Cet article a pour ambition de contribuer à comprendre les liens complexes entre l'apparition de la Covid-19, terme qui dispose désormais d'un champ lexical particulièrement large, et l'un des problèmes essentiels de notre temps, celui du rapport rationalisé de l'être humain à son humanité, au monde et aux objets qu'il a créés. Ce rapport consciemment construit est appelé «rationalité instrumentale». Cette réflexion, qui ne s'inscrit ni dans l'humanisme ni dans l'écologisme, se propose comme une monstration, un doigt-sur une situation inédite qui est le résultat d'un long processus qui commença avec la technologie lithique et continue avec l'industrie 4.0, et qui constitue, selon moi, un seul et même continuum. Toutefois, cet essai n'intervient pas pour vitupérer ce mode de pensée, en ce sens qu'il fait appel à révolutionner le monde, mais plutôt le questionner à propos de notre sujétion aux implications philosophiques et morales du libéralisme économique. Introduction Un bref historique des épidémies dans l'Histoire de l'humanité nous révèle que toutes avaient sévi dans des pays, frappé des populations ou des régions, voire un/des continent(s), et qu'elles avaient un dénominateur commun : elles s'étalaient dans le temps. La peste Antonine, la troisième pandémie de choléra, la peste noire, la grippe espagnole (H1N1), la grippe asiatique et bien d'autres exemples ont duré plusieurs années et ont fait des millions de morts. Cependant, jamais une épidémie ne s'est propagée à l'échelle planétaire et aussi rapidement comme ce fut le cas pour le SRAS-Cov-2 (le coronavirus). Si nous faisons un constat élaboré des causes de la pandémie, on découvre rapidement que c'est essentiellement l'activité humaine qui a favorisé l'apparition du virus de Covid-19 : la destruction accélérée des habitats par la déforestation, l'urbanisation et l'industrialisation ont permis aux agents pathogènes, microbes et virus, d'arriver jusqu'au corps humain et de s'adapter. Malheureusement, ce processus ne fait que s'accentuer davantage (Shah, 2020). C'est d'ailleurs l'accélération de la propagation est due essentiellement aux activités économiques et commerciales (voyages d'affaires, tourisme de masse, etc.), créant ainsi des foyers épidémiques, restreignant la mobilité et la liberté des individus, provoquant ainsi la mort de centaines de milliers de personnes. Parallèlement à cette tragédie, et au moment où l'humanité fait face à cette pandémie, le monde s'apprête à entrer dans une ère nouvelle, celle de l'«industrie 4.0». Cette quatrième révolution industrielle, portée aux nues par l'Homme œconomecus, est présentée comme un véritable bouleversement des moyens de production. Elle fait simultanément intervenir plusieurs technologies, à savoir le numérique (cobotique, fabrication additive, intelligence artificielle, réalité augmentée), l'exploitation des données du Big data, et la production en usines interconnectées qui, non seulement communiquent entre elles pendant les différentes phases de production, mais également avec les consommateurs via des plateformes gérées, le plus souvent par des marketeurs au moyen d'algorithmes. Cette industrie aurait en effet un faible coût écologique, nous dit-on. Elle permettra aux entreprises de vendre des produits personnalisés à moindre coût, tout en maintenant des profits durables. Cependant, elle aura un coût social, politique et moral. Nous précisons surtout que cette industrie altérera, en même temps, les notions de «travail» et d'«humanité». Dans ce contexte pandémique, la Covid-19 a eu un double effet. Elle a (i) accéléré le processus d'émergence de cette industrie, déjà présente dans le domaine de l'édition depuis quelques années, mais elle a (ii) contribué à une prise de conscience, à l'échelle planétaire, de la nécessité du retour à l'essentiel. Ainsi, des voix de philosophes, de savants et d'artistes se sont élevées, appelant à l'obligation de revoir notre mode d'être à travers les différents aspects de la vie humaine : économie, consommation énergétique et alimentaire, et de