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Les obsèques de Gisèle Halimi célébrées le 6 août à Paris : «Je veux crier fort pour ces voix qui se sont tues et celles que l'on ne veut pas entendre»
Les obsèques de Gisèle Halimi, décédée mardi 28 juillet à l'âge de 93 ans, auront lieu ce jeudi en fin de matinée au cimetière du Père-Lachaise, a indiqué l'un de ses trois fils, Jean-Yves Halimi. Un hommage national pourrait lui être rendu à la rentrée. Des discussions «sont en cours», a-t-il ajouté. Le nom de Gisèle Halimi est lié aux combats contre les oppressions et les injustices. L'avocate s'est notamment illustrée par la défense des militants du FLN pendant la guerre de Libération nationale, par son engagement pour les droits légitimes du peuple palestinien et pour les femmes battues, violées, humiliées, dont elle fut l'avocate. «L'injustice m'est physiquement intolérable», disait-elle souvent. «Toute ma vie peut se résumer à ça. Tout a commencé par l'Arabe qu'on méprise, puis le juif, puis le colonisé, puis la femme», confiait Gisèle Halimi au Journal du dimanche en 1988. La sortie de son dernier livre, Une farouche liberté, écrit avec la journaliste du Monde Annick Cojean, dans lequel elle revient sur «70 ans de combats», a été avancée au 19 août au lieu du 16 septembre comme prévu initialement, a annoncé la semaine dernière son éditeur Grasset. Jeune avocate, elle devient rapidement l'avocate des luttes d'indépendance. En Algérie, elle commence commise d'office devant les tribunaux militaires. Elle obtient la grâce de plusieurs de ses clients condamnés à la peine de mort auprès de René Coty, Président français, mais aussi auprès du général de Gaulle. Gisèle Halimi signe avec onze autres personnalités françaises (Henri Alleg, Germaine Tillion, Josette Audin, Simone de Bollardière, Nicole Dreyfus, Alban Liechti, Noël Favrelière, Madeleine Rebérioux, Pierre Vidal-Naquet, Jean-Pierre Vernant et Laurent Schwartz) l'appel lancé le 31 octobre 2000, à l'initiative de L'Humanité, demandant au président Jacques Chirac et au Premier ministre Lionel Jospin de condamner la torture pendant la guerre d'Algérie. En 2014, lors de l'agression israélienne contre Ghaza, elle publiait un texte dans le journal L'Humanité dans lequel elle écrivait qu'«un peuple aux mains nues – le peuple palestinien – est en train de se faire massacrer. Une armée le tient en otage. Pourquoi ? Quelle cause défend ce peuple et que lui oppose-t-on ? J'affirme que cette cause est juste et sera reconnue comme telle dans l'histoire». Et elle dénonçait un «silence complice, en France, pays des droits de l'homme et dans tout un Occident américanisé» et disait ne pas vouloir se «taire» ni se «résigner». «Je veux crier fort pour ces voix qui se sont tues et celles que l'on ne veut pas entendre. L'histoire jugera mais n'effacera pas le saccage. Saccage des vies, saccage d'un peuple, saccage des innocents. Le monde n'a-t-il pas espéré que la Shoah marquerait la fin définitive de la barbarie ?» concluait-elle. Elle avait également été membre du collectif d'avocats de Marwan Barghouti, un des responsables du Fatah, arrêté en 2002 par Israël et condamné à cinq peines de prison à perpétuité. «Marwan Barghouti appartient à ces combattants de la liberté qui ont rendu l'espérance à leur peuple, comme Jean Moulin pendant l'Occupation», avait affirmé Gisèle Halimi en 2014. En 1998, elle fait partie de l'équipe qui crée l'organisation altermondialiste Attac (Association pour la taxation des transactions financières et pour l'action citoyenne). C'est aussi une figure incontournable du mouvement féministe en France dont elle est l'une des pionnières.