Manu Dibango et ses potes de musiciens nous feront voyager sur les nuages d'un jazz métissé aux couleurs de l'Afrique... «La révélation m'est venue à Zéralda à l'époque, d'ailleurs j'ai un titre qui s'appelle Night à Zéralda. Je suis musicien donc, il faut que je sois capable de jouer toutes les musiques. Je joue comme je le sens. Je suis d'origine africaine mais je ne représente pas un continent, la musique est universelle, il faut s'adapter à son environnement», a déclaré Manu Dibango à la presse, mardi, après le superbe concert qu'il a donné à la Basilique dans le cadre de la 9e édition du jazz Festival de Tabarka (Tunisie). Manu au sax, Schaker était accompagné au piano par le pianiste congolais Ray Lama, un superbe batteur et un bassiste, sans oublier un DJ aux commandes des platines surnommé One two pour que la mayonnaise prenne et donne un résultat des plus épicés aux saveurs de l'Afrique, du gana avec Alomé, du Kinshassa, de Saweto, en passant par la Tunisie et autres contrées lointaines. Manu et ses potes, y compris ses «filles», les choristes du groupe, offraient, ce soir, au public, du bonheur plein la vue et surtout les oreilles. Un jazz métissé, gorgé de soleil, d'espoir pour les peuples noirs d'Afrique qui ont obtenu leur indépendance dans les années 60. «Les années de l'espoir, du rêve, de braise, de Patrice Lulumba», confie Manu Dibango. On ne peut s'empêcher, nous les Algériens, de se sentir, dès lors, touchés par cette âme généreuse, qui n'aura cessé d'envoyer ses ondes positives au public. Ray à la voix chaude et sensuelle nous fera voyager vers ces terres «partagées» par la «force» des choses. Et c'est un son plus tribal qui est enchaîné, rehaussé par les claquements de mains mesurant le tempo de ce rythme africain très cher à notre sensibilité. Aujourd'hui, ambassadeur à l'Unesco, Manu Dibango, dont la carrière a dépassé les frontières, est le symbole vivant du brassage musical ouvert «démocratiquement» à toutes les autres musiques. Artiste sans frontière, Ray Lama l'est aussi, quand on est né dans un train, on développe vite le goût de l'aventure et du voyage. En effet, compositeur, multi-instrumentiste, Ray a déjà exploré 250 ethnies musicales. Elève d'Amstrong, Elligton, Parker, Manu se plaît à faire évoluer son jazz. Qu'importe pour lui les étiquettes «jazz» ou «world». «C'est de la musique!» répond-t-il fièrement. De ce fait, la présence de Manu à ce festival souligne tout l'esprit d'ouverture et de tolérance de cet événement musical de Tabarka, étant ouvert à tous les autres styles de musiques. «Manu représente l'émergence de l'afrosound et de l'afro- electro-funk. Il est l'ambassadeur de l'éclosion de l'acid jazz», disent les critiques. Pour nous, en tout cas, pauvres profanes mais amateurs de bonnes musiques, on ne peut se tromper quant à l'énergie et la sincérité de ces artistes qui l'espace d'un moment, nous ont transmis de la chaleur, de l'amour, nous réconciliant avec une partie de nous-mêmes. «Moon light spling» une prière pour la terre mère l'Afrique, interprété par un Ray Lama, fort de son talent et de sa voix captivante, fera rayonner la Basilique en mettant du baume au coeur des spectateurs. Le meilleur, si l'on peut dire, est réservé pour la fin. Manu entonnera son tube légendaire Soul Makossa au grand bonheur de ses admirateurs. Un refrain devenu célèbre, rappelez-vous, grâce à Michael Jackson qui avait, à l'époque, omis de signaler sur la pochette de son album le nom de l'auteur du morceau. Comme quoi, il ne nia pas que chez nous, on souffre de problèmes de droits d'auteur. Le morceau a été piqué, cette fois-ci, par Jennifer Lopez, nous apprendra Manu Dibango. Ce dernier nous confie, tout de même, avoir gagné son procès. A quand le retour de Manu en Algérie? On l'ignore mais on l'espère de tout coeur. En première partie, c'est le groupe American Voices Jazz qui enchantera le public de Tabarka par son jeu musical très original. American Voices Jazz, ce sont quatre musiciens: Mic Del Ferro au piano, Paul Berner à la contrebasse, Sébastien Kaptain à la batterie et Deborah Carter à la voix de velours et swing. Leur originalité: surprendre en adaptant des morceaux de musique version jazz, du style l'opéra Carmen en salsa-jazz: un vrai régal! Après Alger la semaine dernière, c'est à Tabarka que le groupe fera sensation. American Voices Jazz, pour la présentation, est une organisation caritative dont le but est de promouvoir la musique et la culture américaines. Leur répertoire va du Brodway au jazz en passant par l'opéra et la musique contemporaine. Le groupe compte à son actif plus de 100 concerts dans 30 pays en Europe, Asie, Amérique latine, Afrique, et Moyen-Orient.