Des enseignants et des étudiants s'interrogent sur le sort du 2e semestre. Le CNESTO (Conseil national des enseignants du supérieur de Tizi Ouzou) qualifie d'échec l'enseignement à distance lancé durant la période de confinement. La question qui reste sans réponse, c'est le sort du deuxième semestre surtout que le niveau d'avancement des cours est différent d'une université à l'autre et parfois même d'un département à un autre dans la même université», s'interroge une enseignante à l'université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou, après l'annonce du report de la rentrée des étudiants jusqu'au mois de novembre et de programmer les soutenances de mémoires et thèses de fin d'études durant les mois de juin et septembre suite à la décision entérinée par le conseil des ministres qui s'est tenu dimanche dernier. Cette décision est largement commentée aussi bien par les enseignants que par les étudiants. «En plus, ce n'est pas clair. Je me demande comment faire dans les départements où même les premières EMD n'ont pas eu lieu», ajoute-t-elle. Toutefois, un autre universitaire estime qu'il n'y a pas de conditions favorables à la reprise des cours surtout, nous a-t-il expliqué, avec la Covid-19 qui continue de faire ses victimes. «Comment reprendre en ce moment. C'est un grand risque pour la communauté universitaire. La santé avant tout. Il va falloir juste trouver une stratégie pour rattraper le retard», souligne-t-il. Les avis sur la décision du conseil des ministres divergent. «Sincèrement, à mon avis, ce qui a été décidé ressemble beaucoup plus à une année blanche déguisée, car cette décision nécessite des mesures d'accompagnement des étudiants pour maintenir le reflexe pédagogique», nous déclare un étudiant. «Comment reprendre après un retard difficile à rattraper surtout lorsqu'on sait qu'il y a des départements qui n'ont même pas fait les examens du premier semestre. Donc, la tâche sera très difficile pour les enseignants, les étudiants et l'administration», précise notre interlocuteur. Par ailleurs, notons que même le système d'enseignement à distance, mis en place par l'université durant la période de coronavirus, est contesté par des enseignants qui estiment que ce mode de formation en ligne ne peut pas fonctionner surtout avec les enseignants et les étudiants qui habitent les localités dépourvues de connexion au réseau internet. Ils évoquent même le faible débit de connexion dont souffrent aussi ceux qui disposent d'Internet. D'ailleurs, le CNESTO (Conseil national des enseignants du supérieur de Tizi Ouzou) qualifie d'échec l'enseignement à distance lancé par les universités en cette période de confinement. Ainsi, dans un communiqué rendu public, en début de semaine en cours, le CNESTO souligne que «les responsables de l'université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou, réduits au rôle de courroie de transmission des directives, n'hésitent pas à recourir, par subordonnés interposés, à un véritable harcèlement des enseignants par mail, appels téléphoniques et fiches de suivi pour le décompte du nombre de cours et documents déposés sur la plateforme, pour tenter de faire admettre que l'ersatz de télé-enseignement qu'ils ont improvisé est un vrai enseignement susceptible d'être évalué et validé avec les mêmes modalités que l'enseignement presentiel». Pour les rédacteurs du même document, «la nouvelle méthodologie est inaccessible en raison d'absence de moyens adéquats, absence d'organisation et surtout de manque d'appropriation par tous. Au bout du compte, si l'administration peut se donner bonne conscience, les enseignants ne le peuvent pas, car ils savent qu'aucun enseignement (cours, TD et TP) ne peut être réellement fait dans ces conditions», ont-il ajouté tout en soulignant également l'absence d'individualisation des impétrants. «L'évaluation telle qu'elle est proposée se faisant sans surveillance directe des impétrants, ne permet aucun contrôle. L'enseignant se retrouverait devant des situations inextricables : des plagiats collectifs, des bévues collectives, des dépassements d'horaires, des absences massives aux examens…», précise le même document.