Il faut se rappeler de la loi 86-14 de 1986 axée sur le partage de la production, initiée par Sid Ahmed Ghozali premier ministre de l'époque, mettant en concurrence les sociétés étrangères de pétrole possédant les expériences et les technologies avérées pour le partage de production avec SH en mettant en valeur un panier de gisements de pétrole déjà en exploitation et surtout Hassi Messaoud, un des plus grand gisements de pétrole du monde, qui était sa priorité. Une concurrence redoutable entre sociétés étrangères s'est traduite par la signature de plusieurs contrats concernant plusieurs gisements algériens, mais déception, pas une seule offre n'a été proposée pour Hassi Messaoud alors que c'est ce gisement, en priorité, qui en avait le plus besoin. Pourquoi ? Pour deux raisons : 1- Parce que notamment, le coût de production du pétrole de Hassi Messaoud est l'un des plus chers au monde. 2- Le taux de récupération de Hassi Messaoud est faible (22%) alors que la moyenne mondiale est de 35%, souvent plus. Exemple, le taux de récupération de Rhourd El Baguel, ayant les mêmes caractéristiques géologiques du réservoir que Hassi Messaoud mais en plus petit a été de 30% en récupération primaire, c'est-à-dire, par la propre pression du gisement. Le taux de récupération est le pourcentage de pétrole récupérable par rapport à la quantité totale initialement en place. En augmentant de 1% le taux de récupération de Hassi Messaoud, c'est 500 millions de barils pétrole récupérables. C'est équivalent à une découverte d'un nouveau gisement de pétrole. Une déception pour notre premier ministre ! n'ayant pas trouvé le partenaire rare ayant les capacités nécessaires pour améliorer ce taux et partager le risque. Pour comprendre pourquoi le prix de revient du baril est cher et le taux de récupération faible, qui d'ailleurs sont liés, il faut revoir l'historique de Hassi Messaoud. Sa découverte l'un des plus grands champs pétrolier au monde, est intervenue en juin 1956, « en pleine guerre d'Algérie ». Le pétrole jaillit en force à une profondeur de 3 350m. En 1960, 52 puits étaient en production. Décision, d'injecter du gaz à une pression de «420 bars » dans le gisement, fût prise dès 1962 par SN REPAL pour le sud et CFP(A) pour le nord de Hassi Messaoud. Le début de la réinjection de gaz a eu lieu en 1964, pratiquement dès le début du développement du gisement, sans attendre la fin de la récupération primaire, contrairement à tous les producteurs de pétrole du monde qui exploitent leur gisement en respectant les étapes. Cette prise de décision,il faut le souligner, « dès l'Indépendance de l'Algérie » est lourde de conséquence,cachait un objectif : mettre le gisement en compression pour accélérer relativement la production et siphonner ainsi le maximum de pétrole au lieu de choisir la solution la plus raisonnable : forer tranquillement plusieurs puits de production, cela revient cher et prenait beaucoup de temps. SN REPAL et CFP(A) appelaient cette duperie « maintien de pression du gisement». Après la nationalisation des hydrocarbures en 1971, SH a poursuivi le programme très coûteux de gaz injecté, elle était contrainte par conséquent à remplacer à tout prix, par une nouvelle génération, les deux motos compresseurs existants qui ont montré leur limite. C'est au milieu de la décennie 1970 que deux usines de compression, centrifuge nouvelle génération, ont été installées en remplacement des motos compresseurs limités en performance. (Voir les défauts de jeunesse des compresseurs centrifuges qui étaient des prototypes à mettre au point).Dans les années 1980 un complexe de réinjection d'eau a été installé pour une injection mixte eau-gaz dans le gisement. On a même réinjecté du CO2 dans le gisement qui s'est avéré corrosif en présence de l'eau. Le gisement de Hassi Messaoud a servi de laboratoire à plusieurs prestataires de service, constructeurs d'équipements pour développer des techniques, des procédés, des produits, des machines, dont quelques-uns ont bouleversé certains segments de l'industrie pétrolière. Pratiquement, toutes les méthodes de récupération tertiaires connues y sont déjà utilisées jusqu'à maintenant, bien sûr onéreuses ; c'est à peine 22% qu'on espère récupérer. Et c'est pour cette raison que le prix de revient du pétrole de Hassi Messaoud est l'un des plus chers au monde. Pour accroître les réserves récupérables, il faudra un procédé révolutionnaire. Le programme de Hassi Messaoud qui était une expérience tentée par SN REPAL (devenue plus tard Elf) et CFP A (devenue Total) a été généralisé à tous les champs importants de SH, soit en injectant du gaz, soit en injectant de l'eau, soit en en injectant les deux à la fois. Ce procédé a été imposé, même aux gisements nouvellement développés comme HassiR'Mel, RhourdNouss, Benkahla, Guellala, Hamra etc… HassiR'Mel, un des plus grands gisements de gaz au monde, fut découvert la même année (1956) que le gisement de pétrole de Hassi Messaoud. Plus grave, son taux de récupération (huile) est de 19% alors que la moyenne mondiale pour les gisements de gaz se situe entre 70% à 80%. La faible densité du gaz fait que la colonne qui va du gisement vers la surface n'exerce pas une pression importante au regard de celle qui règne dans le gisement. Et pour cette raison, le taux de récupération moyen du gaz dans un gisement est bien plus proche de 80% que de 35% (cas du pétrole). Au lieu d'exploiter tranquillement un gisement, on a choisi la voie accélérée de son exploitation qui a montré ses limites. (Voir expérience Rhourde El Baguel en récupération primaire). Le champ Rhoude El Bagel est cité ici comme exemple de gisement exploité tranquillement en récupération primaire. Ce gisement, du point de vue géologie a beaucoup de points communs avec Hassi Messaoud. Sa formation productrice est constituée par les grés Cambien. Ce champ a été mis en production en 1963 avec une pression initiale des 402 bars. Les réserves de ce gisement ont été estimées à 460 millions M3. A la fin de 1995 la production cumulée était de 71 millions de M3. Le gisement a produit, en 1996 un potentiel de 14 000M3/jour avec 14 puits producteurs. La pression, en 1996, était de l'ordre de 140 bars. Ce gisement a été exploité en déplétion naturelle. Le taux de récupération était de l'ordre de 30%.