Les migrants étrangers, «sans-papiers», vivent une situation «schizophrénique». Certains sont logés dans des squats, d'autres chez des amis. Chacun se débrouille comme il peut. Ils sont majeurs, mineurs, parfois en famille, ils se retrouvent sans aucune solution dans des conditions terribles et sans aucune aide en ces temps de confinement. Ils sont désormais livrés à eux-mêmes. Une personne anonyme a alerté l'association espagnole València Acoge sur la situation de 18 jeunes Algériens sans papiers confinés dans des conditions inhumaines et sans aide dans une usine abandonnée et en ruine, sans eau ni électricité, depuis que l'état d'urgence a été décrété. Par la suite, Valencia Acoge a demandé à Mohamed (volontaire et membre de l'association) de s'y rendre pour vérifier ce qui s'y passait, tandis qu'un autre membre de l'association a contacté les services municipaux pour voir ce qu'ils savaient de cette histoire. «Quand je suis entré, j'ai été figé. Je n'aurais jamais pu imaginer qu'un être humain puisse vivre dans de telles conditions. A Fédération de l'Union africaine, nous sommes 42 associations et nous avons des gens qui vivent des situations très difficiles. Mais ça, c'est scandaleux, malsain et inhumain», a déclaré Mohamed de la Fédération de l'Union africaine au journal Levante. Et d'ajouter : «Ce que j'ai vu est terrible. Alors, j'ai fait une vidéo et je l'ai postée sur les réseaux sociaux à la recherche d'aide, car l'administration est souvent en retard et ces gens avaient besoin d'une aide immédiate. L'un d'eux s'est blessé au dos alors qu'il travaillait dans les champs. Ce garçon ne peut pas rester comme ça, il n'a même pas de médicaments.» València Acoge n'a pas hésité à utiliser une partie des fonds de sa «boîte de résistance» pour effectuer des achats et les remettre immédiatement aux jeunes. La mosquée de Valence et la Fédération de l'Union africaine leur ont également apporté des vivres ce week-end, tout en informant les services sociaux de la situation d'urgence de ces jeunes, abandonnés à leur sort depuis leur arrivée à Valence. Le centre islamique de Torrent est aussi en train de s'organiser pour apporter de l'aide à ces jeunes. «L'usine ressemble à un no man's land. Elle n'appartenait ni à l'un ni à l'autre. La ville de Valence a pris le relais et a transféré l'urgence à la Croix-Rouge», a expliqué València Acoge, après avoir souligné que cette crise sanitaire due à la Covid-19 a laissé de nombreuses personnes sans ressources, comme ces garçons. Ils travaillaient dans la ferraille, la campagne ou vivaient de la mendicité et ils se retrouvent sans revenu. Ils sont sans rien de plus de cinq semaines. Valencia Acoge affirme que les migrants en situation administrative irrégulière ne demandent même pas d'aide. Ils n'ont accès à rien, même pas au système de santé publique. L'état d'urgence a mis en lumière la situation dramatique de nombreuses personnes de cette frange de la société vulnérable, qui survivaient de petits boulots et, maintenant, ils ne peuvent même plus faire cela, conclut-elle. La Croix-Rouge a confirmé juste après qu'une équipe d'intervention est allée s'enquérir des besoins de ces jeunes. Ils sont 18, tous d'origine algérienne. La Croix-Rouge les a déjà intégrés au réseau de distribution quotidienne de vivres et de kits d'hygiène. «Nous ne pouvons et ne devons pas faire cavalier seul. Nous sommes obligés de coordonner avec l'administration et les services sociaux pour offrir la meilleure et la plus grande couverture possible dans une intervention sociale et sanitaire désormais indispensable», ajoute-t-elle.