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Docteur Azzeddine Kerzabi. Médecin à Valence (Espagne) : «Le Covid-19 a révélé les lacunes des systèmes de santé de beaucoup de pays développés»
Publié dans El Watan le 25 - 04 - 2020

Le docteur Azzeddine Kerzabi travaille actuellement en tant que médecin de famille au centre de santé publique à Valence, en Espagne (Hôpital général de Valencia). Après des études de médecine à l'université de Tlemcen, il s'installe en 1989 en Espagne où il décroche un diplôme en radiothérapie oncologique à l'université de Valence. Avec plus de 25 ans de service dans le monde médical, le docteur Kerzabi nous raconte comment l´Espagne est devenue l´un des pays les plus affectés au monde par la pandémie de coronavirus.


-L´Espagne est parmi les pays les plus touchés par le Covid-19. Pourquoi, à votre avis, le virus s'est-il répandu d´une façon aussi exceptionnelle ?
Je pense qu'en Espagne il y a eu une prise de conscience très tardive de la gravité de la situation. L'Italie est le premier pays européen à être frappé par la pandémie tout au début du mois de février. L'Espagne, à la différence de certains pays voisins, ne partageant pas de frontières avec l'Italie, s'est crue à labri d'une telle contamination. Le gouvernement a tardé à prendre des mesures restrictives pour juguler la propagation du virus, l'état d'alarme n'a été décrété qu'à la deuxième semaine de mars.
-Quels sont les facteurs qui ont favorisé la propagation de la maladie ?
Plusieurs facteurs ont favorisé la propagation de la maladie, tous en relation avec cette prise de conscience tardive, et qui peuvent être cités chronologiquement :
– tout d'abord, il y a eu ce match de foot qui a opposé, le 19 février dernier, l'équipe de Valence à l'Atalanta Bergame, disputé à Milan, en Italie. 2500 Espagnols ont fait le déplacement, se fondant dans la masse des 40 000 supporters italiens, depuis décimés par la pandémie, ils propageront le virus sans le savoir dès leur retour en Espagne, 35% des joueurs du club valencien ont été contaminés.
– Le 28 février, cinq personnes d'un même foyer seraient à l'origine de la propagation du virus lors d'un banquet familial célébré à Igualada, ville catalane de plus de 30 000 habitants, en provoquant une explosion du nombre de cas affectés, obligeant les autorités à barricader la ville.
– Le 29 février à Perpignan, Carles Puigdemont, le leader catalan, concentre lors d'une manifestation indépendantiste près de 100 000 Catalans espagnols.
– Le 8 mars, des milliers de personnes sortent un peu partout en Espagne pour célébrer la Journée internationale des femmes, 120 000 personnes se rassemblent dans les rues de Madrid.
– Le 10 mars, à quelques jours du début des fêtes régionales de Valence, las Fallas, des milliers de personnes assistent aux traditionnels feux d'artifice sous un soleil printanier.
Si on estime qu'en l'absence de mesures de contrôle et de prévention, chaque patient infect entre 2 et 3 personnes, on peut donc imaginer l'ampleur qu'a pu prendre cette transmission interhumaine du virus Covid-19.
-Le gouvernement vient de prolonger le confinement jusqu'au 9 mai. Pensez-vous que le problème sera réglé d'ici là ? La situation sera-t-elle maîtrisée après des semaines de confinement ? Quels sont les résultats jusqu'à présent ?
Le gouvernement a prolongé le confinement jusqu'au 9 mai pour combattre la pandémie de coronavirus. Ces mesures restrictives permettront au système de santé de se redresser, en soulageant les hôpitaux, actuellement débordés par l'afflux de malades, en particulier dans les unités de soins intensifs. Pour la phase de désescalade, il faudrait peut-être lever le confinement progressivement à partir du 25 avril, tout en détectant les porteurs de virus par des tests pour pouvoir les isoler.
Pour le moment, chaque nouveau malade infecte en moyenne 2 à 3 personnes, la pandémie s'arrêtera quand chaque nouveau malade n'en infectera pas plus d'un, il est donc primordial de limiter le nombre de contacts interhumains. Arrêter la pandémie de Covid-19 ne se fera pas sans l'implication totale de l'ensemble de la population. L'expérience de la Chine dans la lutte contre cette pandémie a bien démontré que la distanciation sociale est la seule mesure qui permet d'écrêter le pic épidémique.
