Epicentre de la pandémie en Algérie, la wilaya de Blida, confinée depuis plus de trois semaines, enregistre une accalmie face à l'infection virale de Covid-19, qui a touché, jusqu'au 17 avril, plus de 628 cas positifs, dont 13 nouveaux cas et 91 décès. Les spécialistes affichent un brin d'espoir d'enregistrer dans les prochains jours un déclin de cette épidémie, vu la réduction du nombre de cas admis en réanimation et de décès par jour. Un résultat qui ne peut être réalisé qu'avec le maintien du confinement tel qu'il est adopté actuellement. «C'est un moment décisif pour les Algériens», lance un épidémiologiste qui appelle à plus de rigueur dans le respect des mesures de confinement, la distanciation sociale et l'hygiène des mains. «C'est grâce à ce confinement total au niveau de la wilaya de Blida que le flux a baissé de manière significative. Mais cela ne signifie pas la fin de l'épidémie», a-t-il insisté. «Nous devons respecter davantage ce confinement», a-t-il recommandé avant de préciser que «la courbe de l'épidémie poursuivra son élan qui peut être stable, comme c'est le cas aujourd'hui, et puis entamer sa descente ou bien elle prendra une envolée effrénée qui fera beaucoup de mal. Cela dépend justement du comportement des citoyens vis-à-vis de toutes ces mesures mises en place par les pouvoirs publics». Et de signaler que, «logiquement, nous nous approchons du pic épidémique qui intervient normalement entre la sixième et la huitième semaines depuis l'apparition de la pandémie. Ce qui correspond à la période qui varient entre les 15 et 25 avril». Il revient ainsi sur le but du confinement qui, selon lui, permet de réduire le nombre de cas de contamination, d'organiser et gérer des formes sévères et graves dans les hôpitaux. «Imaginez que tous les malades se rendent tous, en même temps, vers les établissements de santé, si le pic de l'épidémie est atteint avec un fort taux de contamination. Le but du confinement est justement d'éviter ce genre de situation, tel le scénario italien ou français, et surtout arriver à aplatir la courbe», a-t-il ajouté. Et de rappeler que la période de la contagiosité est de 25 jours. Le spécialiste indique qu'on ne peut parler du déclin de la courbe que si deux indicateurs importants, à savoir le taux d'hospitalisation en réanimation et le nombre des décès, sont revus à la baisse. Ce qui semble se dessiner, ces derniers jours, selon les médecins infectiologues, pneumologues et réanimateurs dans les différentes structures de la wilaya. Le Dr Yacine Khalloui, pneumologue et chef de service à l'EPH de Blida, se montre optimiste. Pour lui, il est temps de sensibiliser davantage sur l'intérêt de la distanciation sociale et du confinement, qui ont tout de même donné des résultats. Il signale que le confinement n'élimine pas l'épidémie mais casse la chaîne de contamination, d'où l'intérêt de la distanciation. «A Blida, ces derniers jours, la tension a beaucoup baissé sur les hôpitaux, mais nous souhaitons qu'il y ait un respect du confinement pour les prochains jours, qui sont déterminants pour nous», a déclaré le Dr Khalloui. Et de préciser que des cas positifs arrivent toujours à l'hôpital et plusieurs services ont dégagé des lits, notamment en médecine interne, rééducation fonctionnelle, rhumatologie et aux urgences. Le Dr Khalloui signale que «peu de cas évoluent vers la forme sévère et nous enregistrons de moins en moins de patients en réanimation». Depuis l'introduction de l'hydroxychloroquine le 24 mars dernier, explique-t-il, «nous enregistrons l'amélioration de l'état de santé de nos patients. Certains quittent l'hôpital au bout du septième jour de traitement, avec une charge virale négative confirmée par le test PCR». Il affirme que la situation se stabilise. «Nous arrivons à maîtriser les choses. Mais cela peut changer d'un moment à l'autre. Personne ne peut prévoir ce qui peut arriver les prochains jours», a-t-il averti. Le Dr Adel Boudahdir, anesthésiste réanimateur au CHU de Blida, qui a vu de nombreux malades décéder en réanimation au début de l'épidémie, commence à souffler. «Au départ, nous étions dans une petite unité Covid-19 au service des urgences, au CHU, et l'afflux des malades était très important. Les moyens étaient limités et le risque d'arriver à saturation nous hantait. Au bout de quelque jours, nous étions effectivement en saturation. Ce qui a accéléré l'ouverture du nouveau bloc, dédié à la chirurgie cardiaque, et le consacrer complètement au Covid-19. Les conditions de travail sont meilleures et nous avons les moyens de protection nécessaires», a-t-il souligné. Et de préciser que le rythme de travail a un peu baissé, mais «les formes sévères arrivent toujours en réanimation et ce ne sont pas seulement des personnes âgées. Il y a l'exemple des femmes enceintes, dont les grossesses varient entre 21 et 28 semaines. La situation en réanimation est flottante. Il y a des moments d'accalmie pendant quelques jours, qui sont suivis par une hausse du nombre de cas. Nous avons un intervalle de 25 à 35 patients avec une hétérogénéité des groupes, dont certains nécessitent dans un premier temps une oxygénothérapie, mais qui peuvent passer en ventilation dans un second temps», a-t-il souligné. Et de rappeler que «les équipes de réanimation du CHU et de l'Institut du rein ne ménagent aucun effort pour soulager les malades, en mettant en place tous les moyens pour une prise en charge non invasive, notamment la technique de la ventilation non invasive avec le masque facial adaptateur avec un masque de plongée sous-marine. Nous avons eu plusieurs dons à cet effet, et cela nous a permis de sauver des vies». Et d'appeler au respect du confinement et de la distanciation sociale pour éviter une recrudescence du nombre de cas.