repenser ainsi la condition humaine, car c'est dans des moments de crises majeures que l'être humain est appelé à réfléchir à une autre possibilité existentiale d'«être-au-monde», une notion heideggérienne sur laquelle on peut s'appuyer aujourd'hui pour redéfinir nos rapports aux objets et au monde. Nous et le monde L'un des problèmes majeurs dans la physique fondamentale est la connaissance du destin de l'univers. Depuis des millénaires, on pensait que l'univers se limitait à notre galaxie, et qu'il était une enveloppe qui avait pour fonction de contenir les astres. Cette vision avait été révolutionnée par deux grandes découvertes faites par l'astronome américain Edwin Hubble. La première, en 1924, dévoile l'existence d'autres galaxies éloignées. La seconde, faite en 1929, dévoile un univers qui ne serait pas statique mais en expansion. En 1996, une autre découverte vient confirmer cette vérité, grâce aux observations de Saul Perlmutter et Adam Riess, deux cosmologistes qui ont découvert, chacun de son côté, que l'univers était non seulement en expansion mais en expansion accélérée. C'est la plus grande découverte astronomique jamais faite. Depuis cette date, les physiciens s'accordent à dire que l'univers finirait, probablement après quelques milliards d'années, dans un destin tragique appelé par certains le Big Rip. Les calculs exprimant cette découverte ont nécessité un correctif aux équations de leur cadre explicatif, la relativité générale, en en supprimant le terme de la constante cosmologique qui, 80 ans plus tôt, avait été introduit par Einstein, en concordance avec sa conception d'un univers statique et éternel héritée de la philosophie antique. Certes, le destin de l'univers est l'un des sujets les plus importants pour la communauté scientifique, au même titre que l'origine de l'univers ou celle de la vie. Il nous renseigne sur l'univers primordial (jusqu'à une limite appelée «mur» ou «ère de Planck») (Klein, 2016) ainsi que sur sa fin. Cependant, d'un point de vue purement ontologique, voire existential – pour être fidèle à la terminologie heideggérienne – quand on se place sur une échelle de temps aussi importante, qui se mesure en milliards d'années, le destin de l'univers verra son importance reculer pour l'humanité d'aujourd'hui quand celle-ci vit, depuis plusieurs mois, sous la menace d'une in-certaine nano-présence qui porte la peur, la maladie et surtout la mort. Nous voilà donc devant une humanité affaiblie et fragilisée qui pourrait bien disparaître un jour, tout comme d'autres espèces ayant jadis peuplé la Terre. Les scénarios de la disparition de l'espèce humaine sont divers : maladies pandémiques, guerres, cataclysmes terrestres (effets du réchauffement climatique) ou cosmiques (impact de météorites), etc. D'autres scénarios de la fin du monde, à différentes échelles, sont traités dans l'eschatologie, ce qui ne convient pas de traiter ici. Cependant, si l'espèce humaine ne sera plus là pour témoigner de la fin de l'univers, elle ne pourra pas échapper à témoigner de sa propre fin, d'autant plus qu'elle y contribue vivement. C'est pourquoi nous considérons que le moment est opportun pour continuer à penser notre essence et, comme le dit si bien Edgar Morin, réfléchir au «destin planétaire du genre humain» (Morin, 2006) et simultanément à notre position dans l'univers. Que/qui donc sommes-nous dans cet univers ? «nous-dans-l'univers » ... et si nous dézoomions pour voir... Le 5 septembre 1977, la NASA lança la sonde spatiale «Voyager 1» dans l'espace. Sa mission était de recueillir les données permettant l'étude des planètes dites externes, celles de Jupiter et de Saturne, notamment. Un disque en or, un support représentant la diversité de l'espèce humaine, fut déposé sur la sonde et envoyé à la rencontre d'une éventuelle vie intelligente extraterrestre. Le 14 février 1990, après 6 milliards de kilomètres parcourus à quelque 62 000 km/h, quand sa mission fut accomplie, la sonde fut instruite de tourner sur elle-même en direction de la Terre pour en prendre une dernière image