-La sécurité des soignants est primordiale. Quelles sont les mesures prises par les autorités sanitaires espagnoles pour les protéger ?
La sécurité des soignants est primordiale, médecins, infirmiers, aides-soignants présentent un risque supérieur à celui de la population générale d'être infectés par le virus SARS-CoV-2 car ils sont en première ligne dans la lutte contre le Covid-19.
Une des préoccupations qui hante les esprits des soignants est le niveau de transmission du nouveau coronavirus par les porteurs asymptomatiques. Le nombre de professionnels sanitaires infectés par le Covid-19 en Espagne ne cesse de croître de jour en jour, ainsi, au lundi 6 avril, le Système national de santé (SNS) recense 1490 nouveaux cas détectés et un total de 5400 professionnels de la santé contaminés par le coronavirus.
L'une des priorités du gouvernement espagnol dès le début de la pandémie était de doter les professionnels en moyens de protection. On priorise la téléconsultation et le télé-suivi pour prendre en charge les personnes atteintes de Covid-19 ; on met en marche des protocoles d'approvisionnement de tout le matériel nécessaire pour la protection individuelle, des masques, des gants, des blouses… des tests de dépistage. Hélas, au fil des jours, l'épidémie de Covid-19 ne cesse de nous montrer de façon tragique la difficulté du gouvernement espagnol ainsi que de bien d'autres pays européens à disposer de suffisamment d'équipements de protection pour éviter la diffusion du virus.
-L'Espagne a-t-elle déjà atteint le pic ?
Le virus affecte différemment le pays. A Madrid, en Catalogne, au Pays basque, et à La Rioja, l'épidémie est plus profonde. Par contre, certaines régions ont réussi à mieux contrôler les transmissions et se dirigent déjà vers une stabilisation. Le pourcentage d'augmentation quotidienne de nouveaux cas diminue et on compte presque deux fois plus de guérisons que de décès. Des signes qui laissent à penser qu'on a fort probablement atteint le pic de contagion.
-Pratiquement tous les systèmes de santé dans tous les pays du monde souffrent devant cette pandémie. Pourquoi, à votre avis ?
Cette crise humanitaire due au Covid-19 révèle les lacunes des systèmes de santé de beaucoup de pays développés dans le monde. Le manque de transparence sur les équipements de protection, de dépistage du coronavirus et de respirateurs dans les unités de soins intensifs, la difficulté à les produire localement comme la dépendance vis-à-vis d'autres pays pour ces biens constituent les véritables points faibles de ses système de santé publiques.
Le monde est confronté à de graves perturbations sur le marché des équipements de protection individuelle. La demande est jusqu'à 100 fois supérieure à la normale et les prix sont jusqu'à 20 fois plus élevés, avait déclaré le Dr Tedros, directeur général de l'OMS, lors d'un point de presse à Genève. Par ailleurs, les inégalités dans la couverture sanitaire sont parfois flagrantes. Aux Etats-Unis, on estime que 87 millions d'Américains sont peu ou mal assurés et ne peuvent pas payer les coûts des tests de dépistage.
-L'Algérie, comme d'autres pays, a adopté le protocole du traitement du Covid-19 à base de chloroquine. Quel est votre avis sur ce choix ?
La chloroquine est un médicament indiqué dans le traitement et la prévention de la malaria mais aussi en rhumatologie et en dermatologie pour traiter la polyarthrite rhumatoïde et certains lupus. Un essai clinique européen Discovery, avec la participation de 3200 patients, a démarré ces dernières semaines, dans l'espoir de trouver un traitement efficace contre le Covid-19, il compare trois antiviraux expérimentaux administrés soit seuls, soit en cocktail. Et d'un autre côté la chloroquine, les résultats préliminaires verront le jour dans 3-4 semaines.
L'usage de la chloroquine pour le traitement des patients atteints du coronavirus en Algérie a été validé par le comité d'experts mobilisé au sein du ministère de la Santé. Si le bénéfice de la chloroquine se confirme, comme c'est le cas dans certains essais, et qu'on soit capables de couvrir toute la demande de nos centres médicaux, l'Algérie aura enfin gagné ce combat contre cette terrible pandémie.

Propos recueillis par Ali Aït Mouhoub


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