Le moindre coin tranquille et sécurisé est susceptible de faire office, une fois la nuit tombée, de lieu d'hébergement. Désormais tout est bon pour accueillir - ou plutôt caser- les estivants. Les plus nantis s'offrent l'hôtel, une villa ou un logement bien situé. Pour les autres, toute proposition d'espaces à louer est la bienvenue. Ainsi, l'on a remarqué, du côté de la nouvelle ville de Jijel, des garages et des locaux, comme cet ancien café fermé à la cité du 18 Février, servir de lieu d'hébergement à des familles. Si ces locaux sont dépourvus de portes, qu'à cela ne tienne, les pensionnaires baissent à moitié le rideau, juste pour assurer un peu d'aération. Si auparavant la frénésie de se faire louer un espace de villégiature ne touchait que les communes côtières, la tendance maintenant s'est étendue au sud de la wilaya pour concerner des communes comme Texenna ou même Djimla. L'important c'est d'être à moins d'une heure de la mer ! Mais les plus grands « centres » d'hébergement demeurent les dortoirs à ciel ouvert, dont la plage Kotama, au centre-ville de Jijel, reste le plus important. Ainsi, ces espaces de baignade se transforment, une fois la flopée d'étoiles scintillant dans le firmament, en de gigantesques « dortoirs », où des dizaines de familles passent la nuit. Pour assurer leur sécurité, ces dernières « recrutent » des jeunes pour veiller sur leur sommeil, moyennant rétribution au petit matin. Les autres plages de la région ne sont pas en reste. Le phénomène a touché l'ensemble de la côte : plages, parkings et autres espaces de repos bordant les routes. Certains vacanciers possédant des véhicules utilitaires (camionnette ou fourgon) transforment, une fois la nuit tombée, ceux-ci en « chambrette extensible » sur l'espace public pour abriter la famille. De l'avis de certains estivants, les prix pratiqués pour la location de lieux appropriés sont devenus exorbitants. Cela va de 2 000 DA pour un F1, à 4000 pour un F3, selon bien sûr le lieu et la commune. Il faut évidemment entendre ce tarif pour la seule nuit. Certains disent regretter n'être pas allés en Tunisie, où, assure-t-ils, « pour les mêmes frais qu'ici à Jijel, on aurait passé des vacances de rêve, et sans les désagréments ! » En effet, la déception de certaines familles venues goûter au farniente, est grandement perceptible, eu égard à la circulation sur les routes et les rues, qui rend fou, et au manque d'eau dans des centaines de cités, dégrisant plus d'un. Des questions sont sur toutes les lèvres : pourquoi laisse-t-on une ville comme Jijel sombrer dans le chaos à chaque période estivale ? À qui incombe la mission de réglementer la circulation et d'atténuer les désagréments, tant ceux des estivants que des habitants de la région ? Hélas, les étés se suivent et se ressemblent à Jijel. Mais force est de reconnaître que chaque nouvelle année confirme l'échec de la préparation de la saison estivale. Mais globalement, les désagréments nous projettent dans la trajectoire suivie par le pays depuis quelques années. Par exemple, si au auparavant beaucoup d'estivants n'étaient pas véhiculés et recouraient au transports public pour rejoindre la côte, ce n'est désormais plus le cas. Certaines familles utilisent deux ou trois voitures, encombrant encore plus les routes, sans parler des nuisances engendrées par les gaz émanant de milliers de tuyaux d'échappement, sur nos poumons et l'environnement. Cela nous renvoie vers la nécessité d'asseoir une réelle politique de promotion du transport public.