Les Algériens vivront cette année un mois de Ramadhan inédit. Pandémie, confinement, risque de contagion et obligation de se déplacer dans les espaces commerciaux durant ce mois sont autant de questions qui hantent les citoyens. Situation sanitaire critique et confinement obligatoire, le quotidien ramadanesque des familles algériennes sera différent de celui des années passées. Qu'ils commencent à jeûner jeudi ou vendredi, les Algériens vivront cette année un mois de carême inédit. Pandémie, confinement, risque de contagion et déplacement dans les espaces commerciaux durant ce mois sont autant de questions qui hantent les ménages. Situation sanitaire critique et confinement obligatoire, le quotidien ramadanesque des familles algériennes sera différent de celui des années passées. Avec cette propagation du coronavirus et le risque élevé de contagion, notamment dans les lieux connaissant une affluence, les mosquées ne sont pas près d'être rouvertes. Une telle solution radicale est pratiquement impossible pour les marchés de gros, de proximité et les grandes surfaces. Des lieux où la saleté et les risques de contagion sont importants. «C'est la première fois de ma vie où ce n'est pas la nuit du doute qui m'intéresse mais plutôt les mesures que je devrai prendre pour éviter à ma famille une possible contamination par le Covid-19. C'est pour cette raison que j'ai fait mes achats, du moins ceux indispensables, en début de ce mois d'avril. Je préfère éviter les bousculades en ce temps de danger sanitaire», confie Mohamed, quinquagénaire, père de 4 enfants. L'attitude de ce résident de la ville de Koléa, dans la wilaya de Tipasa, est adoptée par bon nombre de concitoyens qui évitent, certes, les bousculades, mais aussi la hausse des prix. D'autres ont déjà fait leurs emplettes dès le début du confinement. «Etant donné que notre pays n'a jamais affronté une crise sanitaire pareille, j'ai préféré faire des stocks à l'avance. Moi et mon époux, nous refusons d'être pris de court», souligne Ratiba, maman de 3 enfants. Pour les achats quotidiens, tels que les fruits et légumes, elle dit préférer limiter les risques en faisant ces achats en ligne. Un choix de plus en plus courant en cette période de confinement. Le e-commerce connaît un boom. Il reste toutefois tributaire de l'accès à internet et aux heures de libre-circulation avant le début du confinement obligatoire. Au-delà de ces choix, une grande majorité d'Algériens doivent se déplacer vers les marchés de proximité pour s'approvisionner. Au rythme où sont gérés ces lieux commerciaux, le risque de propagation du Covid-19 est très élevé. Les propositions de la société civile En attendant que des mesures soient prises dans ce sens et que l'Etat annonce la couleur par rapport au durcissement ou non des mesures de confinement, le mouvement associatif livre ses propositions. Hacène Menouar, président de l'association nationale de protection du consommateur El Aman, estime que les politiques, les scientifiques et surtout les hommes de religion doivent communiquer intensivement à ce sujet pour préparer les citoyens à ce Ramadhan unique en son genre. «Le Covid-19 est toujours là. Rien ne dit qu'il va disparaître avant le mois sacré du Ramadhan, ni même avant Aïd El Fitr. La fermeture des mosquées restera une mesure de prévention qui sera, certes, mal accueillie par les populations, mais qui reste un sacrifice pour contenir la propagation du virus. L'assurance quant à la disponibilité des produits alimentaires est plus qu'obligatoire. C'est ainsi que les discours politiques furtifs sont insuffisants, voire inefficaces. Les citoyens veulent du concret dans la réouverture des commerces avec l'abondance des produits», suggère notre interlocuteur, qui appelle le consommateur à profiter de cette occasion pour revoir ses priorités en matière d'achats et, selon ses dires, se limiter à l'essentiel. Dans ce sillage, il propose de faire des achats une fois tous les 5 jours, s'approvisionner chez les commerçants de proximité, éviter de se déplacer aux marchés et supermarchés, acheter l'essentiel et ne ressortir que pour les petits détails. «Quant aux pouvoirs publics, ils doivent veiller à assurer la permanence et la continuité de service des commerçants et des prestataires de proximité, leur fixer des horaires d'ouverture et les obliger à ouvrir à 7h, dès la fin du couvre-feu sanitaire. Ils doivent également les obliger à s'approvisionner la nuit et assurer un véritable contrôle de qualité des quantités exposées et des prix de vente. Un décret spécifique à l'organisation de cette période devrait être élaboré par le ministère du Commerce, où toutes ces mesures seront citées ainsi que les sanctions pour les commerçants qui ne les respecteraient pas», ajoute-t-il. Il est à savoir que mercredi dernier, le ministre du Commerce, Kamel Rezzig, a tenu une réunion à laquelle ont pris part des cadres de son département ainsi que des autres ministères en relation avec la gestion de la pandémie de coronavirus, notamment dans son volet alimentation et consommation. Selon le secrétaire général de ce ministère, Karim Gueche, les points les plus importants traités lors de cette rencontre multisectorielle avaient trait à l'approvisionnement du marché en denrées alimentaires. «Le plus important actuellement, notamment avec l'arrivée du mois de Ramadhan, est de maintenir l'abondance de l'offre et, de facto, la stabilité des prix. Nous avons dans ce sens pris toutes les dispositions nécessaires afin d'alimenter continuellement le marché tout en veillant à ne négliger aucune région du pays, notamment celles du Sud et du Grand Sud», explique notre interlocuteur, qui rassure quant à la disponibilité des produits et l'absence de toute pénurie, y compris pour la semoule. Il annonce qu'une quantité de 110 000 quintaux est injectée sur le marché, atténuant ainsi la pression sur ce produit. Il revient également sur l'importance que revêt actuellement le système de ventes en ligne. Selon ses propos, des autorisations sont délivrées à plusieurs enseignes et grandes surfaces afin de s'y mettre de manière légale. Sur sa lancée, il rassure qu'en matière de contrôle de qualité, le consommateur n'a rien à craindre étant donné que les produits vendus dans ce créneau formel sont contrôlés. Pour le e-paiement, notre interlocuteur a dévoilé que des efforts intenses sont consentis par le ministère du Commerce et celui de la Poste et des Télécommunications afin de le généraliser au plus vite.