la course folle de vouloir à tout prix construire son toit a été fatale à la survie de nos terres arables. Cet état de fait dû principalement à une vente tous azimuts de dizaines de lotissements prévus pour les habitations ou à usage commercial, a provoqué une véritable saignée dans le foncier qui à l'instar des autres wilayas du pays, connaît des hauts et des bas. Assurément, la forte demande et le manque crucial de logements surtout ressenti par la couche sociale démunie, avait accentué les ventes allant jusqu'à la vente des terrains agricoles ; celui qui a connu la région de Souk-Ahras au début des années quatre-vingts se rappelle non sans nostalgie de ses terres arables, surtout de ses champs de blé qui s'étendaient à perte de vue sur des milliers d'hectares lui offrant un cachet particulier d'une terre généreuse. Aujourd'hui, c'est un spectacle de désolation qui dépayse le regard sans impressionner l'esprit. Un tableau dont la toile de fond n'est autre qu'un alignement sans fin de constructions le plus souvent anarchiques, donnant à la région un aspect hideux, des terres arables ont été détournées de leur vocation agricole pour subir l'assaut irrémédiable du béton, de la spéculation foncière et des commerces qui fleurissent comme autant de champignons vénéneux. A titre d'exemple, à Souk-Ahras ville, plus précisément dans les cités Baral Salah et Djenane Toufeh, des terres agricoles ont été détournées de leur vocation agricole, la course folle de vouloir à tout prix construire son toit a été fatale à la survie de nos terres arables ; de même pour la cité appelée communément «cantonnement des avions» et domaine Abdelaziz Kader, où de terribles ravages sont causés à ces verdoyantes plaines, par le béton. En quelques années seulement, la commune de Souk-Ahras, pour ses besoins d'extension, a été envahie par le béton à tel point qu'actuellement même les quelques poches restantes ont été squattées pour être bâties. Des milieux occultes se permettaient précisément de fouler aux pieds de nombreuses lois de la République. Ces derniers, jouissant des passe-droits, se sont emparés ces dernières années d'immenses superficies en recourant à des pratiques dolosives pour s'enrichir au détriment de l'intérêt public, engendrant un lourd tribut à payer pour l'agriculture à Souk-Ahras, chef-lieu de wilaya. Il n'est plus possible aujourd'hui d'envisager la construction d'un édifice public telles les administrations, les banques, les écoles, faute d'un terrain ou d'un espace demeuré libre. Même les espaces verts ont été octroyés à de gros pontes pour y ériger des maisons à l'exemple de la route de Ti Fech. Cette fois-ci, il faut le croire et l'espérer, un grand coup de balai est à attendre, qui viendra aussi bien mettre un terme à ce charivari et punir ceux qui se sont rendu coupables afin que cela ne se reproduise plus et que la notion d'Etat prenne son plein sens dans notre pays. «L'Algérie des intouchables est bel et bien révolue», c'est du moins ce qui ressort en substance des très importantes déclarations faites en ce sens par le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Belaïz, qui a déclaré tout de go que «le dossier de la spéculation et du trafic des terres agricoles sera ouvert par la justice qui rendra son verdict à l'encombre de tous ceux qui ont été impliqués dans des malversations». La commission locale d'assainissement des listes des bénéficiaires de terres agricoles de la wilaya de Souk-Ahras, engagée dans le cadre des concessions par la mise en valeur est déjà opérationnelle depuis plus d'un mois, ce qui va faire grincer pas mal de dents.