Circuler à Alger et « dépasser » tous les barrages de police sur son itinéraire, est une tâche très difficile. Tout le monde a eu l'occasion de le vérifier. La présence des policiers sur les routes, et toutes les « restrictions » qui accompagnent cette présence sont devenues un décor quotidien pour les usagers des routes. Il est fréquent de voir des automobilistes afficher leur ras- le-bol au sujet des interminables embouteillages dans les artères de la ville. S'agit-il en fin de compte du prix à payer pour « cette baisse de la criminalité » que les bilans officiels de la police se targuent d'afficher. A travers une ronde régulière de la brigade mobile de la police judiciaire de la capitale, nous avons tenté de lever le voile sur l'activité de ce corps de sécurité. La voiture qui nous a transportés à partir du commissariat central, avec deux officiers de la PJ, sillonnait les artères de la capitale. Avec L'équipement à bord, radio, talkie-walkie, permettant de garder le contact avec les équipes sur le terrain et le central, les policiers sont aux aguets, prêts à réagir à n'importe quel appel, ou geste suspect. Sur l'avenue de l'ALN, il n'y avait rien à signaler. Tout est calme. En ce début de soirée de la fin juillet, tout le monde a presque rejoint son domicile. Les voitures n'étaient pas nombreuses. Le barrage fixe au niveau de cette route veille et surveille tout véhicule passant par là. Bachedjerrah : l'informel, la bête noire des policiers Si le chef-lieu de la commune de Bachedjerrah était connu, il y a quelques années seulement pour être le fief de certains groupes armés, les services de sécurité se targuent aujourd'hui d'avoir mis a néant cette menace. C'est plutôt le marché informel qui cause des soucis à notre police. On suit de près toute trace de psychotropes et autres produits illégaux, mais il est impossible de mettre un terme à l'activité commerciale échappant au contrôle fiscal. Certes, plusieurs familles subsistent grâce à cette activité, et c'est presque une bénédiction pour elles, mais la police se doit de combattre ce fléau qui nuit, entre autres, à ceux qui travaillent régulièrement. Pour le moment, la police s'occupe des nuisances susceptibles d'être causées par ces marchands informels : embouteillages, bagarres, et squat des chaussées. Pour le reste, il faut certainement attendre une meilleure explicitation des prérogatives pour combattre ce fléau, car les APC s'en lavent les mains, laissant cette tâche aux services de sécurité. La « ronde » policière nous mènera à travers les venelles et ruelles d'Alger. L'on a annoncé une femme voulant se jeter du 3e étage. Les échanges par radio entre les différentes équipes ont permis, au fur et à mesure, de mieux comprendre l'incident. Quelques minutes après l'alerte, il s'est avéré que la pauvre femme voulait, au contraire, sauver sa vie. un incendie avait pris de l'ampleur dans son appartement, et le balcon était sa seule issue de secours. Secourue par les pompiers, la victime a été transférée sauve à l'hôpital Mustapha. Nous avons eu droit à des explications, durant ce périple, concernant les barrages fixes au niveau de Oued Ouchayah, « la porte d'entrée d'Alger ». Tout véhicule transitant par ce passage est passé au peigne fin. Des patrouilles des brigades mobiles s'assurent du maintien de la rigueur par les agents en place. La vigilance est toujours de mise concernant la menace terroriste. Oued Koriche : ne pas perturber le dispositif en place En proie à une effervescence durant l'opération de relogement dont ont bénéficié une partie des familles occupant les bidonville, les quartiers de la commune de Oued Koriche abritent un dispositif de sécurité pour empêcher toute explosion de la situation de tension qui y prévaut. Des policiers sont déployés sur place pour maintenir l'ordre, mais aucune voiture de police, en dehors de ce dispositif, ne devrait le perturber, nous ont déclaré nos accompagnateurs. Les policiers ne veulent pas attiser la tension. Les quartiers de la Carrière et de Climat de France connaissent des rixes entre des jeunes. Ces bagarres se manifestent parfois par de violentes représailles. Le déploiement intensif de la police se justifie, selon M. Belassel, commissaire divisionnaire, chef de la police judiciaire de la sûreté de wilaya d'Alger. Pour une capitale, enregistrer des nuits sans aucun incident et avoir un bilan moyen de deux crimes ou délits par nuit, ce n'est rien. Ce responsable n'a pas manqué aussi, lors de ses dernières sorties médiatiques, d'afficher un bilan positif, faisant état d'un « recul sensible de la criminalité ». Et tout cela a un prix, semble-t-il dire.