avant de continuer son voyage dans l'espace interstellaire. L'image parvenue à la NASA montrait la Terre, un petit point insignifiant tel un grain de poussière, suspendue dans le vide parmi des millions d'autres astres. Ce 0.12 pixel, flou et à peine visible, sera baptisé par Carl Sagan, dans ses «réflexions sur un grain de poussière», un texte des plus marquants, «pale blue dot» (Sagan, 1994). Ce «point bleu pâle» sur lequel vit notre espèce, parmi des millions d'autres espèces, n'est, selon moi, que le titre d'une arrogance de l'Homme inégalée. L'Histoire du genre humain, dans ses moindres détails, en dit long sur sa volonté de puissance et de domination. C'est aussi le titre d'un oubli originel de sa vérité, entendue, ici, comme un dévoilement de son être. Que nous dit l'astrologie à propos de notre univers ? Rappelons quelques vérités... L'observation expérimentale de l'univers, c'est-à-dire tout ce qui est observable par nos moyens technologiques qui sont le prolongement de notre intellect, nous apprend qu'il s'étend sur 15 milliards d'années-lumière (al) (1 al= 9461 milliards de km), qu'il date, selon les estimations, de 13.7 milliards d'années et qu'il compte près de 2000 milliards de galaxies. Ces recherches nous montrent aussi que notre galaxie, appelée Voie Lactée, a un diamètre de 100 000 à 120 000 al, qu'elle date de 13,51 milliards d'années et comprend 200 à 400 milliards d'étoiles et 100 milliards de planètes. Quant à notre Système solaire âgé de seulement 4,57 milliards d'années, il se situe à environ 26 100 al du centre galactique. Il comprend le soleil, quatre planètes telluriques dont la Terre âgée de 4,54 milliards d'années, une ceinture d'astéroïdes, quatre planètes géantes, puis la Ceinture de Kuiper. Pour illustrer l'immensité de ces distances, Voyager 1, rappelons-le, a parcouru à ce jour, après plus de quarante ans de son lancement, moins d'un Jour lumière (Jl). Il est vrai que l'expérience humaine, vécue depuis des dizaines de milliers d'années, ne pouvait conduire qu'à une double conception géocentrique (la Terre, centre de l'univers) et anthropocentrique (l'Homme, centre du monde) selon lesquelles tout ce qui existe, c'est-à-dire ce que nous appelons «nature», est là (n'est là, pour les créationnistes, que) pour le servir, comme une sorte de «stock» dans lequel il puise comme il veut. Nul besoin de rappeler que cette conception se trouve fortement exprimée dans les enseignements de quasiment toutes les religions, monothéistes notamment, qui accordent à l'Homme une position privilégiée dans l'univers. Nous pensons que cette conception de l'Homme et de sa position dans l'univers n'est autre que le résultat d'un long processus qui commença, il y a 3 millions d'années, avec l'homo erectus, cet hominidé à qui l'on attribue la maîtrise de la taille de la pierre, du feu et la vie en société, et se renforça chez l'homo sapiens, considéré comme l'ancêtre de l'Homme moderne. Cette conception pouvait être «empiriquement» vérifiée dans la mesure où l'observation des mouvements des astres, du soleil et de la lune notamment, le plaçait bien au centre de cet «univers». Par ailleurs, bien que nos paradigmes aient profondément changé, on retrouve l'ombre de cette vision fossilisée du monde dans notre langage qui s'en est profondément imprégné. L. R. (A Suivre) De surcroît, la mise en discours de cette conception chez les philosophes et les savants, pendant la période précopernicienne, contribuait à théoriser cette vision. De plus, en l'insérant dans des paradigmes socio-économiques plus tardifs, c'est le processus initial qui allait être renforcé au sein de la culture des sociétés industrielles et postindustrielles, ou hyper-industrielles, selon la terminologie de Veltz (2018). Proposer un modèle nouveau d'une citoyenneté universelle, associée à une citoyenneté mondiale dans son acception kantienne, ne peut se concevoir sans une critique de la technique telle qu'elle nous est présentée, comme le destin de l'humanité. Or, une telle tentative, qui n'est certainement pas l'objet de cet