Elle se réfugie dans les bras de la nuit, qui est toute douceur pour elle. Sa nuit à elle n'est pas ténèbres terrifiantes, elle est paix et sérénité. Elle transforme « le fiel en miel », selon ses mots ; elle berce ses peines et exacerbe ses dons. Elle l'a peinte (la nuit) dans un halo bleuté, évanescent, sous un firmament étincelant dont chaque étoile est une tendresse retrouvée. Elle travaille comme en transe ; les couleurs, de sa tête, affluent tel un torrent lumineux, vers son pinceau. La poésie submerge son âme. Pleine de reconnaissance, elle l'invoque : « Belle nuit, si tu es un grand voile, viens m'envelopper dans ton drapé. Peu m'importe sa couleur, si sa fibre est amour. » Mimia Lichani est une exubérance de générosités plastiques, de débordements orgiaques, de couleurs chantantes, qu'elle transfèrt sur la toile, la céramique, le tissu, et bien d'autres matériaux (même des os d'animaux), par le truchement de l'aquarelle et la peinture, à l'huile et acrylique. Elle est tout à la fois : impressionniste, illusionniste, et surtout, atypique. Elle est sans contraintes. Elle se veut splendide nudité et somptueuse nature. Prolifique et profonde, Mimia est une écorchée absolue. Matière à éclaboussures Des centaines d'œuvres expriment les diverses facettes de son tempérament de passionnée qui ne s'essouffle pas. Pour elle, tout est matière à éclaboussures : le terroir, avec sa poésie et ses légendes, la littérature universelle (Les Raisins de la colère, de Steinbeck, Le Bateau ivre de Rimbaud, Lolita, de Nabokov...), la musique, les civilisations anciennes, berbère, égyptienne, aztèque, maya... Elle règne sur ses trésors en vestale du temple, celui de toutes les muses. Son père, se souvient-elle, disait que « l'artiste, c'est celui qui confectionne des rêves avec des petits riens ». Et elle a retenu cette magnifique leçon d'humilité. Petite, ses parents, des gens humbles, lui permettaient de « salir » tous les murs. « Ma mère m'a dit un jour, si les murs ne te suffisent plus, voici mon dos, dessines-y ce que tu veux ! », se souvient-elle. Après les Beaux-Arts d'Alger, dans les années 1980, elle obtiendra une bourse d'études à Paris, à partir de 1990, elle fera des expositions individuelles, après celles collectives, antérieurement. Elle exposera également à l'étranger, notamment à Paris (1978), Sofia (1980) et Prague (1980). Elle a également obtenu des récompenses, entre autres, le 1er prix de peinture à Tébessa, le 2e prix de la Journée de l'artiste, en 2007, etc. En 2007, l'ENTV a consacré un documentaire sur son œuvre et son parcours artistique.