Rendre hommage à nos artistes et autres intellectuels de leur vivant, et sans l'exigence d'une grande notoriété, en baptisant de leurs noms des infrastructures publiques n'est pas chose courante. L'association socioculturelle et le comité du village Taourirt, dans la commune d'Akfadou, l'ont initié et montré la voie. Ils ont donné à leur bibliothèque le nom de Youcef Zirem. Ecrivain et journaliste natif du village de Taourirt, Youcef Zirem, 56 ans, est établi depuis quelques années en France où il anime un café littéraire à Paris. Depuis au moins 25 ans, il vit avec la passion de l'écriture. «Notre père nous a élevés dans l'ambiance des livres», témoignent ses frères. En plus d'avoir signé quelques préfaces et animé une émission de télévision et une chronique radiophonique, Youcef Zirem est un auteur prolifique qui compte une bonne quinzaine de productions littéraires, passant de la poésie à la fiction en touchant à l'essai. Entre Les Enfants du brouillard (1995) et Libre comme le vent (2019), sa poésie a porté d'autres titres inspirés : Autrefois la mer nous appartenait (2001) et Je garderai ça dans ma tête (2003). Publié surtout en France, il est aussi l'auteur de plusieurs romans dont Le Semeur d'amour, (2012, L'Harmattan), L'homme qui n'avait rien compris (2013) et Les étoiles se souviennent de tout (2018). Et le tout dernier, La Cinquième mascarade (2019). Les thématiques que lui inspire l'Histoire des siens, avec ses épreuves et ses douleurs, irriguent ses romans tout comme elles nourrissent ses essais à l'exemple de La guerre des ombres, les non-dits d'une tragédie, un essai politique édité à Bruxelles, Histoire de la kabylie (2013), réédité en 2014 et en 2016, et enfin Matoub Lounès, la fin tragique d'un poète, (juin 2018). Baptisée en présence de la famille du journaliste-romancier et du maire d'Akfadou, la petite bibliothèque du village a été réalisée en 2014. Dotée d'un certain fonds documentaire, elle porte désormais le nom d'un des enfants de Taourirt, flanqué sur son fronton, invitant à la lecture.