Le fameux document S12 est soumis à une grande tension. Beaucoup se plaignent de la chaîne interminable qu'ils doivent observer au service de l'état civil, au détriment de leurs affaires et même de leur travail, pour se faire délivrer l'acte de naissance d'origine, et par ailleurs pièce maîtresse pour l'établissement de la carte d'identité et le passeport biométriques, seuls désormais en vigueur. En effet, une foule inimaginable investit le hall de l'état civil, sis à la rue du 20 Août 1955, dans le quartier de Aouinet El Foul. Celui-ci réceptionne autour de 3 000 commandes/jour, (tous document d'état civil confondus), nous fera savoir le président de la commission des affaires publiques et de la réglementation de l'APC de Constantine, Mohamed Benlechheb, émanant de 9 secteurs urbains, répartis sur une cinquantaine d'antennes. Concernant donc l'acte de naissance S12, le service de l'état civil mère accueille plus de 300 citoyens/jour, habitant la commune, et entre 60 et 70 demandes de ceux résidant hors wilaya, lesquels disposent d'un guichet à part, ce qui leur permet d'avoir leur S12 dans la journée même. Le document en question est d'autant plus précieux qu'il est délivré une seule fois dans la vie. En cas de perte, la personne concernée devra recourir à maintes procédures, entre autres, une déclaration de perte, en plus de faire l'objet d'une enquête par les services de sûreté. Ce qui explique également que cette opération prenne autant de temps. Notre interlocuteur nous fera savoir que seulement trois agents s'occupent de 7 personnes à la fois, lesquelles doivent bien vérifier leur document, et surtout s'assurer qu'il n'y a pas d'erreurs, pour ensuite signer sur le registre officiel, avec l'apposition de l'empreinte de l'index gauche. « Avant, nous dira M. Benlechheb, nous avions 10 agents de l'Anem pour nous aider, mais après expiration de leurs contrats, nous sommes, il faut le dire, submergés ; pourtant, nous faisons de notre mieux ; nos agents font du bénévolat pour le S12, au lieu de finir à 16h30, ils restent jusqu'à 18h ». Mais c'est l'incivisme dont font preuve certains citoyens - en se bousculant et en générant des rixes - qui contribue à créer le désordre dans ces lieux. C'est le constat que nous avons fait au niveau des services concernés, lesquels connaissent un rush parfois difficile à maîtriser, coïncidant avec la période des concours de recrutement et des inscriptions universitaires. « Cela fait des heures que j'attends mon document après avoir laissé mon travail et personne ne daigne me renseigner », martèle un citoyen, excédé. « On est obligés de faire la chaîne pendant des heures rien que pour déposer sa demande au guichet », déplore un autre. « Nous avons un seul service doté de deux bureaux, qui réceptionnent les demandes de délivrance du S12 pour les habitants de toute la commune de Constantine, ceci s'explique par le fait que tous les registres de naissance sont centralisés à notre niveau, d'où la forte charge de travail qui en résulte », note Fethi Bousbaâ, directeur de la réglementation et des services publics à la mairie de Constantine. Ce dernier ne manquera pas de relever que ses services sont mobilisés toute la journée et travaillent même le week-end pour faire face à une demande de plus en plus croissante. « L'importance du document S12 nous oblige à vérifier avec précision toutes les informations fournies par le demandeur, avant de procéder à sa saisie, son impression et sa validation, ce qui se fait en un temps raisonnable », poursuit-il, tout en appelant les gens à faire preuve de patience et de compréhension. Pour le citoyen, les choses deviennent de plus en plus intenables au niveau des services de l'état civil, dont l'exiguïté, l'accueil et le mauvais comportement de certains agents génèrent une montée d'adrénaline. Farida Hamadou , S. Arslan