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Après la flambée du prix de l' or : Les orfèvres dans une situation de crise
Publié dans El Watan le 12 - 08 - 2010

La flambée du prix de l'or à l'échelle planétaire s'est répercutée sur le marché de l'orfèvrerie à Annaba et ailleurs. Avec un prix oscillant entre 2 300 et 2 600 DA le gramme d'or de 18 carats (casse), en l'espace de quelques mois, la crise s'est installée dans le milieu professionnel.
Ainsi, plus de 400 bijoutiers et artisans, selon un recensement officiel, pâtissent de cette conjoncture difficile. Ils sont à l'affût du moindre gramme d'or pour faire marcher leur commerce ; ils se mettent énergiquement à la recherche de petits bijoux, comme les anneaux et bagues, ou quelque bracelet à acheter, pour les retravailler ou encore les ciseler, et par là même maintenir et sauver leur activité. Le prix en hausse de l'or n'est pas le seul problème auquel sont confrontés les professionnels. Encouragé par la passivité des services de sécurité, le marché parallèle du métal jaune, importé d'Italie ou de Turquie, est monopolisé par les trafiquants de la rue Ibn Khaldoun (ex-Gambetta), qui réduisent ainsi à néant leur activité, autant que celle des bijoutiers. Dans sa déclaration, qui se veut un diagnostic de la situation, Fatnassi Naceredine, un artisan bijoutier de Annaba, est pessimiste. Il dresse un sombre tableau de l'activité, en affirmant : « L'explosion du prix de l'or a dissuadé les clients qui se font de plus en plus rares ; la marge bénéficiaire, négligeable, ne couvre plus nos charges fiscales et parafiscales de par la cherté du gramme d'or, qui est passé du simple au double en l'espace de quelques mois sans pour autant atteindre la stabilité ; ce qui a davantage hypothéqué l'avenir de notre profession.
En l'absence d'un syndicat en mesure de défendre leurs intérêts, les professionnels du secteur sont livrés à eux-mêmes. » La rue la plus commerçante de la ville, Ibn Khaldoun (ex-Gambetta), représente, ces dernières années, la plaque tournante de tout le trafic de l'or dans la wilaya. Chaque jour, et à toute heure, des dizaines de jeunes proposent aux passants un éventail de parures, bracelets, chaînes, boucles d'oreille et bagues à des prix défiant toute concurrence, au grand désappointement des gens du métier. Et comme pour afficher leur domination sur le marché informel, ils achètent la casse en proposant 2 400 DA le gramme. Pour mieux narguer les bijoutiers, présents en nombre dans cette rue commerçante, ces jeunes n'hésitent pas à s'installer devant la devanture de ces derniers. Le comble est que les citoyens, notamment la gent féminine, les sollicitent pour vendre leur « casse » plus que les bijoutiers, et encore moins la banque à gage. En effet, les opérations de mise au clou ou « gage » n'attirent plus grand monde. Investie les précédentes années par des centaines de « gageurs » par jour, l'agence de la Banque de développement local (BDL) a perdu une grande partie de cette catégorie de clients. Ces derniers sont majoritairement composés de mères de famille en butte à des difficultés sociales. Celles-ci engagent leurs bijoux pour survivre. Dès le début de l'année 2006, avec la mise en application des nouvelles dispositions initiées par la direction générale des services de la garantie (DGSG), seules quelques-unes espèrent encore une contrepartie pécuniaire d'un gage devenu hypothétique.
Comparativement aux années précédentes, leur nombre a baissé de 60%. « Tout bijou ne portant pas le poinçon algérien et n'ayant pas pour consistance aurifère 18 carats, ne sera pas admis au gage auprès de la banque », nous confirme un employé de cette banque. « C'est la difficulté à laquelle la majorité des gens qui mettent leurs objets en gage s'est retrouvée confrontée, au lendemain de la mise en application de cette disposition », affirme encore Réda Adioui, un ancien artisan bijoutier, qui s'est reconverti en entrepreneur, vu les difficultés du métier. « Comment peut-on continuer à exercer dans ce créneau si le produit local poinçonné fini est estimé à 4200 DA/g ? Donc une simple bague de 5g, made in Algéria, revient à 21 000 DA. Les Algériens dont le salaire ne dépasse pas le SMIG ne peuvent l'acquérir. Actuellement ce métier ne nourrit pas son homme », déplore notre interlocuteur.


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