article, ne saurait se faire en faisant une tabula rasa de la littérature qui traite du sujet. Homme-technique-monde : un rapport complexe Dans un passage qui nous éclaire sur la conception humaniste de la relation Homme-technique, en ce qui nous semble être une critique de Heidegger, Dominique Bourg écrit : «Il n'y a pas en effet d'humanité sans objets techniques, ni sans environnement technique permanent [...] l'humanité et son langage se sont constitués grâce à la manipulation des objets, laquelle est devenue en retour fondamentalement tributaire du langage. On ne saurait donc séparer l'humanité en soi de la technique en soi pour les opposer ensuite. L'avènement de la modernité scientifique et industrielle n'a en rien altéré cet état des choses» (Bourg, 1996). Une indissociabilité Homme-technique ainsi suggérée laisserait croire que le raisonnement qui la sous-tend est strictement binaire, au point d'avancer que «l'humanité de l'homme commence avec l'industrie» (Guéry, 1989), ou mieux, avec Luc Ferry : «La haine des artifices liés à notre civilisation du déracinement est aussi la haine de l'humain comme tel» (2009). Or Heidegger, dans la lignée d'Être et temps (Heidegger, 2018), qui avait soulevé en 1954 «la question de la technique» (2001) dans un chapitre né d'un échange épistolaire avec Ernst Jünger, semblait bien mettre l'accent sur l'«être-à-la-disposition-de» (§4 & 9) qui est l'un des existentiaux caractérisant le Dasein (§15), cet étant qui a cette caractéristique d'être, et issue de l'analyse existentiale du sujet. Heidegger ne condamne pas la technique en tant que telle, mais l'activité de production qui repose sur la technique et qui occulte le sens. Le sens qui, dans l'acception heideggérienne, ne peut se donner que par la patience (Flipo, 2014). Pour Robert Hainard, en revanche, le rapport à la nature est tout autre, il est dialectique, car «... l'homme, en tant qu'individu agissant, se considère comme hors de la nature et appelle nature ce qu'il n'a pas fait... Pour la fourmi, l'homme fait partie de la nature... et que pour elle, la fourmilière ne fait pas partie de la nature» (Hainard, 2007). Bien qu'il nous soit difficile, voire impossible, de nous mettre à la place de la fourmi, et encore moins dans sa tête, appeler à bâtir un équilibre conscient avec la nature, comme le suggère Hainard, dans un souci d'écologie, ne peut se faire qu'en engageant une négociation avec tout ce que nous n'avons pas fait, c'est-à-dire la nature, d'un côté, et avec les conséquences de tout ce que nous avons fait, de l'autre, et, précisément, tout ce que nous avons fait subir à la nature. Comment redéfinir la triade précédemment examinée, à savoir l'Homme, le monde et la technique ? On doit à Marshall McLuhan, dans Pour comprendre les médias (McLuhan, 2001), son célèbre aphorisme : «Le message est le média». L'apport majeur de cet ouvrage controversé est, d'une part, l'appel à délocaliser l'intérêt au contenu à celui du média lui-même, et, d'autre part, de considérer la technologie comme une transformation de la manière d'être de l'Homme à la fois dans la société et le monde. La thèse principale de cet auteur est de considérer que toute découverte technique est «médium», un «prolongement de l'Homme», de ses sens comme de son corps, qui s'opère dans l'espace et dans le temps. En effet, depuis l'homo erectus, de la technologie lithique à l'industrie 4.0, l'Homme n'a fait, en réalité, que construire des liens avec ses semblables et avec le monde, en prolongeant ses membres et ses sens. Sa quête technologique consistait à améliorer les extensions de ses sens et de leurs substituts, mais tendait, principalement, à perfectionner l'extension de ses extensions elles-mêmes. Ainsi, les moyens de transport, de la roue à l'avion, seraient l'extension de nos pieds ; le téléphone, l'extension de notre voix, mais de l'ouïe aussi ; le télescope spatial Hubble, à titre d'exemple, celle de nos yeux et nos lunettes, tandis que le pointeur laser l'extension de notre doigt. Tous les objets technologiques créés jusqu'ici