Beaucoup d'artistes en cette période de crise sanitaire et de confinement partagent leur inspiration et leurs arts depuis leur lieu de confinement. Il y en a ceux qui s'engagent dans des activités associatives pour venir en aide au personnel de la santé et aux démunis, ceux qui composent des chansons collectives ou individuellement créant du contenu dans le monde virtuel. Djamel Bouali, un artiste aux multiples facettes, natif d'El Kseur, invite les amateurs d'art et les internautes dans sa bulle. Artiste plasticien, graphiste et photographe attitré, Djamel s'est engagé depuis quelque temps à peindre et «exposer» ses toiles sur sa page facebook, à travers un concept qu'il a nommé «Chaque jour une toile». En cette période de crise sanitaire, les artistes retournent la situation à leur faveur. L'activité artistique «détourne l'attention des pensées négatives, nous permet de vider notre esprit et de constituer une façon constructive d'exprimer des sentiments, le simple plaisir de dessiner peut nous permettre de nous recentrer et d'évacuer le stress», dira-t-il. En période de catastrophe, alors que l'incertitude règne et que les jours s'égrènent lentement, l'art et la culture sont un refuge. C'est un message d'espoir que Djamel cherche à transmettre aux familles connectées. Les toiles qu'il a exposées sur les réseaux sociaux, une dizaine en tout, sont une explosion de couleurs, invitant au voyage, à jeter un coup d'œil sur le grand air et les paysages printaniers tout en restant chez soi. Il a commencé son périple à partir de la mer. Chaque jour, il peint un site, un lieu, le port de pêche de Béjaïa, ou le phare du Cap Sigli, et puis retour vers l'intérieur de la région en passant par les plaines d'El Kseur. «Comme on est au mois du patrimoine, j'ai effectué un voyage sur certains lieux d'histoire et de mémoire pour les revisiter à travers mes toiles, des scènes de vie et du patrimoine immatériel, tout ça pour oublier et faire oublier cette réalité du monde qui se bat contre un monstre mortel, pour lui opposer un monde en couleurs», raconte-t-il. Au fil du temps, comme la peinture c'est aussi une forme d'écriture de l'actualité, il a réalisé des tableaux dans l'abstrait et le semi-figuratif sur la situation difficile que la planète traverse. «Rapprocher, inspirer, apaiser et partager : autant de pouvoirs de l'art dont l'importance se révèle encore plus criante en ces temps de pandémie de Covid-19, des toiles en vue commencent à prendre forme en hommage aux efforts des soldats en blouses blanches et aux scientifiques». La mort du chanteur Idir ne pouvait pas le laisser indifférent. Il signera alors une toile qui sera partagée dans les réseaux sociaux. C'est une «exposition continue et en mouvement», qualifie-t-il ce vernissage virtuel, qui s'enrichit quotidiennement et qu'il aime, confie-t-il, «confronter au regard des autres». «A l'âge de la vitesse et de la communication virtuelle, l'artiste doit s'adapter aux nouvelles technologies et la situation», estime-t-il. «L'impact négatif du confinement, je l'ai transformé en impact positif en travaillant plus. Et surtout, moins dans l'urgence, sachant que l'on a devant soi un long temps pour créer. J'en rêvais il y a quelques semaines». Pour lui, c'est une façon de sensibiliser les gens, pour les inciter à la créativité afin de meubler le temps passé en confinement. En plus des toiles exposées, avec son épouse, artiste également, ils proposent aux internautes un groupe de travail, «Idées créatives pour s'occuper en confinement», qui propose à distance diverses activités créatives visant à sensibiliser contre le Covid19, à apprendre à gérer le stress et l'anxiété en laissant libre cours à la créativité de chacun, se détendre par le moyen du dessin et de la peinture.