Le grand cinéaste algérien et homme de culture, Abderrahmane Bouguermouh, sera à l'honneur dans sa région natale d'Ighzer Amokrane, dans la wilaya de Béjaïa, du 29 au 31 juillet 2010 à la maison de jeunes d'Awzellaguen. Le tout, à l'instigation de l'association locale, Horizon, avec la contribution de l'APC et de quelques industriels. Longtemps en gestation - depuis 2007 -, cet hommage est celui de toute une génération désireuse de reprendre le flambeau. Et surtout saluer le talent du patriarche du 7e art. « Abderrahmane Bouguermouh a réalisé beaucoup de films, notamment le célébrissime La Colline oubliée. Mais, ces dernières années, il s'est fait oublier sur sa Colline. Nous avons voulu rompre avec les hommages-posthume et lui exprimer notre profonde reconnaissance de son vivant. C'est un homme auprès de qui nous avons beaucoup appris. Il a toujours voulu qu'il y ait une relève », nous confie Kamel Djerroud, membre de l'association Horizon. Pour marquer ces journées, plusieurs activités aussi riches que variées, sont prévues par les organisateurs. Au premier jour, une exposition iconographique et scripturale retracera dans la matinée le riche parcours du père cathodique de La Colline oubliée (1996), superbe adaptation cinématographique du célèbre roman éponyme de l'écrivain Mouloud Mammeri. Dans l'après- midi, il est prévu un table-ronde animée par d'éminents conférenciers autour du film amazigh : état des lieux et perspectives, suivi par une remise de prix symboliques aux hôtes de la Vallée de la Soummam. Ses amis salueront son œuvre On annonce la présence de personnalités de renom et amis de l'homme, dont les cinéastes Belkacem Hedjadj, Ali Mouzaoui et la poétesse Hadjira Oubachir. Les activités se poursuivront le vendredi, avec la programmation d'une conférence qui traitera de la grande contribution filmique de Abderrahmane Bouguermouh, au cinéma algérien en général et amazigh en particulier. Dans l'après-midi, place sera faite à la projection sous forme de panorama de l'ensemble de la filmographie amazighe. Le dernier jour sera un jour de fête. Un gala de haut standing est prévu. Et une brochette de chanteurs algériens ne manquera pas d'égayer les présents. On y annonce le passage de Boudjemaâ Agraw, Brahim Tayeb, Zayen, Rabah Inaslayen, la troupe Debza, Kaci Boussaâd et Azal Belkadi. Réalisateur de plusieurs courts et longs métrages, Abderrahmane Bouguermouh, dont le parcours artistique est exemplaire, a été souvent victime de la censure d'Etat. En 1963, il est exclu pour ses idées du Centre national cinématographique algérien. Deux ans plus tard, son moyen métrage, Comme une âme, tourné en langue berbère, a été refusé par le ministère de tutelle, qui exigeait une version arabe. En 1968, il dépose La Colline oubliée à la commission de censure. Dans une lettre d'intention, il précise que ce film ne peut se faire qu'en kabyle. Le projet est rejeté sans explication. C'est dire que le chemin parcouru par l'enfant de la Vallée n'était pas une sinécure. M. Bouguermouh a par ailleurs investi le champ littéraire avec la publication d'un roman intitulé Anza, une rétrospective mnémonique d'une Algérie sous l'occupation française.