Le monde de la culture algérienne est, une fois de plus, en deuil. L'artiste peintre Leila Ferhat est décédée, mardi denier, à l'âge de 81 ans, suite à une longue maladie. Considérée comme la doyenne des arts plastiques, la défunte Leila Ferhat s'est imposée voilà près d'un demi siècle grâce à son travail et à sa persévérance. Elle était naturellement passionnée de peinture. Elle a, dès le départ de sa carrière, développé des habilités créatives. Sa peinture détient une qualité magique qui l'a distingue des autres peintres. Ses tableaux sont uniques et identifiables à la fois. Elle se plaisait à s'imprégner d'une douce lumière pour mieux mettre en valeur ces thèmes de prédilections tels que les paysages, la femme et la cause palestinienne. Il faut reconnaître qu'elle était discrète et peu bavarde mais tellement prolifique dans ses créations éclairantes. La regrettée artiste peintre Leila Ferhat est née en 1939 à Mascara. Sa passion pour la peinture est telle qu'elle quitte sa ville natale pour poursuivre des études au niveau de l'Ecole d'Architecture et des Beaux-arts d'Oran où elle décroche haut la main en juin 1969, son certificat d'Aptitude à la Formation artistique. Voulant percer davantage, elle regagne, par la suite, l'Ecole des Beaux-arts d'Alger. Elle aura le grand privilège d'avoir des maîtres de référence, à l'image, entre autres de M'Hamed Issiakhem et Choukri Mesli. Après avoir emprunté le chemin de l'enseignement des arts plastiques, elle décide dès 1975, de se consacrer, corps et âme, à la peinture. Dans une ancienne biographie, consacrée à une des ses expositions de peinture au niveau de la galerie d'art privée oranaise Civoeil, il est mentionne que «ses premières toiles signées Leïla vont très vite la démarquer de ses pairs lors des expositions collectives. Ses créations révèlent une personnalité audacieuse. La maîtrise d'exécution de ses toiles, la justesse des tons auxquels s'ajoutent des trouvailles subtiles révèlent sa sensibilité d'artiste. L'adhésion immédiate du public à ses travaux, tant l'accessibilité à son langage est simple, va l'inciter à aller de l'avant, à parfaire ses connaissances esthétiques et son style, à définir sa technique et à renouveler ses thèmes. Leïla ne délivre aucun message à proprement parler mais de l'empathie pour ses sujets. Observatrice attentive et créatrice besogneuse, Leïla Ferhat plonge dans la matière même de la peinture et en remonte avec des visions singulières». L'artiste Leila Ferhat était une perfectionniste qui s'attardait sur les détails. Elle faisait des allées et retours sur ses œuvres. A ce propos, elle confiait : «Les moments qui me stimulent, ce sont les épreuves que je surmonte... ce qui m'inspire, c'est ce qui me touche dans le quotidien. Je gribouille des croquis, soit des personnages, soit des têtes, durant une longue période de gestation, et puis tout d'un coup, les idées se bousculent et l'expression éclate. Le reste est simplement formulation d'imagination, c'est-à-dire la faculté de traduire les sensations en coloration.» Cette grande dame au talent incontestée a participé à plusieurs manifestations culturelles et artistiques où elle a décroché plusieurs hautes distinctions. Elle a d'abord obtenu le premier prix de peinture au vernissage organisé par le Comité des fêtes de la ville d'Alger en 1977 suivi de la médaille d'or au salon international de Riom (France) en 1980 et la médaille d'or à Puy en Velay en France. Il va sans dire que ses œuvres sont présentes dans de nombreux pays, notamment au Maghreb, en Europe, en Asie, Amérique du Nord et aux Emirats arabes. Il est à noter en l'espace d'un mois, entre juin et juillet, que six brillants artistes peintres ont tiré leur révérence , au grand regret de leurs proches et admirateurs. Il s'agit des artistes suivants : plasticiens, Mahjoub Ben Bella, El-Hachemi Mohamed, Bettina Bettinia Heinen-Ayech, Ammar Allalouche, Youcef Mohamed Stambouli et Leila Ferhat. Des artistes qui auront laissé une marque intellectuelle à travers leurs œuvres.
