Lauréat du prix «Jeune talent» du concours national de la bande dessinée et du cosplay, lors de la 9e édition du Fibda 2016 à Alger, l'artiste-bédéiste, Kamel Bentaha, revient dans cet entretien sur ses premiers coups de crayon, ses albums de BD en tamazight et ses projets. -Pouvez-vous nous parler de vos premiers pas dans la caricature ? Azul, si on se réfère à la définition du mot caricature, sur l'exagération des traits caractéristiques du visage, je vous dirai que c'est dès mon enfance, comme tous les enfants qui dessinent, mais pour revenir à votre question, à savoir mes premiers pas dans le domaine professionnel, je vous dirai en 1994 avec le journal Le Pays (Tamurt). Comment je me suis trouvé dans cet art ? Moi-même je me pose cette question ! Il faut que vous sachiez que je suis autodidacte. J'aimais dessiner dès mon enfance et les seuls livres que je pouvais avoir et lire, c'était des livres de BD. J'ai de tout temps reproduit mes personnages préférés. J'adore le dessin en général (la peinture à l'huile, l'aquarelle, crayon fusain)… sauf que j'ai développé une petite allergie à l'essence de térébenthine. J'ai été obligé de laisser le dessin à l'huile. C'est la raison qui m'a poussé à améliorer mon trait pour des dessins de BD et satirique. Le milieu journalistique que j'ai côtoyé pendant mes premiers pas dans la presse dans les années 1990 comme illustrateur de presse et caricaturiste m'avait réconforté à aimer encore plus cet art. -Quelles sont vos thèmes de prédilection ? Je pense, peut-être même, c'est ce que pense la majorité des caricaturistes, il y a deux sortes de caricatures : 1- la caricature de presse, qui est une caricature qui suit la ligne éditoriale du journal, et qui suit les événements du jour ; qui a une durée de vie limitée. 2- la caricature vivante, c'est celle qui reflète une vie sociétale sans se baser sur un événement du jour. En fait, pour répondre à votre question, la caricature apparaît parmi toutes les manifestations artistiques, comme la plus proche de l'œuvre littéraire. L'association d'idées offre une richesse illimitée, avec ses effets d'humeur. Donc, la majorité des cas, on se base sur un article ou deux pour faire une caricature. -Quelles sont les limites qui s'imposent aux caricaturistes ? Très bonne question ! La caricature est l'art d'exagérer, de forcer des traits pour ridiculiser, dénoncer, critiquer…vous comprenez la complexité de votre question ! Des caricaturistes qui ont dénoncé et satirisé des personnages politiques ou religieux étaient menacés et tués. Je pense que la plupart des caricatures sont choquantes lorsque le sujet-événement…est choquant. -Vous avez publié des BD en tamazight…. Effectivement, j'ai publié plusieurs BD en tamazight, dont la première a été primée au Festival international de la bande dessinée d'Alger (Fibda). J'ai d'abord publié un album de caricature en langue française (Amicalement vôtre) puis deux BD en langue arabe, une avec la direction de la jeunesse et de sport (DJS) de Tizi Ouzou, la deuxième avec l'Algérienne des eaux (ADE) de la wilaya. En fait, le rêve de chaque bédéiste est de créer son propre personnage de BD, un personnage qui reflète sa culture, sa société, ses racines. J'ai travaillé sur ce personnage : un personnage qui me représente, représente mes parents et grands- parents, mes enfants, les amis de mes enfants, mon village, ma ville, mon pays, mon continent… et pour y arriver, je dois penser, rêver, dessiner, réfléchir, écrire avec ma langue maternelle et la langue de mes ancêtres ; le tamazight ou le kabyle. Primo, elle aidera à enrichir ma langue et la langue de mes ancêtres et contribuera à son épanouissement. Secondo, je pense que toutes les œuvres littéraires doivent avoir un objectif et un but à atteindre. Pour moi, c'est d'être lu, compris. -Des projets d'albums en vue ? Je continue à travailler mes personnages et à aider ma langue avec mes albums de caricatures et BD. Je suis en train de finir deux autres bd qui seront publiées prochainement, toujours en tamazight.