Mus par l'ardent désir de s'extraire de la morosité quotidienne, laquelle est accentuée par la torpeur d'un été caniculaire, impatients de se couler dans la fluence des vagues rafraîchissantes de la mer, des habitants des villes intérieures de l'est du pays prennent le volant et s'en vont, tambour battant, défricher en trombe et au risque de leur vie, des kilomètres à la recherche d'un repos éphémère. Trafic dense sur les routes, files interminables et tension suffocante pour qui, l'illusion de gagner quelques jours de détente sur la côte n'est pas sans danger. Dès lors, une course effrénée vers la grande bleue est engagée par ceux qui veulent arriver tôt et vite, pour enfin s'allonger sur un rivage bondé. En dix jours (du 17 au 28 juillet) seulement, le bilan des accidents de la route est terrible. En effet, l'on a dénombré, le 17 juillet, la mort de cinq personnes à Biskra, lorsque dans sa course folle, un camion mastodonte de ferraille déglingué, a fauché une fillette d'à peine 4 ans avant de grimper carrément sur le trottoir et d'écrabouiller trois jeunes, âgés entre 22 et 28 ans, qui s'adonnaient à une partie de cartes autour d'une table. Le lendemain, à Hammam Sokhna, dans la wilaya de Sétif, une violente collision frontale entre deux véhicules s'est soldée par la mort de trois personnes âgées entre 30 et 35 ans. Un jour après, ce sont des moissonneuses-batteuses et autres engins agricoles qui sont signalés sur l'autoroute Est-Ouest, constituant de ce fait un risque certain pour eux-mêmes et les autres usagers, comme ce fut le cas à Bordj Bou Arréridj, où le conducteur d'un tracteur transportant du blé s'est fait écraser par son propre véhicule. Le même jour, un autre drame est survenu du côté de Barika, à Batna, où un père de famille voulant rejoindre en urgence l'hôpital de Barika pour sauver son enfant âgé de 4 ans, piqué par un scorpion, bute violemment sur un ralentisseur non signalé. Roulant à vive allure, il ne pouvait que perdre le contrôle de sa voiture, laquelle, valdinguant d'un côté et de l'autre de la route, a été, hélas, stoppée net par une remorque garée sur le bas-côté. Bilan : la mère et l'enfant sont morts sur le coup et les trois autres occupants, tous de la même famille, se sont retrouvés à l'hôpital dans état jugé très grave. Le 21 juillet, dans la wilaya de Jijel, 12 personnes ont été blessées dans trois carambolages. Au cours de la même semaine, les services de la Protection civile de Batna ont enregistré 5 morts et 32 blessés sur les routes. La « furie joyeuse » des cortèges nuptiaux Certains cortèges nuptiaux ne passent pas sans causer des accidents comme cela a été constaté à Bordj Bou Arréridj, où, le 24 juillet dernier, un ouvrier s'est fait mortellement faucher par une des voitures d'un de ces cortèges. La même journée, cinq morts sont signalés à El Eulma, dans la wilaya de Sétif. Et l'hécatombe continue. Lundi dernier, sur la route de Babar, à Khenchela, lors d'un cortège nuptial -en furie joyeuse- une collision entre deux véhicules a entraîné la mort d'une personne et occasionné des blessures à quatre autres. À Jijel, sur la RN43, en voulant s'arracher de son camion pour éviter un choc imminent avec une voiture qui lui fonçait dessus, un conducteur sera quand même mortellement percuté par le véhicule léger. À Oum el Bouaghi, c'est un bus transportant des estivants qui s'est renversé en faisant 4 morts d'une même famille et pas moins de 25 blessés. Le même jour, soit lundi dernier, 2 morts et 3 blessés sont recensés du côté de la RN27 à Mila, suite à la chute de leur véhicule dans un ravin et, ce après avoir effectué plusieurs tonneaux. Les victimes étaient toutes de la même famille. Pour clore ce décompte macabre, ce mercredi 28 juillet, toujours sur la RN27, près de Sidi Maârouf, dans la wilaya de Jijel, deux morts et quatre blessés ont été dénombrés dans une collision entre un taxi et un camion de gros tonnage. En considérant ce bilan, l'on peut dire que les vacances de beaucoup d'Algériens deviennent de plus en plus une aventure dangereuse, voire fatale.