausse sur les marchés d'exportation traditionnels des Etats-Unis, comme l'Amérique latine, qui renoncent aux accords de livraison». Le rapport mensuel de l'Organisation annonce, sans équivoque, des perspectives sombres pour les marchés pétroliers.