à travers tous les âges de l'espèce humaine sont, en réalité, soit des extensions primitivement simples (bâton + pierre, bâton + feu), soit des extensions combinées ou plus complexifiés. Pour illustrer encore cette continuité de la démarche, prenons l'exemple des armes utilisées aujourd'hui, du fusil aux missiles balistiques et les armes spatiales. Ces armes ne sont en réalité que des extensions combinées et complexes de la main ou du bras (force remplacée par un propulsif), de la pierre et du feu (remplacés par des balles, des bombes ou des têtes nucléaires) et du bâton (remplacé par le canon en bambou, puis en métal percés, etc.). Quant aux radars, ils prolongent les yeux et les oreilles . En effet, depuis l'homo erectus, de la technologie lithique à l'industrie 4.0, l'Homme n'a fait, en réalité, que construire des liens avec ses semblables et avec le monde, en prolongeant ses membres et ses sens. Sa quête technologique consistait à améliorer les extensions de ses sens et de leurs substituts, mais tendait, principalement, à perfectionner l'extension de ses extensions elles-mêmes. Ainsi, les moyens de transport, de la roue à l'avion, seraient l'extension de nos pieds ; le téléphone, l'extension de notre voix, mais de l'ouïe aussi ; le télescope spatial Hubble, à titre d'exemple, celle de nos yeux et nos lunettes, tandis que le pointeur laser l'extension de notre doigt. Tous les objets technologiques créés jusqu'ici à travers tous les âges de l'espèce humaine sont, en réalité, soit des extensions primitivement simples (bâton + pierre, bâton + feu), soit des extensions combinées ou plus complexifiés. Pour illustrer encore cette continuité de la démarche, prenons l'exemple des armes utilisées aujourd'hui, du fusil aux missiles balistiques et les armes spatiales. Ces armes ne sont en réalité que des extensions combinées et complexes de la main ou du bras (force remplacée par un propulsif), de la pierre et du feu (remplacés par des balles, des bombes ou des têtes nucléaires) et du bâton (remplacé par le canon en bambou, puis en métal percés, etc.). Quant aux radars, ils prolongent les yeux et les oreilles . Ce mode opératoire peut très bien être étendu à la manière dont les humains organisaient leur défense ou échangeaient des produits. En se constituant en groupes, les individus de l'homo erectus pouvaient se défendre contre les animaux féroces, chasser plus facilement et de manière sécurisée. De même, les alliances régionales, comme l'UE, les alliances militaires intercontinentales, comme l'OTAN, peuvent être perçues, à travers cette optique, comme un prolongement de ses groupes primitifs. Les activités économiques et commerciales et les transactions bancaires, qui caractérisent l'économie mondiale aujourd'hui et qui font appel à la technologie numérique, peuvent très bien être assimilés au simple geste primitif, qui existe encore dans nos commerces, celui de vente/achat via une monnaie d'échange ou le troc. Les précédentes illustrations mettent l'accent sur les motivations de l'homme primitif, qui peuvent être ramenées à sa propre survie. Celles de l'homme moderne, par contre, peuvent être ramenées exclusivement au profit. Conclusion La notion de «médium», que nous avons mis en œuvre comme cadre explicatif de la technique, met l'accent sur le caractère dominateur de celle-ci. Cette domination s'étend aux êtres qui ne sont semblables comme aux objets du monde naturel, ce qui a fait de la relation binaire Homme-nature une relation de confrontation, un face-à-face dévastateur pour les «deux». Remplacer ce paradigme doit, selon moi, passer par une négociation avec soi, d'abord, et avec la nature, dont nous faisons partie, ensuite. Cette négociation devrait remettre en cause l'idéologie libérale et adhérer au projet kantien de paix perpétuelle tout en bâtissant une nouvelle hospitalité en plus de celle de Kant, une hospitalité à deux sens : nous dans la nature et la nature en nous. Une hospitalité qui consiste à l'obligation heureuse d'être l'hôte de l'autre. Par Lazhari Rihani , Université Alger 2