Le plomb est généralement indécelable, sauf si le carburant de plomb qui tapisse les tuyaux et qui est totalement insoluble, se fragmente et est entraîné vers le robinet. C'est un polluant toxique d'importance mondiale selon la classification de l'OMS. Par Yahia Dellaoui (*) Dans les contaminations cliniques indésirables, dans l'eau, un petit groupe possède la particularité d'être à la fois des toxiques et des témoins d'une contamination microbienne récente ou ancienne de l'eau. Ces composés se forment par oxydo-réduction fermentative de composés minéraux ou organiques du soufre et de l'azote. Ainsi, les sels ammoniacaux sont produits par des animations oxydatives ; l'ion sulfure est dû à l'action des sulfo-réductases et l'ion nitrite se forme par action sur les nitrates des nitrate-réductases bactériennes. C'est l'explication générale admise de la présence de ces composés dans l'eau, avec une exception pour les eaux profondes chaudes où ces corps peuvent se former par oxydo-réduction purement chimique. Suit maintenant la longue liste des polluants toxiques inscrite dans les catégories II et III de la nomenclature de l'OMS des indices par l'appréciation de la qualité de l'eau. Quelques uns ont déjà été cités. Leur origine est quelque fois naturelle telle que le sélénium, mais le plus souvent leur origine est dans les déchets que l'homme rejette au cours de ses activités. L'eau devient de plus en plus polluée : c'est la conclusion à laquelle ont abouti de multiples enquêtes : la poussée démographique, la forte surcharge des agglomérations, l'occupation de plus en plus grande du terrain en milieu rural ont entraîné en même temps qu'une consommation accrue d'eau, un rejet de plus en plus important et sans traitement de toutes sortes de déchets et d'eaux usées. Une maigre consolation, même les pays avancés n'ont pas encore complètement réglé les problèmes posés par les eaux usées, dont le traitement d'épuration nécessite des installations d'un coût considérable. En Algérie, ces installations d'épuration sont pratiquement inexistantes, ce qui favorise les infections et les intoxications. C'est ce problème majeur d'hygiène à l'échelle nationale qu'il nous faudra résoudre dans les plus brefs délais : toute tentative de mettre en place une médecine préventive exige d'abord la solution de ce problème. Eaux minérales : La nécessité de disposer dans certaines circonstances d'une provision d'eau, la crainte de boire une eau contenant des germes infectieux, malgré la javellisation, l'effet désastreux sur les muqueuses digestives et les mauvais goût du chlore résiduel et des dérivés aganochlorés toxiques auxquels il donne naissance, ont poussé les consommateurs à se tourner de plus en plus vers les eaux dites « minérales » conditionnées en bouteilles. Certaines de ces eaux ont une minéralisation importante ou spéciale : elles ont une prétention médicinale, elles sont souvent gazeuses, car le CO2 masque bien le goût un peu salé de ces eaux. D'autres ont une minéralisation normale ou réduite : elles sont dites de table. Elles peuvent être plates (sans gaz) ou gazeuses. Ces eaux jouissent de la faveur du public qui les croit protégées contre toute pollution grâce à une surveillance chimique et bactériologique censée être constante et grâce aussi à une protection rigoureuse du site de la nappe ou de la source contre toute pollution. Ces eaux sont naturellement pures en principe et ne nécessitent, théoriquement pas l'aseptisation. Malheureusement la surveillance aussi bien analytique que celle du périmètre de protection n'est pas à l'abri d'une défaillance et il arrive, plus souvent qu'on ne le croit, que des eaux minérales, en particulier les eaux plates soient polluées. Ces eaux se présentent conditionnées dans des emballages en verre ou en matière plastique. Dans les eaux minérales fortement gazeuses des contrôles bactériologiques par la recherche aussi bien des germes fécaux que saprophytes aérobies s'avèrent presque toujours négatifs surtout après quelques jours de conservation. Le CO2, s'il est sous forte pression, ralentit la vie microbienne et ce faisant finit par la détruire plus ou moins rapidement. Il n'en est pas de même des eaux plates où l'on retrouve non seulement les germes saprophytes normaux de l'eau qui en contient toujours, mais encore, quelques fois, des germes de contamination fécale. Ces germes sont dûs à des fautes d'hygiène d'un personnel insuffisamment encadré ignorant les règles élémentaires d'hygiène au cours des opérations de mise en bouteille. Examinons maintenant ce qui se passe dans une eau mise en réserve dans un vase clos. A l'air libre un équilibre s'établit dans l'eau, variable selon la température entre la masse d'oxygène dissoute et la pression partielle de ce gaz dans l'air environnant. C'est cet oxygène qui permet à une flore exclusivement aérobie de vivre dans l'eau. L'oxygène dissout inhibe les anaérobies. Le bouchage hermétique va contribuer à faire disparaître toute trace d'oxygène aussi bien en solution qu'à l'état gazeux dans le petit espace aérien compris entre le niveau de l'eau et la capsule étanche, car les bactéries saprophytes aérobies vont l'utiliser jusqu'à la dernière bulle. Après ça, le milieu devient anaérobie favorisant le développement à partir de leurs formes de résistance, des micro-organismes adaptés à ce milieu : bacilles telluriques, algues, lédiens etc... L'eau change non seulement de flore, mais encore de décomposition chimique car des phénomènes d'oxydo-réduction des fermentations anaérobies qui vont entraîner quelques fois l'apparition de substances indésirables, malodorantes, (NH3, H2S etc...). Certains analystes anglo-saxons en particulier vous expliqueront qu'il n'est pas possible d'emprisonner une eau naturelle, milieu vivant et équilibré sans le risque de la voir ressembler bientôt à une eau stagnante dans un trou et certains pays tels que les USA n'autorisent que la mise en bouteille d'eau fortement gazifiée ou aseptisée par un procédé physico-chimique agréé, et si vous désirez disposer d'une petite réserve transportable d'eau on vous proposera un récipient de la contenance d'un gallon contenant de l'eau traitée, aseptisée. En conclusion, cet aperçu, à dessein très panoramique de l'hygiène de l'eau en Algérie montre que cette hygiène soulève de multiples problèmes qui ne sont pas toujours aisés, ni même encore possibles de résoudre. Cet aperçu montre aussi que des efforts de recherche sont encore nécessaires dans deux domaines. - la lutte contre les pollutions industrielles de plus en plus nombreuses et importantes dans les eaux, - dans le recyclage des eaux uséesss, l'épuration de ces eaux sales et bactériologiquement dangereuses est une condition sine qua non à la mise en place d'une médecine préventive. (*)Service de thérapeutique. Faculté de médecine d'Oran